Hommage de la Communauté rwandaise à Pierre Péan, Bouffémont le 31 juillet 2019.
Cher Pierre,
La communauté rwandaise est là, aux côtés de ta famille et de tes amis, pour te dire adieu et te rendre un dernier hommage.
Fuyant pour leur vie après l’hécatombe de 1994 au Rwanda et de 1996-1997 au Zaïre/RDC, les réfugiés rwandais sont arrivés en masse en France, désemparés et abandonnés par tous, n’ayant personne à qui se confier. Tu nous as ouvert les bras, tu nous écoutés et compris. Sans a priori, et sans jamais nous juger. Nous ne l’oublierons jamais.
Comment en effet oublier l’ami fidèle et généreux que tu as été pour nous ? Comment oublier tes articles de presse, tes livres, tes conférences et tes témoignages de contexte qui ont tant contribué à rétablir la vérité sur l’histoire dramatique de notre pays ?
Cher Pierre,
Tu laisses un vide immense.
Ton courage, ton indépendance, ton honnêteté intellectuelle, ta quête permanente de vérité et de justice, ta simplicité, ta rigueur, ton esprit d’abnégation, ta détermination, ta constance et ta fidélité continueront à nous inspirer et à nous servir de modèle. Nous t’exprimons notre infinie gratitude pour tout ce que tu nous as toujours apporté. Tu resteras à jamais dans nos cœurs.
Et c'est avec beaucoup de tristesse et de compassion que nous présentons nos plus sincères condoléances à ta famille pour leur témoigner notre soutien dans ce moment douloureux.
Chère famille, chers amis,
Pierre est parti, mais son œuvre demeurera éternelle.
Pierre Péan était le meilleur interprète, bienveillant et fidèle, des sans voix que sont les exilés des pays des grands lacs africains. Il a su écrire l'histoire du Rwanda de ces 30 dernières années sans jamais la travestir, ni s’ériger en spécialiste ou en donneur de leçon. Pierre savait nous écouter et nous comprendre. Il nous aimait et il nous respectait.
Pierre était l'ami des persécutés et des laissés-pour-compte. Il a refusé d'assister dans l'indifférence à la diabolisation et à la persécution de ces centaines de milliers de réfugiés africains qui ont fui des régimes totalitaires. À travers les témoignages des victimes et les résultats de ses enquêtes, il avait fini par percer le secret des enjeux géopolitiques majeurs à l’origine des carnages dont nos peuples ont été les victimes au cours de ces trente dernières années. Et c’est avec courage qu’il n’a pas hésité à les porter sur la place publique, malgré les risques inhérents à cet exercice.
La communauté rwandaise adresse à sa famille et à tous ceux qui l’ont connu, aimé et apprécié, ses condoléances les plus attristées pour cette grande perte que constitue la mort de cet ami irremplaçable.
Au nom de la Communauté rwandaise.
Jean Marie Ndagijimana