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Publié par La Tribune Franco-Rwandaise

Mogadiscio (AFP) - 05.10.2014 
voir le zoom : Des soldats de la force de l'Union africaine à Mogadiscio, le 8 septembre 2014Des soldats de la force de l'Union africaine à Mogadiscio, le 8 septembre 2014
afp.com - Mohamed Abdiwahab
Les troupes somaliennes et de l'Union africaine en Somalie (Amisom) se sont emparées dimanche de Barawe, capitale de facto des shebab et dernier port d'importance encore entre leurs mains, portant un nouveau coup dur aux islamistes un mois après la mort de leur chef suprême.

Barawe, crucial pour le financement des shebab était l'objectif principal avoué de l'opération "Océan Indien", lancée fin août par l'Amisom et l'armée somalienne et qui a permis de reprendre une dizaine de localités aux islamistes dans le sud et le centre de la Somalie.

"C'est très significatif, c'est la +capitale+ des shebab qui est tombée", a déclaré à l'AFP un analyste ayant longtemps travaillé sur la Somalie.

La chute de Barawe est un nouveau coup sérieux porté aux shebab - qui ont fait allégeance à Al-Qaïda - un mois après la mort de leur chef suprême, Ahmed Abdi "Godane", tué début septembre par une frappe aérienne américaine dans la province de Basse-Shabelle, où se trouve Barawe.

"La mort de Godane et la perte de Barawe, ça fait deux gros coups durs. Je ne me souviens pas d'une conjonction d'événements autant en leur défaveur, même lors de la grosse offensive de 2011 qui les avait chassés de Mogadiscio", a souligné cet analyste sous couvert de l'anonymat.

L'Amisom a annoncé dans un communiqué que ses troupes et l'armée somalienne avaient "libéré" la ville, située à environ 200 km au sud-ouest de Mogadiscio, "sans grande résistance de la part des terroristes" shebab.

"Les terroristes utilisaient le port pour importer des armes et accueillir des combattants étrangers dans leurs rangs. Le groupe utilisait aussi Barawe pour exporter du charbon de bois vers le Moyen-Orient, un commerce de plusieurs millions de dollars, principal source de leur financement", a expliqué l'Amisom.

Selon Abdukadir Mohamed Nur, gouverneur de la Basse-Shabelle, "l'armée somalienne et l'Amisom ont pris le contrôle de Barawe ce (dimanche) matin. La situation est calme et les militants (shebab) ont fui avant que les forces n'atteignent la ville".

"Il y avait des poches de faible résistance et des embuscades tendues par les miliciens (shebab) avant que nous atteignions Barawe, mais désormais la situation est normale et l'armée contrôle totalement" Barawe, a de son côté expliqué Abdi Mire, un responsable militaire somalien.

Le port de Barawe était crucial pour les finances du groupe islamiste, chassé militairement de Mogadiscio puis de l'essentiel de ses bastions depuis août 2011. Selon des estimations des Nations unies, le trafic de charbon de bois depuis Barawe lui rapportait tous les ans au moins 25 millions de dollars (19 millions d'euros).

Selon l'analyste, Barawe est "leur perte la plus importante depuis celle de Kismayo", grand port stratégique du sud du pays, à environ 450 km au sud-ouest de Mogadiscio, dont les shebab avait fait leur capitale de fait jusqu'à ce qu'il soit reconquis par le contingent kényan de l'Amisom et des milices pro-gouvernementales alliées début octobre 2012.

"Ils en tiraient des revenus économiques pas aussi importants que ceux de Kismayo mais conséquents quand même", a poursuivi cet analyste, "que leur reste-t-il aujourd'hui comme ville majeure? Ils n'ont plus rien".

- Les shebab, toujours une menace importante -

Samedi, à l'occasion des célébrations de l'Aïd el-Kébir à Barawe, un commandant shebab avait semblé acter la prise à venir de la ville.

"L'ennemi approche afin de submerger la localité, mais laissez-moi vous assurer que nous ne quitterons jamais les alentours de Barawe, le combat continuera et nous transformerons la ville en tombeau des ennemis", avait déclaré Cheikh Mohamed Abu Abdallah, selon des propos rapportés par un site pro-shebab, confirmés à l'AFP par des habitants de Barawe.

Les shebab ne cessent de reculer militairement depuis mi-2011 face à la puissance de feu supérieure de l'Amisom, dont les effectifs ont été portés début 2014 à 22.000 hommes. Ils ont abandonné le combat conventionnel pour des actions de guérilla et des attentats parfois spectaculaires, notamment à Mogadiscio, mais aussi au Kenya et à Djibouti, qui fournissent des troupes à l'Amisom.

Les islamistes, qui continuent de contrôler de vastes zones rurales et des axes routiers reliant les localités conquises par les troupes somaliennes et l'Amisom, restent une menace importante pour la sécurité en Somalie et dans la région, rappellent les spécialistes.

Depuis la chute du régime autoritaire du président Siad Barre en 1991, la Somalie est privée de réel gouvernement central et livrée aux milices des chefs de guerre, gangs criminels et groupes islamistes.

L'actuel gouvernement, présenté par la communauté internationale comme le meilleur espoir de paix depuis 20 ans, peine à asseoir son pouvoir au-delà de Mogadiscio et sa périphérie malgré le recul des shebab, remplacés dans de nombreuses régions par des chefs de guerre qui tentent d'imposer leur autorité.

 

© 2014 AFP

Somalie : Les troupes somaliennes et africaines prennent Barawe, "capitale" shebab et leur dernier port
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