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Publié par La Tribune Franco-Rwandaise

La projection en avant -première du film du réalisateur belge Thierry  Michel a eu lieu hier soir à Bruxelles et a, visiblement, rencontré un grand succès. 

Ce film  arrive à point nommé après les grossières tentatives de désinformation constatées récemment ;   pour n’en citer que deux : l’ouvrage de Patrick de Saint Exupéry « La traversée » et les déclarations de Paul Kagame à Paris en Mai dernier qui avaient choqué,  en RDC et ailleurs.

Présenté lors d’une avant-première mondiale hier soir à Bruxelles dans le cadre du Festival des Libertés, le film, qui dénonce le scandale de l’impunité au Congo, sera projeté à Carthage et Ouagadougou. Et espère poursuivre sa route ensuite pour une grande tournée-débats dans les différentes provinces du Congo en 2022.

La première vertu du dernier film de Thierry Michel est sa formidable clarté. Même un public néophyte, qui ne connaîtrait rien des méandres de l’histoire congolaise, y retrouvera son chemin. De 1990 à nos jours, le cinéaste retrace le tragique destin des nombreux militants de la paix au Congo et d’une population soumise aux exactions sans fin des innombrables factions rebelles et troupes en présence depuis plus de vingt ans sur le territoire du pays-continent. Et singulièrement depuis 1994 et le déclenchement du génocide des Tutsis dans le Rwanda voisin, entraînant l’exode de centaines de milliers de Hutus rwandais sur les terres congolaises.

Le cinéaste croise les témoignages d’officiels de nationalités multiples ayant oeuvré au sein des Nations Unies et du Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR), mais aussi de civils et témoins (divers journalistes et responsables de la Croix Rouge congolais) pris en étau dans les territoires de l’Est du Congo, provinces convoitées pour leur incroyable richesse géologique. Il met ainsi en lumière les mécanismes prédateurs qui maintiennent la population dans la terreur et ont permis à d’anciens chefs de guerre de se frayer un chemin jusqu’aux postes les plus élevés au sein de l’armée régulière congolaise. Car si les troupes étrangères, principalement rwandaises et ougandaises, sont responsables d’attaques, pillages et actes de barbarie par milliers sur le territoire de la RDC, les 

les troupes gouvernementales et divers groupes armés congolais ont également commis d’innombrables crimes de guerre en Ituri, dans le Kivu et au Kasaï.

Le film, qui sortira en salles en Belgique à la mi-janvier 2022, cite souvent le rapport Mapping, réalisé en 2010, documentant plus de 600 violations, soit les plus graves, des droits de l’Homme et du droit international commises en RDC entre mars 1993 et juin 2003. Un rapport qui, à ce jour, est toujours « resté enfoui dans un tiroir » de l’Onu.

Thierry Michel connaît bien le pays pour l’avoir arpenté en long et en large depuis Le Cycle du serpent (1992) en passant par Mobutu Roi du Zaïre (1999) jusqu’à son avant-dernier film sur le Docteur Denis Mukwege rebaptisé L’homme qui répare les femmes (2015). C’est dans le sillage du combat du célèbre médecin et prix Nobel de la paix 2018 que s’inscrit L’Empire du Silence. Un nouveau long métrage qui retrace de façon limpide l’état d’impunité totale qui sévit au Congo depuis très longtemps et qui s’est encore renforcé au cours des deux dernières décennies sous la présidence des Kabila père et fils.

Ce treizième film réalisé au Congo par Thierry Michel prend la forme d’un plaidoyer en faveur de la justice (#Justice for Congo) afin que soient jugés les responsables de crimes de guerre et reconnu le droit des victimes. Le film sera projeté aux Journées cinématographiques de Carthage (JCC du 30 octobre au 6 novembre prochain), au festival Ciné Droit Libre de Ouagadougou (du 4 au 11 décembre prochain) et lors d’une tournée-débat organisée le plus largement possible à travers le territoire congolais en 2022. C’est du moins l’espoir et la volonté du cinéaste belge.

Hospitalisé à Bruxelles, à la suite d’une « opération bénigne », le Docteur Mukwege n’a pas pu assister à cette avant-première qui a rassemblé 700 personnes dans la grande salle du Théâtre national bruxellois dans le cadre du Festival des Libertés (21 au 31 octobre).

Karin Tshidimba

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