Rapport sur la RDC : il faut traduire les coupables en justice (Reed Brody, enquêteur ONU)
Une version non finale de ce rapport détaille les massacres, viols et pillages commis par des militaires de plusieurs pays et notamment du Rwanda au cours des deux guerres qui se sont déroulées au Congo.
Reed Brody, qui a déjà enquêté pour l'ONU sur ces crimes en 1997-98, a expliqué à l'AFP que "la question qui se pose maintenant, comme à l'époque, est de savoir si la communauté internationale, notamment le Rwanda et les Etats-Unis, ont la volonté politique d'identifier les meurtriers et de les traduire en justice".
La mission de l'ONU -- lancée par l'ancien Secrétaire général Kofi Annan -- était alors chargée d'enquêter sur des "allégations d'exactions perpétrées par les forces de Laurent-Désiré Kabila (père de l'actuel président congolais) lors de leur offensive victorieuse sur l'armée du maréchal Mobutu Sese Seko, d'octobre 1996 à mai 1997".
Mais en avril 2008, M. Annan avait pris la décision de retirer la mission de la RDC "devant les obstacles répétés mis par le gouvernement de Laurent Desire Kabila au travail" des trois experts qui avaient toutefois eu le temps de publier un rapport.
Ce rapport avait toutefois été "enterré" par le Conseil de sécurité, estime M. Brody, qui travaille pour l'organisation non gouvernementale Human Rights Watch.
"Les membres de la mission estiment que certains de ces massacres pourraient constituer un génocide (...), et appellent à enquêter davantage sur ces crimes et leur motivation", avait déclaré M. Annan devant le Conseil de sécurité.
"Si ces massacres à grande échelle ne sont pas punis, alors la région sera condamnée à vivre de nouvelles atrocités", a relevé M. Brody.
"Il n'est pas trop tard" pour que la justice soit faite, a-t-il ainsi estimé.
Quelque 200.000 Hutus ont disparu dans les années 90, selon les chiffres de l'ONU et des agences humanitaires.
Un porte-parole du HCR a démenti mardi que le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, ait fait pression pour que le HCR ôte le terme de "génocide" du rapport, qui devrait en principe être publié en septembre.
De son côté, le Rwanda -- un des plus gros contributeurs africains de casques bleus -- a indiqué qu'il retirerait ses 3.550 soldats de la paix au Soudan si l'ONU publie son rapport.
(©AFP / 31 août 2010 18h53)