KIDNAPPING ET DISPARITION DE M. SIBOMANA RUSANGANWA AIMABLE, MEMBRE DU PS IMBERAKURI
Bruxelles, le 21 juin 2010
CENTRE DE LUTTE CONTRE L’IMPUNITE
ET L’INJUSTICE AU RWANDA (CLIIR)
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COMMUNIQUE n° 123/2010
Kidnappé le 20/06/2010, cet opposant du Parti Social reste introuvable..
Le Centre de Lutte contre l’Impunité et l’Injustice au Rwanda (CLIIR) dénonce et condamne le kidnapping et la disparition de Monsieur SIBOMANA Rusanganwa Aimable.
Monsieur SIBOMANA Rusanganwa Aimable est le Secrétaire Particulier de Maître Bernard NTAGANDA, président du Parti Social IMBERAKURI (PSI). Un parti d’opposition dont les membres sont régulièrement persécutés, emprisonnés, chassés de leur boulot ou portés disparus.
Monsieur SIBOMANA est porté disparu à Kigali dans la capitale du Rwanda depuis dimanche le 20 juin 2010 vers 20h. Il rentrait chez lui dans le quartier de Nyamirambo à Kigali situé entre les locaux d’Electrogaz et les bâtiments du Collège Saint André. Il venait de participer à une réunion très importante dans laquelle son parti préparait la manifestation pacifique prévue à Kigali ce jeudi le 24 juin 2010. Il n’est pas arrivé chez lui. Le PSI a fait une demande d’autorisation qui est encore restée sans réponse jusqu’à ce jour.
Le président du Parti Social IMBERAKURI, Maître NTAGANDA Bernard, a contacté le chef de la police qui a promis de rechercher le disparu mais jusqu’à présent personne ne semble vouloir indiquer dans quel endroit M. SIBOMANA serait séquestré et dans quel état.
Notre Centre lance un appel à toutes les organisations de défense des droits humains, à tous les gouvernements occidentaux qui soutiennent aveuglement le régime du président rwandais Paul KAGAME, à tous les autres partis politiques présents au Rwanda ainsi qu’à toutes les personnes de bonne volonté, pour obliger les autorités rwandaises à se mobiliser pour retrouver vivant et en bonne santé Monsieur SIBOMANA Rusanganwa Aimable le plus tôt possible.
Dans le cadre de fabriquer de fausses accusations contre les adhérents du Parti Social IMBERAKURI, le domicile de Madame Christine MUKABONANE, ancienne vice-présidente de ce parti et actuelle présidente intérimaire de l’aile dissidente du PSI, a fait l’objet d’une attaque à la grenade dans la nuit du samedi 19/06/10 au dimanche 20/06/10 par des malfaiteurs non encore identifiés. Nous apprenons que cette grenade n’a pas fait de victimes, car elle a été lancée dans une chambre où il n’y avait personne pendant l’attaque. Rappelons que Mme Christine Mukabonane a été contrainte par le Front Patriotique Rwandais (FPR) à détruire son parti dans le but d’évincer le président fondateur, Maître Bernard NTAGANDA. Cette opération n’a pas encore réussi parce que les adhérents du PSI sont déterminés à protéger les bureaux de leur parti et ont réussi à empêcher plusieurs expéditions chargées par le FPR de venir installer de force l’aile dissidente du PSI dans les bureaux loués et occupés par les dirigeants légaux du parti.
Antécédents : Le CLIIR rappelle que les enlèvements suivis des disparitions forcées sont monnaie courante au Rwanda. La plupart du temps, les personnes enlevées et portés disparus pendant plusieurs jours ont été retrouvées dans les cachots et autres lieux de détentions secrètes de la police rwandaise ou de la DMI (Directorate of Military Intelligence). D’autres ont disparu sans laisser des traces comme l’évêque catholique du Diocèse de Ruhengeri, Monseigneur Phocas NIKWIGIZE, un prélat catholique Hutu enlevé par les militaires rwandais le 30 novembre 1996 à la frontière rwando-congolaise de Goma et porté disparu jusqu’à ce jour. Aucune enquête n’a été menée pour le retrouver où connaître son sort. Trois autres évêques catholiques Hutus ont été assassinés par les soldats de Paul KAGAME le 5 juin 1994 à Gakurazo non loin de l’évêché de Kabgayi à Gitarama (district de Muhanga).
Plusieurs personnes été arrêtées et portées disparues au cours de nombreuses rafles policières opérées dans la capitale Kigali depuis les années 1996, après le rapatriement forcé des réfugiés Hutus rescapés des massacres commis par les troupes du général Paul KAGAME dans l’ex-Zaïre, actuel République Démocratique du Congo (RDC). En effet des milliers de professeurs, d’instituteurs, d’agronomes, de médecins, d’anciens fonctionnaires et anciens responsables administratifs ont été emprisonnés depuis juillet 1994 non pas pour les crimes qu’ils auraient commis, mais parce qu’ils sont nés Hutus. C’est le cas du Docteur Laurent RUBONEZA qui fut enlevé à Kigali le l6 novembre 2008 dans la matinée et porté disparu pendant plusieurs semaines avant d’apparaître dans une prison militaire le 06/12/2008. Il reste en prison suite à de nombreuses fausses accusations.
Recommandations : Le Centre recommande instamment :
Que les autorités rwandaises recherchent activement Monsieur SIBOMANA Rusanganwa Aimable
- Que les autorités rwandaises et particulièrement le chef de l’Etat, le général Paul KAGAME, cessent immédiatement toutes les persécutions et les tracasseries dirigées contre les adhérents et le président fondateur du Parti Social IMBERAKURI.
- Que le parti au pouvoir, le Front Patriotique Rwandais, cesse toutes les stratégies de diviser le PSI et les autres partis politiques se réclamant de l’opposition démocratique.
- Que le peuple rwandais résiste à toutes les campagnes de manipulation, d’intimidation et de terrorisme d’Etat. Que tous les rwandais se serrent les coudes pour résister à l’oppression d’une dictature impitoyable qui les oppriment, les déstabilisent, les appauvrissent et les affament par d’incessantes extorsions d’argent sous divers prétextes.
Pour le Centre
MATATA Joseph, Coordinateur.
CLIIR* : Le Centre de Lutte contre l’Impunité et l’Injustice au Rwanda est une association de défense des droits humains basée en Belgique, créée le 18 août 1995. Ses membres sont des militants des droits humains de longue date. Certains ont été actifs au sein d’associations rwandaises de défense des droits humains et ont participé à l’enquête CLADHO/Kanyarwanda sur le génocide de 1994. Lorsqu’ils ont commencé à enquêter sur les crimes du régime rwandais actuel, ils ont subi des menaces et ont été contraints de s’exiler à l’étranger où ils poursuivent leur engagement en faveur des droits humains.