Rama Yade veut continuer à jouer un rôle en vue
Lundi 15 novembre
Rama Yade, dont la liberté de ton a sans doute coûté son poste au gouvernement, n'a aucun regret et entend continuer à jouer un rôle politique à la mesure de sa forte popularité auprès des Français. L'ex-secrétaire d'Etat aux Sports, qui pourrait retrouver un poste en vue à l'UMP, a estimé que son départ lors du remaniement intervenu dimanche ne constituait "en aucun cas une sanction".
"J'agis pour faire en sorte de ne jamais avoir de regrets. Donc, je n'en ai aucun. Aucune amertume, aucune tristesse. Je suis forte de la confiance des Français", a-t-elle dit à des journalistes.
"Il faut pouvoir continuer de s'adresser aux Français parce que je représente une manière de faire de la politique, des valeurs humanistes, républicaines", a-t-elle ajouté peu après la passation de pouvoirs au ministère des Sports.
Priée de dire si le rôle de porte-parole de l'UMP la tenterait, Rama Yade a douté être faite pour ce poste en raison même de son franc-parler.
"J'ai ma liberté de parole, partez de ce principe et vous avez la réponse à la question", a-t-elle dit. "Je n'ai jamais abdiqué par rapport à ces valeurs, je n'ai jamais tu la moindre de mes convictions et je continue comme ça", a-t-elle ajouté.
L'ex-vedette médiatique du gouvernement a souligné que la "confiance rarissime" que lui témoignaient les Français serait "un élément moteur pour l'avenir".
"Je compte bien continuer à leur dire des choses avec la même franchise et avec la même liberté".
PLUS JEUNE MINISTRE DE LA CINQUIÈME RÉPUBLIQUE
Rama Yade, qui va retrouver dans l'immédiat la discrétion du conseil municipal de Colombes (Hauts-de-Seine) et du conseil régional d'Ile-de-France, a assuré qu'elle n'en voulait ni à Nicolas Sarkozy, ni à François Fillon d'avoir mis fin à son aventure gouvernementale.
Elle a insisté sur le fait qu'elle était encore totalement inconnue il y a trois ans et qu'elle héritait aujourd'hui "d'une confiance extraordinaire" des Français.
Née au Sénégal en 1976, Rama Yade a été la plus jeune ministre de la Ve République à son arrivée au secrétariat d'État aux Droits de l'homme, en 2007, au nom de la parité, du renouvellement des générations et de la diversité.
Sa franchise sur certains dossiers au ministère des Affaires étrangères a très vite surpris. Elle a ainsi dénoncé la venue à Paris du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi ou soutenu des squatteurs expulsés à Aubervilliers.
Héritant deux ans plus tard du secrétariat d'Etat aux Sports, elle y a soutenu les clubs professionnels en allant contre la décision de l'Élysée et de sa ministre de tutelle de supprimer le droit à l'image collective (DIC).
Le fiasco des Bleus lors de la Coupe du monde en Afrique du Sud a justifié, a posteriori, sa critique du luxe dans lequel vivait l'équipe de France de football et lui a permis de marquer des points dans l'opinion, même si le bilan de son action est contesté.
Sa critique, le mois dernier, du discours dans lequel Nicolas Sarkozy avait invité en 2007, à Dakar, l'Afrique à "entrer davantage dans l'histoire" a sans doute scellé son départ du gouvernement.
"Moi, je pense que non seulement l'homme africain est entré dans l'histoire, mais il a même été le premier à y entrer, parce que j'en connais la culture", avait-elle dit sur RFI.
Gérard Bon, édité par Gilles Trequesser