RWANDA: POUR FAUSTIN TWAGIRAMUNGU, «IL EST TEMPS DE METTRE FIN AU CHANTAGE DE KIGALI»
L'ancien Premier ministre rwandais, Faustin Twagiramungu, a décidé, avec son parti politique en exil, le Rwandan Dream Initiative, de signer un accord de collaboration avec les Forces démocratiques de libération du Rwanda, les rebelles hutus rwandais réfugiés au Congo et le Parti social-Imberakuri.
Les FDLR sont accusées par Kigali d'avoir des génocidaires en leur sein et de propager l'idéologie du génocide. Le PS-Imberakuri, de son côté, a vu son ancien président Bernard Ntaganda condamné et emprisonné en 2010 pour « divisionnisme ».
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Malgré cela, et alors que 2014 marquera les vingt ans du déclenchement du génocide au Rwanda après l'attentat contre l'avion du président rwandais Juvenal Habyarimana le 6 avril 1994, Faustin Twagiramungu a tenu à s'associer à ces deux formations. Interrogé par RFI, il affirme qu’« il est temps de mettre fin au chantage de Kigali, notamment du président Kagame, qui essaie chaque fois d’instrumentaliser le génocide, pour qualifier tout le monde est génocidaire ».
« Je considère que les Rwandais, qui sont réfugiés depuis 1996 jusqu’à aujourd’hui et qui sont dans les forêts congolaises, ne sont pas des génocidaires. S’il y en avait, ils ne seraient pas nombreux et je pense que la justice devrait s’en occuper », avance-t-il. « Nous savons qu’il y a presque 75 % de jeunes gens entre 20 et 30 ans. Ceux-là ne peuvent pas être accusés d’être des génocidaires », dénonce-t-il encore.
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Il affirme que l’objectif de cette coalition entre le Rwandan Dream Intiative - son parti - les FDLR et le PS-Imberakuri, est de faire pression sur la communauté internationale pour qu’elle « puisse [les] aider à chercher un dialogue avec Kigali ».
Pression de la communauté internationale
Au-delà de cette coalition, il en appelle également à tous les autres partis d'opposition rwandais en exil et à la communauté internationale. « Cette coalition n’est pas suffisante, à mon avis. Il y a plusieurs autres partis comme le RNC [Congrès national du Rwanda, ndlr], ou un autre qui s’appelle le PD [Parti démocrate, ndlr]... Il y a tout un tas de partis politiques et nous aimerions qu'ils se mettent ensemble, pour que la pression continue de croître, pour que la communauté internationale puisse prêter une oreille attentive à la situation du Rwanda qui perdure depuis vingt ans. »
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Pour Faustin Twagiramungu, « nous ne pouvons pas continuer comme ça. S’il y a des criminels dans la forêt congolaise, il y a des criminels au Rwanda aussi. Il est temps, maintenant, que l’on suive l’exemple de l’Afrique du Sud, du Burundi. »
« Il faut qu’on apprenne à se parler, pas à se chasser et à se vanter que l’on peut tuer les gens dans les hôtels, et partout dans les pays où ils sont réfugiés », ajoute Faustin Twagiramungu, évoquant les propos du président rwandais Paul Kagame, dimanche 12 janvier, après l’assassinat, le 31 décembre en Afrique du Sud, de Patrick Karegeya, un ancien proche devenu l'un de ses plus farouches opposants. « La trahison a des conséquences », avait alors déclaré Paul Kagame, ajoutant à destination des opposants en exil, que « quiconque trahit notre cause ou souhaite du mal à notre peuple deviendra une victime. Il reste seulement à savoir comment il deviendra une victime. »
Interrogées par RFI sur cet accord entre Faustin Twagiramungu et les FDLR, les autorités rwandaises n'ont, pour l'instant, pas souhaité réagir.