Les fausses colères de Bernard Kouchner
Ecrit par Madeleine Raffin
Le 2/10/07, au micro d’Europe 1, Bernard KOUCHNER était l’invité de Jean-Pierre ELKABBACH ; Interrogé sur ses tentatives de rapprochement Kigali-Paris, il a dès le départ montré une nervosité excessive…Certains de ses propos dénoncent une analyse plutôt partiale de l’homme qui a cependant place de Ministre…
Ce Monsieur est allé au Rwanda et a été fort bien reçu par Mr KAGAME dans « son fief » du Mutara en mai 1994. Il ne s’est pas demandé où étaient les habitants de la région… comment KAGAME se trouvait « chez lui » et qu’il n’y avait aucun habitant…si ce n’est les militaires du FPR.
Mr KOUCHNER nous dit, la larme à l’œil, qu’il a marché sur des « cadavres encore chauds » dont on lui a dit qu’ils étaient des tutsis. Comment le vérifier ? KOUCHNER a-t-il une recette ?.
Est-ce de son plein gré qu ‘il a marché sur ces cadavres ? Ou son hôte l’y a-t-il entraîné ?
Il faut savoir que le 7/04/07, lors de la cérémonie d’anniversaire du génocide des tutsis, à Murambi, KAGAME a accusé les militaires français d’avoir piétiné des cadavres, disant que cela signifie que ces cadavres ne représentaient rien pour eux. Voilà donc, le sens de ce qu’il a fait faire à Mr KOUCHNER. Ce mépris exprimé par le chef de l’État rwandais, lors de l’anniversaire du génocide, vaut aussi pour son supporter.
« Je sais tout ce qui s’est passé au Rwanda : j’étais là ». Où étiez-vous, Mr KOUCHNER ? Vous étiez chez Kagame et vous êtes allé là où il vous a amené. Donc pour vous, le Rwanda se réduit au fief de Kagame en 1994…
Vous avez refusé de vous rendre dans les camps de réfugiés, où il n’y avait pas de journaliste. Et pourtant, ce million de réfugiés qui étaient aux portes de Kigali provenaient du Nord du pays, et avaient réussi à fuir avant d’être massacrés par les hommes de Kagame, justement de cette région où vous n’avez trouvé que des militaires. Dans le sud du pays, on ne vous a pas vu non plus. Vous n’étiez pas au Rwanda, vous étiez chez votre hôte.
Pour vous, il n’y a qu’un seul génocide, parce que vous refusez de voir l’autre. Les témoins qui ont risqué leur vie pour tenter de venir en aide aux populations en détresse, quelle que soit leur ethnie, sont-ils des menteurs ?
Vous avez une curieuse manière de parler de l’histoire d’un pays que vous connaissez, somme toute, fort peu. Dans les années 60, juste après l’indépendance, au moment de l’instauration de la démocratie, le pays ne comptait pas 2 millions d’habitants. Vous prétendez que 800 000 tutsi se seraient réfugiés à l’étranger. En tenant compte de ceux qui ont péri et de ceux qui sont restés au pays, les tutsis auraient été majoritaires !
Qui parle ainsi à la radio ? Le Ministre des Affaires Étrangères de la France ou un figurant pour des intérêts qu’il ne connaît peut-être même pas ?
D’après vos dires, la justice française doit s’incliner devant la justice internationale, c’est-à-dire devant le TPIR dont on sait qu’il est inféodé au diktat de Kigali. Où est l’indépendance de la justice ? Ce qui vous gêne, c’est l’application du principe de présomption d’innocence. Où est le défenseur des droits de l’homme que vous nous présentiez ? Dans une affaire si grave, le Ministre réfléchit, cherche à connaître la vérité en toute bonne foi avant de parler et sait que ses paroles, comme ministre, engagent son pays.
Madeleine RAFFIN