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Publié par JMV Ndagijimana

RDC-Congo-Niger en deux jours

29 mars 2009. Auteur : Claire TOMASELLA


En deux jours, le président français Nicolas SARKOZY a parcouru la République démocratique du Congo, le Congo et le Niger. Un numéro d’équilibriste, entre action diplomatique et intérêts économiques.

La mini-visite de Nicolas SARKOZY sur le continent africain est à l’image de son principal protagoniste : rapide, contradictoire et intéressée. Elle débute sur un rythme effréné le 26 mars au matin en République démocratique du Congo. Le président français, accueilli à Kinshasa par son homologue Joseph KABILA, est revenu sur ses propositions de janvier dernier pour apaiser la situation dans la région des Grands lacs.

Le plan Cohen prévoyait en effet un partage des richesses minières de la région avec le Rwanda. Nicolas SARKOZY a réaffirmé la « souveraineté inaliénable du pays » tout en appelant à de nouvelles relations avec le voisin rwandais et en proposant d'accueillir à Paris en 2010 une conférence de bailleurs de fonds pour soutenir la coopération économique dans la région. Il s’agit d’éviter la brouille entre les deux pays alors que la France cherche à assurer l’approvisionnement en uranium de ses 58 réacteurs nucléaires. Un repositionnement diplomatique qui paie : Areva et la RDC ont signé un accord prévoyant l’exploitation par le géant nucléaire français des futurs gisements découverts sur tout le territoire congolais.

« Mon cher Denis »

Sur sa lancée, le président français a traversé le fleuve Congo dans l’après-midi pour une visite « d’amitié » à Brazzaville. Nicolas SARKOZY, qui déclare vouloir renouveler les relations franco-africaines sur des bases assainies, devait rencontrer le président congolais Denis SASSOU NGUESSO, l’un des acteurs historiques de la « Françafrique ». L’exercice était périlleux alors que les élections présidentielles congolaises doivent se tenir en juillet prochain.

Tout en appelant son homologue « mon cher Denis » lors de son intervention devant le Parlement, le président français ne soutient officiellement aucun candidat. Au nom de l’amitié tant affichée, la France s’est engagée à venir en aide au Congo pour le financement des infrastructures du port autonome de Pointe Noire : 20  milliards de francs CFA viendront compléter les 374 milliards déjà apportés par le groupe français Bolloré pour la mise en place de structures d'exploitation du même port.

La mine d'Imouraren pour Areva en 2012

Le voyage s’est achevé vendredi au Niger, l’un des pays les plus pauvres du monde, mais aussi l’un des plus prometteurs pour ses réserves d’uranium. Ce qui n’a pas échappé au président français, venu consolider l’accord conclu entre Areva et le gouvernement nigérien en janvier dernier. Un accord qui prévoit l’exploitation à partir de 2012 de la mine d’Imouraren, dans le nord du pays. Il s’agirait du « plus grand projet industriel minier jamais envisagé » selon Areva qui n’a pas hésité à payer le prix fort, 50 % plus cher que pour le minerai des autres concessions nigériennes.

Nicolas SARKOZY a également joué la carte de la transparence en participant à une réunion de la section locale de l'Initiative internationale pour la transparence des industries extractives (ITIE), qui vise à s'assurer que les ressources naturelles d’un pays soient exploitées au profit sa population. Toutefois, les organisations représentatives de la société civile au sein de l’ITIE ont protesté pour avoir été exclues de la réunion. Des organisations préoccupées notamment par l'environnement et la santé des populations qui habitent à proximité des gisements d'uranium. Leur discours aurait probablement écorné le tableau idyllique de la tournée présidentielle.
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