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Publié par La Tribune Franco-Rwandaise

Labille et Reynders se partagent les rôles

Braeckman.jpgPar Colette Braeckman

Si Reynders est en froid avec Kigali, Labille y multiplie les contacts et les promesses de « dividendes de la paix » . Une seule politique, mais des accents différents…
KIgali,
Voici une dizaine d’années, Louis Michel se sentait un peu seul lorsqu’il tentait de mettre les Grands Lacs sur l’agenda international. Aujourd’hui, les « envoyés spéciaux » multiplient les voyages dans la région, circulent ensemble et tiennent le même langage : les représentants du secrétaire général de l’ONU, de l’Union européenne , de l’Union africaine, des Etats Unis se sont rendus à Kinshasa, Goma, Kigali, Kampala. Avec un seul message « la guerre doit se terminer, et dès la fin des hostilités, d’importants projets de développement régional doivent être mis en œuvre »
Dans les coulisses des négociations de Kampala entre Kinshasa et le M23, les pressions se multiplient pour permettre aux divers protagonistes de conclure sans perdre la face.
Dans la région, la Belgique elle aussi joue sa partition et, depuis Kigali, on a le sentiment que MM. Reynders et Labille se partagent les rôles, en fonction de leurs tempéraments et de leurs compétences respectives. Le Ministre des Affaires étrangères, on le sait, n’a pas mâché ses mots : il a estimé qu’en matières de concessions Kinshasa était allé aussi loin que possible, souligné qu’en « intégrant les indisciplinés c’est l’indiscipline elle-même qu’on intégrerait dans l’armée congolaise ». Une position qui a fini par être reprise par Mary Robinson elle-même. Le langage parfois abrupt de Reynders, assorti d’une action efficace dans les coulisses de la diplomatie internationale, lui a valu l’ire de Kigali et même à New York, il n’est pas sûr que le président Kagame accepte de le rencontrer.
Alors que la Belgique n’a pas adopté de sanctions économiques et se montre moins critique que les Américains, le « traitement de défaveur », qui se traduit entre autres par un délai de 21 jours pour l’obtention de visas, n’a pas encore été infléchi à Kigali. Cela n’a pas empêché le Ministre de la Coopération, Jean-Pascal Labille, de passer une journée au Rwanda à l’issue de sa visite officielle au Burundi et d’y rencontrer, à l’occasion d’un dîner au « restaurant français » (le dernier must de la ville) la ministre des Affaires étrangères Louise Mushikiwabo et le ministre de la Défense James Kabarebe. Une entrevue, prévue le lendemain avec le président Kagame, a été annulée pour des raisons d’agenda. Même si ces rencontres au sommet n’avaient pas été discutées au préalable avec Reynders, les Affaires étrangères assurent qu’elles ne s’en offusquent pas : la Belgique parle bien d’une seule voix, mais avec des accents différents. Jean-Pascal Labille en effet multiplie les voyages dans la région, et mi octobre encore, il retournera à Kinshasa. A l’instar de Reynders, il estime que la Belgique a le « devoir moral » de s’impliquer dans la région, de ne pas se montrer insensible à ses souffrances, en particulier celles des femmes. Mais si Reynders joue volontiers au « bad guy » Labille a les moyens d’une politique plus constructive. C’est ainsi qu’au Burundi et surtout au Rwanda, mais demain à Kinshasa, il passe en revue la liste des projets élaborée dans le cadre de la Communauté économique des pays des Grands lacs afin de voir comment la Belgique peut y contribuer. Ils sont ambitieux et variés : centrale hydroélectrique sur la rivière Ruzizi, barrage de Bendera au Sud Kivu, construction de ponts sur plusieurs rivières dont l’Akagera au Rwanda…La Belgique entend mettre en œuvre des fonds propres de la coopération, jouer avec Bio, qui traite avec le secteur privé et surtout s’inscrire dans le cadre tracé par la Banque mondiale, qui a prévu d’allouer un milliard de dollars à la région des Grands Lacs. C’est beaucoup et c’est peu : le seuls barrages sur la rivière Ruzizi vont absorber entre 300 et 400 millions de dollars…


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