Libertés restreintes: le talon d'Achille de Kagame (Deutche Welle)
Des hauts responsables de l'armée arrêtés, des citoyens qui disparaissent sans laisser de trace. Un climat de peur règne au Rwanda, non seulement du côté de l'opposition, mais aussi dans les coulisses du pouvoir.
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Il y a moins d'un mois, le président Paul Kagame a dissous son cabinet pour restructurer l'organisation du travail gouvernemental. Ce remaniement a engendré une série d'événements, dont l'arrestation de trois officiers supérieurs de l'armée, accusés, selon Kigali de "crimes contre la sécurité de l'État". Avec cette accusation, on constate que ce n'est plus seulement l'opposition qui est ciblée, mais aussi les partisans du président Kagame lui-même.
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L'armée et la police rwandaises mises en cause dans la disparition, depuis mars, de dizaines de Rwandais
Pour le politologue allemand, Gerd Hankel, expert en droit international à l'Institut pour la recherche sociale de Hambourg, Paul Kagamé est en train de perdre des soutiens dans ses propres rangs.
Libertés bafouées
La démocratisation et le partage de pouvoir n'étant pas encore effectifs, aucune liberté n'existe à l'heure actuelle dans le pays, souligne Gesine Ames du réseau œcuménique de l'Afrique centrale, un consortium d'organisations religieuses allemandes:
"Nous suivons de près la situation des droits de l'homme et celle des médias au Rwanda depuis plusieurs années et il faut dire qu'elles sont très critiques. Au Rwanda il n'y a plus aucun média libre. Il y a un organe de l'État qui est de toute évidence sous contrôle et il en est de même pour les mouvements d'opposition."
Gesine Ames souligne que les tentatives de critiques des partis de l'opposition rwandaise à l'égard du président Kagame se sont soldées par des arrestations et des peines de prison à vie pour leurs dirigeants.
Disparitions inexpliquées
Mais le musellement de l'opposition peut prendre une tournure encore plus radicale. Le cas le plus récent est la disparition, depuis le 2 juin dernier de Jean-Damascène Munyeshyaka, cadre du Parti démocratique vert.
Quant au gouvernement rwandais, il nie toute implication dans cette disparition. Fadhili Harerimana, ministre de la Sécurité intérieure, minimise l'affaire.
"Ce ne sont que des allégations visant à ternir la réputation du gouvernement. Un être humain ne peut pas ainsi disparaître ! Il y a des gens coupables de crimes qui sont dans nos prisons. Par ailleurs, certains membres de son parti affirment qu'il a quitté le pays. "
L'organisation américaine de défense des droits de l'homme, Human Rights Watch, pense autrement. Dans un récent rapport, elle a dénoncé la disparition depuis mars de dizaines de Rwandais, mettant en cause l'armée et la police rwandaises.