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Publié par La Tribune Franco-Rwandaise

Hervé Diakiese, avocat, défenseur des droits de l’homme et porte-parole du mouvement « Le Congolais Debout ». © Capture d'écran/provinces26rdc.net

Hervé Diakiese, avocat, défenseur des droits de l’homme et porte-parole du mouvement « Le Congolais Debout ». © Capture d'écran/provinces26rdc.net

Félix Tshisekedi a décidé de mettre fin à la coalition qu’il avait formé avec son prédécesseur Joseph Kabila. Pour ce faire, il veut obtenir la majorité à l’Assemblée nationale. Ce qui lui permettra de nommer un nouveau Premier ministre et de constituer un nouveau gouvernement. Première étape du processus, il décide de nommer un informateur qui sera chargé d’identifier une nouvelle coalition réunissant la majorité absolue à l’Assemblée nationale. RFI reçoit Hervé Diakiese, avocat, défenseur des droits de l’homme et porte-parole du mouvement « Le Congolais Debout ».

 

On a vu ce qui s’est passé à l’Assemblée nationale, on a suivi le discours du chef de l’État qui annonce la désignation d’un informateur, êtes-vous êtes surpris par cette annonce ?

Non, c’est le contraire qui nous aurait étonné. Nous avons été parmi ceux qui ont été invités pour le compte des mouvements citoyens, de la société civile, par le chef de l’État lors des consultations. Parmi les suggestions que nous lui avions faites, c’est qu’il fallait sortir du carcan d’un accord privé qui était en train d’hypothéquer toute initiative, et le désespoir de tout un peuple alors que nous sommes quand même d’une certaine manière dans une situation où il est l’aboutissement du fruit d’un combat collectif que nous avions mené pour l’alternance et donc qu’il ait pris la mesure réelle de nos préoccupations et des préoccupations de notre population et qu’il ait décidé enfin de revenir dans la normalité constitutionnelle, parce qu’il faut le relever, l’étape de l’informateur avait été zappée lors de la constitution du premier gouvernement et donc en réalité nous avions une majorité déclarée de facto, elle n’a jamais été constitutionnellement révélée par une mission d’informateur, donc on revient à cette logique-là, bien au contraire c’est très positif.

Mais qu’est-ce qui peut expliquer cette rupture maintenant ?

Les soubresauts que nous avons connus depuis plus de deux ans, l’inertie et aussi la léthargie de l’État. Nous assistions à des querelles permanentes et même à des situations de défis contre le chef de l’État. Si ce n’était que des querelles politiciennes, cela passe encore, même si c’est malsain, mais la conséquence dans la vie de la population, le social de la population s’est dégradé, la situation sécuritaire du pays est alarmante, la situation sanitaire avec des épidémies comme la Covid-19, comme Ebola sans compter la situation de précarité de notre population. Nous étions dans une zone de désespoir, ou à tout moment auraient pu surgir des réactions beaucoup plus virulentes de la population, donc si le chef de l’État n’avait pas pris la mesure de la situation maintenant nous nous retrouvions dans une zone de turbulence très grave, parce que l’imminence de la tenue des élections pour 2023, est telle que nous ne pouvons plus nous permettre le luxe de continuer dans des querelles politiciennes sans issue.

Comment peut réagir le camp du Front commun pour le Congo de l’ancien président Joseph Kabila maintenant ? 

Je considère l’appel du chef de l’État comme la résultante d’une consultation générale qui est adressée à chaque citoyen congolais autour d’une union, d’une union pour un agenda précis, la refonte d’un État de droit, la lutte contre la corruption et l’impunité, la remise en état du processus d’alternance démocratique et ça exige qu’il ait une majorité parlementaire qui lui produise les lois nécessaires, notamment liée à la réforme de la Commission électorale, à la désignation des animateurs et au retour, aux engagements que l’État a vis-à-vis de sa population, la nourrir, l’éduquer, la soigner, permette que les gens aient des emplois, et surtout garantir notre liberté et nous éloigner du système de prédation d’impunité, des arrangements politiciens pour la privatisation de la patrimonialisation de l’État. 

Trois semaines de consultation, tout le monde ou presque a été reçu, on parle notamment de syndicalistes, de médecins, de professeurs, de délégations qui sont venues des provinces, est-ce que c’était nécessaire ? 

C’était plus qu’indispensable. Il faut qu’à un moment donné, le chef de l’État a pu au moins donner cette idée qu’il n’est pas le président d’une coalition mais il est le président de la RDC, et le président de tous les Congolais, ça c’est d’une part, et que d’autre part, la gestion du pays ne passe pas que par la gestion via les politiciens. Le pays appartient à tous ses concitoyens, à tous les corps de métiers, à toutes les représentations sociales et à toutes les forces vives donc c’était plus que nécessaire de donner de la voix. Depuis un certain temps, nous n’entendons que la voix des politiciens, en règle générale. Cette voix-là portait plus sur les dissensions, sur les querelles d’accès aux fonctions et à la gestion de l’État, un peu moins sur les difficultés énormes que notre population est en train de connaître. Donc il était important que lui-même écoute, entende la voix de l’ensemble de la population qui n’a pas vocation à gérer les institutions ou à prendre contrôle des postes dans des entreprises, et là le président de la République, à mon sens, a posé quelque chose de plus symbolique que ça en écoutant clairement un ensemble de compatriotes qui n’étaient pas là forcément pour des questions de gestion d’ambition politique.

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