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Publié par JMV Ndagijimana

Articles choisis : La Libre Belgique, Le Temps.ch, L'Observateur Paalga, RFI, La Voix de l'Amérique (VOA)

Sarkozy au Rwanda: un voyage délicat

(La Libre 25/02/2010)

 De passage à Kigali ce jeudi, Nicolas Sarkozy y est attendu au tournant. Vu l’attitude de la France pendant le génocide et vu son dégoût de la repentance.

Trois heures. Nicolas Sarkozy effectue cet après-midi une visite de trois heures au Rwanda, où ne s’était plus rendu un Président français depuis François Mitterrand, en 1984. Trois heures pour officialiser la reprise des relations diplomatiques entre les deux pays, reprise décidée en novembre dernier après trois années de rupture totale due à l’émission par la justice française, fin 2006, de mandats d’arrêt internationaux contre neuf proches du Président rwandais Paul Kagamé, soupçonnés à Paris d’avoir joué un rôle dans l’attentat contre l’ex-Président Habyarimana.


Trois heures, surtout, pour tenter de normaliser seize ans de tension bilatérale, Paris étant accusée à Kigali de s’être rendue complice du génocide de 1994.


Trois heures, mais "la réconciliation prendra du temps", vient d’avertir la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo. "La reprise des relations entre nos deux pays ne veut pas dire que tout est oublié. La France a fait très mal au Rwanda. En tant que nation, (elle) n’est pas coupable, mais une partie de son personnel politique et militaire a collaboré avec le régime génocidaire".


Le chef d’Etat français déposera une gerbe au mémorial du génocide. Nicolas Sarkozy étant hostile à toute idée de repentance de la France, à Kigali, il ne présentera pas d’excuses, a confirmé son entourage mercredi. Mais il "dira des choses fortes". Suffisant ? "S’il présentait des excuses, ce serait beaucoup mieux", selon le ministre rwandais de la Culture. "Le rôle de la France (dans le génocide) n’est plus à démontrer. Il faut que Sarkozy le reconnaisse", estiment les rescapés du génocide.


A Paris aussi, la pression est mise sur le Président pour que, au nom de son pays, il s’amende voire s’excuse. Cette pression n’émane pas tant de l’opposition socialiste, gênée sur ce dossier vu qu’en 1994, François Mitterrand était à l’Elysée. En revanche, plusieurs personnalités de la société civile viennent d’adresser à l’Elysée une lettre ouverte réclamant de la France qu’elle fasse "la lumière sur le rôle exact" qui fut le sien en 1994. SOS-Racisme somme Nicolas Sarkozy de prononcer "une parole politique forte sur la part que prirent des ressortissants français dans le drame génocidaire". Quant à l’Association Survie, qui milite pour la moralisation des relations franco-africaines, elle juge que la question du "soutien politique, militaire, financier de la France à un gouvernement génocidaire" - "l’un des plus grands scandales de la Vè République" - "ne peut se dissoudre dans une simple contrition orale" mais exige un vrai débat sur "cinquante ans de présence sur le continent".


Du côté français, on en est loin. Sur le dossier rwandais, Nicolas Sarkozy n’a reconnu jusqu’à présent que des "erreurs" ou des "faiblesses" de la communauté internationale dans son ensemble, dont la France. Des "erreurs d’appréciation", c’est la même expression qu’utilisa son ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, lors de sa dernière visite au Rwanda, en janvier. Mais il nuança immédiatement : "Les torts ne sont pas aussi caricaturaux qu’on l’a raconté".


Il faut dire qu’en janvier 2008, quand le chef de la diplomatie française avait évoqué une "faute politique" de la France au Rwanda, les anciens Premiers ministres Edouard Balladur et Alain Juppé - en 1994 en première ligne dans le gouvernement de cohabitation du Président Mitterrand - étaient montés au créneau. Ainsi, Alain Juppé avait sèchement mis en garde Paris de ne pas "tomber dans les amalgames de la repentance ou les compromissions de la realpoltik". L’avertissement est probablement encore valable aujourd’hui.

Bernard Delattre

Mis en ligne le 25/02/2010

© Copyright La Libre

 

Nicolas Sarkozy renoue avec les Rwandais

(Le Temps.ch 25/02/2010)

 

Le président français doit se rendre aujourd’hui à Kigali pour une visite historique, quinze ans après le génocide


Dès son arrivée à Kigali, le président Sarkozy suivra l’exemple de tous ceux qui l’ont précédé dans la capitale rwandaise: il se rendra au mémorial du génocide à Gishozi, où sont inhumées plus de 200 000 victimes. De salle en salle, il découvrira comment le génocide a été préparé puis commis sous le regard impuissant de la communauté internationale.


Le chef de l’Etat français pourra difficilement détourner les yeux des reproductions de Kangura, le journal des extrémistes hutus, qui remerciaient le président François Mitterrand pour son soutien, ni ignorer les panneaux accusant explicitement la France d’avoir armé et soutenu les génocidaires.


A la veille de cette visite historique, qui, aux yeux de l’Elysée, devrait sceller le retour de la France dans l’Afrique des Grands Lacs, Kigali assurait ne rien souhaiter d’autre qu’une normalisation des relations, rompues depuis trois ans, glaciales depuis l’arrivée au pouvoir du Front patriotique rwandais en juillet 1994.


On ignore si Nicolas Sarkozy, suivant l’exemple de l’ex-premier ministre belge Guy Verhofstadt et de l’ancien président américain Bill Clinton, demandera pardon au peuple rwandais pour l’avoir abandonné et, dans le cas de la France, pour le soutien que certains acteurs politiques et militaires apportèrent aux tueurs. Ce qui est certain, c’est que cette visite, fût-elle soigneusement balisée, demeure à hauts risques, pour les deux protagonistes.


Au Rwanda, malgré la décision de renouer avec la France – prise voilà trois mois par le président Paul Kagame –, les sentiments anti-français demeurent vifs. Ils sont nourris par le souvenir de la proximité de la France avec les auteurs du génocide et entretenus par quinze années d’hostilité active, de sabotage diplomatique, de campagnes mensongères, de publication de dizaines d’ouvrages soutenant la thèse négationniste du double génocide et, surtout, par l’ordonnance du juge Bruguière mettant en cause neuf hauts responsables rwandais dans l’attentat contre l’avion du président Habyarimana le 6 avril 1994.

Du point de vue français non plus, le virage n’est pas facile à négocier: ceux qui livrèrent des armes aux militaires et aux miliciens hutus occupent toujours de hautes responsabilités au sein de l’armée, tandis que des personnalités comme Hubert Védrine, alors secrétaire général de la présidence française et qui défendit jusqu’au bout la politique de François Mitterrand, sont toujours très en vue. Quant à Nicolas Sarkozy lui-même, nul n’a oublié que, durant le funeste été 1994, il était porte-parole du gouvernement français et justifia l’opération Turquoise, qui permit l’exode des génocidaires.


Il est clair que les Etats n’éprouvent guère de sentiments et qu’à Paris comme à Kigali les consciences peuvent se voir imposer le silence au nom d’intérêts jugés supérieurs. Le Rwanda comme la France ont estimé avoir intérêt à normaliser leurs relations. Pragmatique sinon cynique, le président Paul Kagame n’a rien cédé sur le fond, il a même adhéré au Commonwealth et choisi d’imposer l’anglais dans l’enseignement primaire et secondaire, en même temps qu’il renouait avec l’Hexagone à la suite des efforts du minis­tre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner. Habilement, Kigali s’est servi de l’arrestation fin 2008 de la cheffe de protocole du président, Rose Kabuye (qui accueillera certainement Nicolas Sarkozy…), pour obtenir l’ouverture du dossier Bruguière et faire constater le manque de substance des charges pesant sur les prévenus, d’autant que les principaux témoins se sont rétractés.


A l’issue de cette longue partie d’échecs, le président Kagame fera sans doute acter par la France que le Rwanda émancipé des puissances coloniales ne se porte pas plus mal, que ses succès économiques sont cités en exemple et que le rôle qu’il a joué dans la déstabilisation du Congo et les guerres du Kivu est désormais éclipsé par la réconciliation avec Kinshasa.


Ce succès diplomatique, à la veille de l’élection présidentielle, devrait conforter davantage encore les chances de Kagame de remporter un deuxième mandat et faire taire les voix qui seraient tentées de réclamer plus d’espace de liberté pour une opposition surveillée de près. Sera-t-il question des procédures judiciaires en cours et d’une éventuelle levée des neuf mandats d’arrêt pesant toujours contre des dirigeants rwandais? Gageons que, de part et d’autre, soucieux de protéger l’apparence de la séparation des pouvoirs, on jugera malséant d’aborder ouvertement le sujet…

Quant à Nicolas Sarkozy, en se rendant à Kigali, il souscrit lui aussi aux principes de la realpolitik: il s’aligne sur le monde anglo-saxon, qui considère le «nouveau Rwanda» comme l’une de ses meilleures histoires à succès. Cette visite permet à la France de reprendre pied dans une Afrique des Grands Lacs où elle était déconsidérée et lui rouvre l’accès aux ressources minières exploitées par les groupes canadiens, américains ou allemands et convoitées par les nouveaux venus chinois.


Colette Braeckman

© Copyright Le Temps.ch

 

Sarkozy au Gabon et au Rwanda: l’arrière-cour et le terrain miné

(L'Observateur Paalga 25/02/2010)


Fraîchement élu à l’Elysée il y a deux ans et demi, Nicolas Sarkozy avait effectué à l’époque le pèlerinage au Palais de bord de mer pour faire les civilités au baobab de Libreville.


Le 24 février 2010, le voici de nouveau, et ce pour la troisième, foulant le sol de ce petit rafiot pétrolier du Golfe de Guinée. Flonflons à l’aéroport, recueillement devant le mausolée de Bongo père à Bongoville (ex-Franceville), virée chez Rougier, un des fleurons externalisés de l’économie française, tête-à-tête de 2h Bongo- Sarkozy. A l’évidence, l’axe Libreville-Paris ne s’est jamais autant bien porté.


Bongo père avait dit que "l’Afrique sans la France s’apparente à une voiture sans chauffeur". Le chef de l’Etat français, en héraut de la rupture, a maintes fois clamé sa volonté de "signer l’acte de décès de la Françafrique" selon les convictions de son ex-ministre de la Coopération Jean Bockel. Apparemment, le Gabon, qui incarnait le symbole achevé de cette Françafrique, a échappé à cette mise à mort et les vieilles scories n’ont pas été brûlées.


Ali Ben Bongo semblait avoir la bienveillance du château ; dès la précampagne présidentielle, l’Elysée le trouvait "moderne, dynamique" et tourné vers les réformes. Vision juste pour le dernier aspect, car Bongo fils est en effet en train de faire son trou de façon positive comme on le dit. Avec maintenant le vert officiel de la France. Ira-t-il jusqu’au bout ?


Toute autre chose est le séjour du président français au Rwanda. Un pays qui ne transige pas avec son honneur et l’a fait savoir de façon bruyante. C’est que le génocide de 1994 est un passé qui ne passe pas ; le Rwanda refuse de mettre sur le compte des pertes et profits l’affaire Rose Kabuyé qui a certes trouvé un dénouement mais reste au travers de sa gorge, et enfin les Rwandais attendent toujours un mot (pardon ?) de la part de la France pour sa responsabilité ( ?) dans la tragédie qui a frappé le pays il y a 16 années de cela. Et si l’homme mince de Kigali qui ne décolerait pas jusqu’à une époque récente semble un peu disposé à revoir les rapports de son pays avec l’Hexagone affleure toujours chez lui une certaine circonspection.


En venant à Kigali après son ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, et le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant, Sarkozy escompte sceller une relation qui a dansé le tango et qui commence à se rasséréner.

Cependant, le locataire de l’Elysée n’ignore pas que si au Gabon il était en terrain conquis pour ne pas dire dans son arrière-cour, à Kigali, il est sur un terrain miné, par la mort à la machette et au coupe-coupe de 800 000 Tutsis et Hutus modérés, par des interférences judiciaires mal goupillées, bref par des rancœurs recuites et une méfiance quasi obsessionnelle de la part du président rwandais.


C’est connu pour le Bismarck des Grands Lacs, "les relations avec la France ne font ni chaud ni froid au Rwanda", des propos certes martelés au plus fort de la crise entre les deux pays mais qui n’en traduisent pas moins jusqu’où peut aller le chef de l’Etat rwandais. Lui qui n’a pas hésité à rompre les relations avec la France et qui a fait de la langue de Sheakspeare la langue de travail du Rwanda et faisant entrer l’Etat dans le Commonwealth.


Nicolas Sarkozy sait donc qu’il faut du tact pour amadouer ce monsieur qui reste droit dans ses bottes de patron du Front patriotique rwandais (FPR), le parti présidentiel, du tact mais aussi des concessions. C’est à ce prix peut-être que le dégel sera complet entre la France et le pays aux mille collines, petit en superficie mais qui pèse tant dans le puzzle de la géopolitique de cette région.


Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

© Copyright L'Observateur Paalga

 

Nicolas Sarkozy en visite de réconciliation au Rwanda

Par RFI

Le président français Nicolas Sarkozy est arrivé ce 25 février 2010 au Rwanda. C’est la première visite d'un chef d'Etat français depuis le génocide de 1994, dans lequel Kigali accuse Paris d'avoir joué un rôle. Un déplacement de trois heures du chef de l'Etat français, qui doit sceller la réconciliation entre les deux pays, trois ans après la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays.

Les Rwandais souhaitent que la venue du président Sarkozy soit synonyme de reconnaissance, de justice, et dans l'idéal, d'excuses. Mais comme le reconnaît le président d'Ibuka, l'association des rescapés du génocide, Théodore Simburudari, il est bien improbable que Nicolas Sarkozy demande pardon, lui qui a déjà évoqué par le passé « les faiblesses ou les erreurs » de la France.

 

Se dire la vérité sur ce qui s'est passé en 1994

Théodore Simburudari, président d'Ibuka, l'association des rescapés du génocide du Rwanda

Nous attendons beaucoup de reconnaissance du rôle joué par la France bien sûr, reconnaissance aussi dans le sens d’une coopération nouvelle qui permettrait une initiation ou poursuite de certains dossiers en justice, surtout que la France héberge beaucoup de génocidaires...

25/02/2010 par Juliette Rengeval

Pour plusieurs acteurs de la société civile en revanche, il est important que le chef de l'Etat français reconnaisse la vérité sur ce qu'a fait la France au moment du génocide de 1994. Pour Chantal Kabasinga, qui préside l'Association des veuves du génocide (AVEGA), « le rôle de la France n'est plus à démontrer. Il faut que Sarkozy le reconnaisse ». Ensuite, la France devrait s'investir dans un partenariat franc avec le Rwanda.

Au gouvernement, on souhaite simplement que cette visite ouvre la voie à une nouvelle ère dans les relations entre les deux pays. Sans trop se bercer d'illusion que chacun guettera un moment, une parole forte que pourrait prononcer le président français.

 

Le rétablissement des relations ne doit pas se faire au détriment en particulier de la justice

Alain Gauthier, président du Collectif des parties civiles pour le Rwanda

Nous, on aurait bien aimé au Collectif des parties civiles, que Sarkozy parle non pas de repentance, parce qu’on sait que ce n’est pas un adepte de la repentance, mais au moins peut-être de responsabilité du gouvernement français dans ce génocide… Bien sûr, nous risquons de rester sur notre faim… Nous allons attendre avec une certaine anxiété les quelques mots qu’il va peut-être prononcer. Ce pourrait être l'occasion de réécrire un petit peu l'histoire...

 

Après le Gabon, Nicolas Sarkozy met le cap sur le Rwanda

(VOA News 25/02/2010)


Le président français Nicolas Sarkozy effectue ce jeudi une visite officielle au Rwanda, après le Gabon où il est arrivé mercredi. Le chef de l’Etat français est allé se recueillir sur la tombe de feu Omar Bongo Ondimba, dit notre correspondant Mézhui Phal, avant d’aller visiter le Centre international de recherches médicales de Franceville.

La société civile gabonaise avait organisé deux jours auparavant un forum pour stigmatiser les relations entre la France et le Gabon. Elle a campé ces relations en termes d’oppresseurs et d’opprimés, dans une ambiance plus ou moins délétère. Deux responsables de la société civile gabonaise ont affirmé dans une lettre rendue publique à Libreville, que le président Sarkozy « n'est pas le bienvenu ».


Des accords militaires ont été conclus entre l’Etat français et l’Etat gabonais, portant notamment maintien du sixième Bataillon d’infanterie de marine, BIMA à Libreville. Nicolas Sarkozy a indiqué qu’Il n’y aura plus de clause de confidentialité et les accords en question devront être ratifiés par la représentation nationale gabonaise.
De l’avis de Vincent Hugeux, journaliste français de L’Express joint à Paris par Nicolas Pinault, ce déplacement montre bien que « la France accompagne, anticipe et stimule l’évolution d’un pays qui, pour de bonnes raisons ne passaient pour un parangon de transparence et de clarté dans la gestion des fonds publics. » Il essaie aussi, poursuit-il, d’essayer d’étouffer l’effet catastrophique du fameux discours de Dakar. Vincent Hugueux estime par ailleurs que Nicolas Sarkozy n’a jamais vraiment respecté sa promesse de rompre avec les turpitudes de la Chiraquie et de la Françafrique. On oublie, dit-il le fait que l’élection d’Ali Bongo a été plus que controversée, « on veut croire et faire croire que la page est tournée et que et que le fils de son père, le fils de Bernard Albert Bongo va être l’incarnation d’un changement de cap radical. »

24/02/2010

© Copyright VOA News

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