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Publié par JMV Ndagijimana

  La Croix du 25/02/2010
  Editorial de Jean-Christophe Ploquin

  Nicolas Sarkozy arrive aujourd’hui au Rwanda pour une visite de trois heures

La diplomatie et l’émotion vont rarement de pair. Cet après-midi, Nicolas Sarkozy aura pourtant à combiner les deux. Le chef de l’État effectuera une visite difficile au Rwanda, pays qui a connu un génocide qui fit 800 000 morts, en grande partie tutsis. Son arrêt, pendant seulement trois heures, prévoit un dépôt de gerbe au mémorial national de Kigali. Nicolas Sarkozy devra trouver les mots pour dire l’affliction de la France face à une atroce tragédie collective, devant une opinion qui accuse son pays d’en avoir été en partie responsable et qui attend une repentance. Or, Paris n’est pas prêt. Nicolas Sarkozy effectue ce passage éclair pour ravauder la relation entre la France et le Rwanda, pas pour faire la lumière sur les responsabilités des uns et des autres dans le déclenchement du génocide.

La vérité éclatera-t-elle un jour ? Aujourd’hui, les mémoires restent très conflictuelles. Les groupes de pression se neutralisent. À Paris comme à Kigali, les enquêtes judiciaires passées et en cours paraissent trop liées aux injonctions du pouvoir politique. Les deux exécutifs préfèrent évaluer quels sont leurs intérêts communs dans la région des Grands Lacs africains. Une démarche pragmatique qui, espérons-le, prendra en compte la vie des populations civiles, au Rwanda mais aussi en République démocratique du Congo. Dans ce grand pays voisin, aux équilibres internes très instables, des millions de gens ont en effet subi les ondes de choc de la déflagration rwandaise. Depuis seize ans, le nombre de victimes y a tragiquement dépassé celui du génocide de 1994. La relation entre États et factions y reste fondée sur des rapports de force militaires brutaux. Le droit et la justice sont le plus souvent bafoués.

Malgré son extrême brièveté, la visite de Nicolas Sarkozy à Kigali aura du sens pour les populations si elle permet aux pays de la région et aux puissances occidentales d’œuvrer ensemble à apaiser les souffrances, à briser le règne des seigneurs de guerre et à favoriser le développement. À dépasser, finalement, une logique de mort.

 

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