RDC : éléments d’information sur les groupes armés en République démocratique du Congo pour mieux comprendre les causes de la guerre dans l’Est de la RDC
Questions foncières, hommes forts locaux, et politique de milice au Nord-Kivu
Par JASON STEARNS
Le Projet Usalama (qui signifie «paix» ou «sécurité» en swahili) de l’Institut de la Vallée du Rift a été créé en réponse à la violence permanente qui règne dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Des milliards de dollars ont été consacrés à la résolution du conflit afin de mettre fin aux souffrances prolongées qu’endurent les habitants de cette région depuis deux décennies. Pourtant, les organisations internationales qui opèrent en RDC—et même le gouvernement congolais—ont du mal à comprendre les groupes armés congolais au coeur du conflit. Le Projet Usalama examine les racines de la violence, dans le but de mieux comprendre l’ensemble des groupes armés, y compris les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC).
Le projet de recherche Usalama s’appuie sur plusieurs interrogations: quel est l’historique de ces groupes armés? Qui les soutient et les contrôle? Quelles relations les différents groupes entretiennent-ils avec l’État, les États voisins, les intérêts commerciaux et les forces armées congolaises? Pourquoi a-t-il été si difficile de démobiliser certains groupes, alors que d’autres ont disparu? Et existe-t-il certaines caractéristiques récurrentes dans les manières dont les groupes prolifèrent, négocient avec l’État, puis disparaissent de nouveau?
Le Projet adopte principalement une approche qualitative. Il analyse les sources historiques—et les quelques informations quantitatives disponibles—et revient sur les origines des groupes armés au moyen d’entretiens réalisés avec des responsables politiques, des hommes d’affaires, des représentants de la société civile et des membres de groupes armés. Le Projet repose également sur des travaux de grande envergure menés sur le terrain par des chercheurs internationaux et congolais. Parmi les résultats figurent des rapports sur des groupes armés spécifiques et les grandes zones géographiques du conflit, ainsi qu’une série de séminaires et d’ateliers en RDC.
Nombre des entretiens réalisés pour les besoins du présent rapport ont été menés sous couvert d’anonymat. Pour toutes les personnes interrogées qui ont demandé à rester anonymes, les informations d’identification figurant dans le rapport se limitent à un numéro associé à un lieu et une date, par exemple «Personne interrogée n° 105, Goma, 28 août 2012». Lors de nos travaux de recherche, des récits relatifs à des événements significatifs et parfois contestés ont été confirmés par de multiples sources ayant une connaissance directe des événements en question.