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Publié par JMVN

  [ 07/07/10  - 01H00  - Les Echos  - actualisé à 00:35:37  ]
   Le ministre du Travail et trésorier de l'UMP est intervenu hier soir sur TF1. Il a réfuté tout financement illégal  de la campagne de Nicolas Sarkozy par la famille Bettencourt et a exclu de quitter le gouvernement.

S'expliquer devant les Français pour tenter de sauver ce qui peut l'être, avant que le chef de l'Etat ne prenne lui-même la parole. C'est le choix fait par Eric Woerth, invité hier soir au « 20 Heures » de TF1 au moment où, pour la première fois, Nicolas Sarkozy est personnellement mis en cause dans l'affaire Bettencourt et où, selon un sondage Ifop, deux Français sur trois (69 %) souhaitent un remaniement gouvernemental rapide. Le ministre du Travail et trésorier de l'UMP a réfuté les accusations de l'ex-comptable de Liliane Bettencourt, selon lesquelles il aurait reçu, en 2007, 150.000 euros en espèces pour financer la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. « Jamais, jamais, je n'ai reçu le moindre euro illégal », a-t-il martelé, excluant de quitter le gouvernement sous la pression politique et médiatique : « Je suis cloué au pilori par une forme de presse et le PS. Si je démissionne, je leur donne raison. » Eric Woerth a jugé que sa situation « n'a rien à voir » avec celle de Dominique Strauss-Kahn qui, mis en cause dans l'affaire de la MNEF, démissionna avant d'être relaxé. Il s'est estimé victime d'une « cabale politique orchestrée par le PS ».

« Tenir bon »

« J'essaie de garder mon calme, mais j'ai envie de les étrangler », avait-il lâché hier matin lors de la réunion à huis clos du groupe UMP. Remerciant les élus pour leur soutien depuis « trois semaines », Eric Woerth leur a assuré : « Je tiens bon. »

« Tenir bon » au moins jusqu'aux conclusions de l'Inspection générale des finances attendues pour vendredi et dénoncer « une tentative de déstabilisation sans preuve » afin de discréditer les accusations… Tels sont les deux mots d'ordre donnés dès hier matin par Nicolas Sarkozy lors du petit déjeuner des dirigeants de la majorité. Toute la défense de l'exécutif a dreposé hier sur le respect de la « présomption d'innocence » (Michèle Alliot-Marie) face à une « chasse à l'homme » (François Fillon) fondée, selon le chef de l'Etat, sur la « calomnie ». Lors d'une séance de questions d'actualité houleuse hier à l'Assemblée, les socialistes ont, eux, demandé la saisine d'un « juge indépendant » qui puisse enquêter à la place du parquet, par nature subordonné au ministre de la Justice. Ils ont surtout voulu prouver qu'au-delà d'Eric Woerth c'est « un système » tout entier qui est mis en cause. « En quelques jours, nous sommes passés de la crise morale à la crise politique », a lancé Jean-Marc Ayrault. Excédés et déboussolés, des députés UMP ont renvoyé au PS ses ennuis judiciaires à Marseille avant d'applaudir debout François Baroin lorsqu'il a lancé à l'opposition : « Je vous en conjure, au nom d'une certaine idée que nous avons en partage de la démocratie, de la République, ne faites pas le jeu de l'extrême droite ! » Les élus socialistes ont alors quitté l'hémicycle laissant Jean Glavany répondre seul au ministre du Budget : « Le populisme ne se nourrit pas de certaines dénonciations mais de certaines pratiques. »

Au sein de la majorité, rares sont les élus qui demandent ouvertement un remaniement rapide à l'instar de Lionnel Luca ou de la villepiniste Marie-Anne Montchamp. Tous attendent, en revanche que le chef de l'Etat prenne la parole - ce sera mardi  -ainsi que Jean-François Copé et Jean-Pierre Raffarin le lui ont demandé hier matin. « On ne peut pas continuer avec un climat délétère comme ça », soupire le chef de file des députés Nouveau Centre François Sauvadet. Sous couvert d'anonymat, certains font part de leur inquiétude, n'imaginant pas qu'Eric Woerth, devenu « une cible permanente », puisse encore défendre la réforme des retraites au Parlement mais craignant qu'une éventuelle démission du ministre et trésorier de l'UMP prive Nicolas Sarkozy de protection. « Si Woerth saute, c'est le président qui est en première ligne », glisse un élu UMP. « Si le président lâche Woerth maintenant, il se lâche lui-même », explique un dirigeant de la majorité, qui souhaiterait un remaniement avant l'été dans lequel Eric Woerth ne quitterait pas le gouvernement mais changerait de poste. Un responsable de Bercy spécialiste des procédures de contrôle fiscal - Philippe Parini, directeur des Finances publiques -doit être auditionné aujourd'hui en commission des Finances à l'Assemblée nationale.

Elsa Freyssinet, les Échos
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  LE CHEF DE L'ETAT EST DÉSORMAIS PRIS LUI-MÊME DANS LA TOURMENTE

[ 07/07/10  - 01H00  - Les Echos

 Le chef de l'Etat devrait s'exprimer devant les Français mardi prochain à l'occasion de la présentation de la réforme des retraites. Il espère toujours pouvoir éviter de remanier le gouvernement dans l'urgence.

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Nicolas Sarkozy s'est félicité hier, lors du petit déjeuner de la majorité, du score « honorable » obtenu dimanche par la droite lors de l'élection législative partielle de Rambouillet. Mais ce motif de satisfaction ne l'a pas empêché d'envisager ce qu'il déteste par-dessus tout : bousculer son calendrier. Le président de la République s'est résolu à s'expliquer devant les Français mardi prochain à l'occasion de la présentation en Conseil des ministres de la réforme des retraites, selon l'agence Reuters. La forme de cette intervention n'était pas encore précisée hier soir. Et l'entourage présidentiel ne précisait pas non plus si Nicolas Sarkozy élargirait son propos à d'autres sujets que les retraites. Notamment à l'affaire Bettencourt-Woerth. Il aura eu alors connaissance du rapport de l'Inspection générale des finances sur ce dossier brûlant, qui devrait lui être remis vendredi.

Pour deux raisons au moins, le président de la République se trouve aujourd'hui en première ligne dans cette affaire : les révélations de l'ex-comptable de Liliane Bettencourt le concernent directement (lire ci-dessous) ; toute la stratégie politique arrêtée ces dernières semaines se trouve mise à mal, qu'il s'agisse du retrait présidentiel décidé après les régionales ou des réponses apportées aux polémiques qui atteignent le gouvernement. Aucun contre-feu arrêté ces derniers jours n'a permis d'éteindre la tourmente née des enregistrements du majordome de Liliane Bettencourt. Au contraire, le chef de l'Etat a été chaque jour obligé de revenir sur les décisions prises la veille, donnant le sentiment de réagir au coup par coup. Il avait annoncé son intention de remanier son équipe en octobre. Alain Joyandet a annoncé sa démission sur son blog le week-end dernier (entraînant du même coup celle de Christian Blanc).

Un casting limité

Le chef de l'Etat dénonce une « calomnie » et demande à ses proches de faire front, mais cherche encore des mesures susceptibles de rassurer l'opinion. Un remaniement gouvernemental pourrait-il en faire partie ? C'est ce que demande ouvertement Jean-Pierre Raffarin, et ce qu'espèrent secrètement beaucoup d'autres dans la majorité. Avec deux motifs : il faut sauver la dernière grande réforme du quinquennat (les retraites), Eric Woerth est trop affaibli pour cela ; il faut donner une orientation politique aux deux dernières années avant la présidentielle de 2012, les députés sont désorientés. Aujourd'hui, Nicolas Sarkozy semble encore vouloir éviter cette perspective. Parce qu'il a décidé de lancer la précampagne présidentielle en octobre, et parce que sa capacité à bouger son calendrier ne va pas jusqu'à remettre en cause ce « deadline ». Mais aussi parce que le casting politique dont il dispose est limité. François Fillon n'a pas de successeur évident à Matignon ; les ministres sérieux comme Eric Woerth et susceptibles de dialoguer avec les syndicats ne sont pas légion. Si l'affaire Woerth-Bettencourt inquiète la majorité, ce n'est pas seulement pour ce qu'elle est, mais aussi pour ce qu'elle révèle des faiblesses du pouvoir Sarkozy.

CÉCILE CORNUDET, Les Echos

Source lesechos.fr

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