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Publié par La Tribune Franco-Rwandaise

La guerre à l’Est de la RD Congo

La République démocratique du Congo (RDC) est le pays francophone le plus peuplé du monde, devant la France. En 2018, 42,5 millions de Congolais, soit 50,6 % de la population du pays, sont capables de lire et d'écrire le français, contre 33,2 millions en 2014. Héritage de la colonisation belge et des turpitudes de la françafrique sous le régime Mobutu, la RDC est l'un des pays les plus pauvres du monde. Il est aussi celui qui regorge de richesses de toutes sortes, convoitées et pillées.

Depuis 1996, des atrocités se déroulent notamment à l'est de ce pays, dans ce qu'il est convenu d'appeler les deux guerres du Congo, qui sont en fait des guerres de pillage au bénéfice, en dernier ressort, de multinationales qui passent par des pays voisins, dont le Rwanda où s’est déroulé le génocide des tutsis en 1994 qui a fait plus de 800 000 morts. Les conséquences des deux guerres du Congo sont terribles. Le nombre de victimes est si élevé qu’il ne peut être comptabilisé. Des estimations oscillent entre 3 et 10 millions de morts, faisant de ce conflit le plus meurtrier depuis la Seconde Guerre mondiale.

Depuis 2003, le PCF plaide pour une commission d’enquête sur les implications des multinationales dans les conflits en Afrique, dont les deux guerres du Congo fournissent une triste illustration. Ces atrocités sont documentées, notamment par l'Organisation des Nations unies (ONU), avec par exemple rapport Mapping publié en octobre 2010. Ce rapport, commandé par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme, recensait de nombreux crimes de guerre, crimes contre l'humanité et de possibles génocides commis entre 1993 et 2003 en RDC. Il recommande des poursuites à ce sujet. En cohérence avec cet objectif, le titulaire du prix Nobel de la paix 2018, Denis Mukwege, de nationalité congolaise, revendique depuis cinq ans la création d'un tribunal pénal international et la création de chambres mixtes avec des magistrats congolais et internationaux au sein de juridictions congolaises, pour poursuivre les auteurs de violations des droits de l'homme. Il serait temps que la France appuie cette démarche.

C’est dans ce contexte qu’intervient la dégradation inquiétante de la situation sécuritaire à l'est du pays dont le groupe armé M23 est pleinement partie prenante. Il est à rappeler que dans leur rapport rendu public le 3 janvier dernier, les experts onusiens soulignent à nouveau le rôle de soutien qu’apporte le Rwanda voisin dirigé par l’autocrate Paul Kagamé à ce groupe armée qui a commis de nombreuses atrocités. Le Secrétaire général adjoint des Nations Unies chargé des opérations de paix vient d’appeler le M23 à « cesser immédiatement » son offensive dans l’Est de la RDC. Concernant cette situation dramatique, l'équipe nationale de football de RDC a effectué un geste fort avant le coup d'envoi du match qui l'opposait à la Côte d'Ivoire en demi-finale de la Coupe d'Afrique des nations. En mettant une main sur la bouche, deux doigts de l'autre main sur la tempe, les joueurs ont dénoncé les violences dont leurs compatriotes sont victimes au moment où leur hymne était joué.

La France, quant à elle, appelle à un nouveau cessez-le-feu et réaffirme son soutien aux efforts de tous les acteurs régionaux engagés en faveur du dialogue. C’est une bonne chose. Mais au vu de la gravité de la situation et des implications étatiques documentées par l’ONU, elle ne peut en rester là. La « normalisation » des rapports entre Paris et Kigali, 30 ans après le génocide des tutsis, et le recours à l’armée rwandaise pour intervenir au Mozambique contre des groupes djihadistes, dans une zone où le groupe pétrolier français Total est présent, ne doivent pas servir de prétexte à une inaction. Dans ce conflit comme dans d’autres, la France se doit d’agir pour que cessent les violations graves des droits humains et du droit international. Cela peut se traduire par un embargo sur les armes, un gel ciblé des avoirs, un refus de visa aux personnes incitant à la violence ou impliquées dans des violences contre les civils. La Cour Internationale de Justice peut également être saisie. Il est essentiel que la France prenne toutes les initiatives nécessaires au niveau national, européen et international en vue d’atteindre ces objectifs de paix et de défense des droits humains. Le PCF continuera d’être aux côtés des démocrates et progressistes congolais et de la sous-région en vue d’agir pour cette paix si essentielle pour l’exercice des droits démocratiques, économiques et sociaux des populations qui souffrent depuis des décennies.

Collectif Afrique du PCF

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