Rwanda : Bisesero, étude de cas
Par Serge Dupuis, chercheur spécialisé dans l’Afrique des Grands Lacs
Quand l’État français est accusé de complicité dans le génocide des Rwandais tutsis : Bisesero, étude de cas.
Très prochainement, la commémoration du vingtième anniversaire du génocide des Rwandais tutsis viendra rappeler que, du mois d’avril au mois de juillet 1994, au Rwanda, des extrémistes hutus organisèrent l’extermination de la minorité tutsie. À la faveur de l’attentat qui, le soir du 6 avril, coûta la vie au président Juvénal Habyarimana, des responsables politiques du parti de celui-ci, des membres de son entourage proche et des officiers supérieurs lancèrent une opération putschiste meurtrière qui leur assura le contrôle de l’appareil d’Etat et installèrent un gouvernement dit intérimaire (GIR, gouvernement intérimaire rwandais). Simultanément, s’appuyant sur une bonne partie de l’armée (FAR, forces armées rwandaises) ainsi que sur des miliciens Interahamwe et entraînant dans la violence de masse une part importante de la population hutue, ils entreprirent l’élimination physique des Tutsis – quelque 500 à 800 000 de ses membres furent massacrés en l’espace de trois mois. Cette politique génocidaire était leur ultime stratégie de préservation du pouvoir qu’ils détenaient depuis 1973.