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Publié par FRANCE-RWANDA TRIBUNE

BayrouFr2012.JPG-copie-1.jpgReuters PARIS (Reuters) - François Bayrou a infligé jeudi un camouflet à Nicolas Sarkozy en annonçant qu'il voterait pour le socialiste François Hollande dimanche prochain, un soutien critique au nom de "l'unité nationale" rendue selon lui nécessaire par "la crise qui vient".

Le président du Mouvement Démocrate, qui ne donne pas de consigne de vote générale à ses quelque 3,3 millions d'électeurs pour dimanche prochain, a fustigé la stratégie d'entre-deux-tours du président sortant, lui reprochant sa "violence" et sa "course-poursuite à l'extrême droite".

"Je ne veux pas voter blanc. Cela serait de l'indécision. Dans ces circonstances, l'indécision est impossible. Reste le vote pour François Hollande. C'est le choix que je fais", a-t-il expliqué lors d'une allocution à son siège de campagne, à Paris.

François Bayrou avait refusé de se prononcer en 2007 entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, entraînant la désertion de la majorité de ses députés. Il avait voté blanc.

François Hollande, qui venait de tenir sa dernière réunion publique à Toulouse, a exprimé son "respect" face à une décision "personnelle", "prise en toute liberté". "Son avis comptera, mais il ne peut pas être interprété comme un soutien et encore moins une adhésion à une future majorité présidentielle".

L'engagement "personnel" de François Bayrou est en effet loin de valoir blanc-seing. Le dirigeant du MoDem a répété qu'il considérait le programme du PS "inadapté à la situation du pays et encore plus à la crise qui vient, que j'ai annoncée, que je crois certaine".

ULCÉRÉ PAR LA "DROITISATION"

"Je ne suis pas et ne deviendrai pas un homme de gauche. Je suis un homme du centre et j'entends le rester. Et je suis certain que le jour venu, il faudra aussi qu'une partie de la droite républicaine soit associée à ce qu'il va falloir faire pour que la France s'en sorte", a dit le président du MoDem.

Sa décision est intervenue au terme d'une journée de discussions au sein du comité stratégique du MoDem puis du conseil national du parti. Une majorité se dégageait en faveur d'un appel à voter François Hollande ou à voter blanc.

La ligne choisie par Nicolas Sarkozy pour tenter de capter les 6,5 millions d'électeurs de la dirigeante du Front national Marine Le Pen ont ulcéré les cadres du Mouvement Démocrate.

François Bayrou, qui s'était engagé dès le soir du premier tour à prendre ses "responsabilités", s'est fondé sur les discours, les "attitudes" des finalistes et leur réponse à sa lettre de l'entre-deux-tours pour se prononcer.

Selon plusieurs cadres du MoDem, le discours du 29 avril, à Toulouse, de Nicolas Sarkozy sur les frontières et la Nation a été crucial dans la réflexion de François Bayrou, qui y a vu une atteinte insupportable aux valeurs du gaullisme.

"L'obsession de l'immigration dans un pays comme la France, au point de présenter dans son clip de campagne un panneau 'Douane' écrit en français et en arabe, qui ne voit à quels affrontements entre Français cela mènera?", a-t-il lancé.

François Bayrou, qui se place désormais dans la perspective des législatives, entend travailler à l'édification d'un bloc réformiste : "Par mon choix, je rends possible pour la première fois depuis longtemps cette union nationale".

AUBRY PARLE D'UNE DÉCISION "HISTORIQUE"

La tâche s'annonce ardue tant la diaspora centriste apparaît divisée, avec un pôle de droite majoritaire qui dénie plus que jamais au député béarnais ses prétentions au leadership.

Le Nouveau Centre d'Hervé Morin, le Parti radical de Jean-Louis Borloo, l'Alliance centriste de Jean Arthuis, qui avaient invité François Bayrou à rejoindre sa famille "naturelle", déploraient jeudi soir un ralliement "incompréhensible" à un candidat dont le projet aggravera selon eux les déficits publics "alors que François Bayrou a toujours fait de la résorption de la dette une priorité nationale".

Réponse de François Bayrou : si François Hollande "en reste à la gauche classique et à son programme, je serai un opposant, dans une opposition vigilante et constructive".

"Les Français vont rejeter Nicolas Sarkozy ce dimanche, ils vont élire François Hollande. Le futur président de la République, il a à entendre ce que nous disons, ce n'est pas uniquement avec une majorité de gauche qu'on peut sortir le pays de ses difficultés", a expliqué Robert Rochefort, vice-président du MoDem, à la presse.

Le Premier ministre François Fillon a minimisé "l'avis d'un homme seul", l'ancien Premier ministre UMP Alain Juppé a regretté un choix "complètement incohérent", Jean-François Copé, le secrétaire général du parti présidentiel, a dit sa déception face à "un choix personnel", "un choix de circonstance".

Martine Aubry, première secrétaire du PS, a salué une décision "historique". "La ligne a été passée, celle qui distingue les républicains et les autres", a-t-elle jugé.

Sophie Louet avec Service France, édité par Yves Clarisse

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