LES RÉFUGIÉS RWANDAIS EN OUGANDA EN GRAND DANGER
FDU-INKINGI
COMMUNIQUE DE PRESSE
Kigali, le 16 juillet 2010
Nous apprenons des médias internationaux, des organisations non gouvernementales et des organisations humanitaires que plus de 1.700 réfugiés rwandais en provenance des camps de réfugiés Nakivale et Kyaka ont été déportés massivement depuis le 14 Juin 2010, sous la menace des armes. Trois réfugiés seraient déjà morts et 26 autres blessés et hospitalisés.
Les Forces Démocratiques Unifiées, FDU INKINGI, expriment leur indignation et condamnent fermement une violation aussi flagrante par le gouvernement ougandais, aussi bien de sa propre loi sur la citoyenneté et l’immigration que des lois internationales relatives à la protection des demandeurs d'asile et des réfugiés statutaires. La situation s’avère d’autant plus inquiétante que le Haut Commissariat des Réfugiés – HCR -, a exprimés ses distances vis-à-vis de cette opération et que les gouvernements ougandais et rwandais ont reconnu en partie leurs complicités dans cette démonstration de force.
Les FDU INKINGI sont surprises par le timing de ces expulsions de réfugiés rwandais. En effet, elle intervient au moment où des rapports relèvent une situation de détérioration de la sécurité au Rwanda, qui a culminé en une campagne d’assassinats contre par exemple un leader politique, M. André KAGWA RWISEREKA, vice-président du Green Democratic Party of Rwanda, assassiné le 14 juillet 2010 à BUTARE, et un journaliste du magazine indépendant UMUVUGIZI, M. Jean-Léonard RUGAMBAGE, abattu à KIGALI le 24 Juin. A cela il convient d’ajouter la disparition du secrétaire particulier du président du parti social IMBERAKURI, ainsi que la répression et les tortures infligées contre des dirigeants de l'opposition durant leur détention.
Cela se produit également quelques jours à peine après une tentative de kidnapping de l’ancien journaliste et détenu, Dominique MAKELI, dans la capitale ougandaise ainsi que de la tentative d'assassinat en Afrique du Sud de l’ancien chef d’état major de l’armée, le lieutenant-général KAYUMBA NYAMWASA. Le gouvernement ougandais est pourtant très bien au courant des violations massives des droits de l'homme au Rwanda, lesquelles légitiment les craintes fondées des réfugiés à ne pas rentrer chez eux. Les organisations humanitaires « Initiative internationale en faveur des droits de réfugiés (IRRI) » basée en Ouganda et le « Refugee Law Project » ont mis en garde l'Ouganda à ne pas céder aux pressions du gouvernement rwandais et à accorder la protection aux demandeurs d'asile. Selon le HCR, depuis le début de l'année 2010, 3.320 Rwandais ont déposé une demande d'asile en Ouganda.
Les FDU INKINGI rappellent que ce n'est pas la première fois que des réfugiés rwandais sont déportés de force. Ce fut le cas à KIBEHO (Rwanda) en 1995, en République démocratique du Congo en 1996-1997, au Burundi et en Tanzanie. L'histoire montre que ces mesures de refoulements forcés ne règlent jamais le problème des réfugiés, parce qu'ils ne vont jamais à la racine du mal.
Les FDU INKINGI sont particulièrement inquiètes du secret qui a couvert l'opération. Quelles mesures ont été prises par le gouvernement rwandais pour assurer une réinstallation sécurisante, transparente et digne de ces personnes rapatriées sous contrainte? Vont-elles s’éterniser dans des camps à l’intérieur du Rwanda ou vont-elles récupérer leurs biens d’avant leur exil? Les personnes déportées sont actuellement massées dans le camp de fortune de Rukomo où il n'y a visiblement pas d'infrastructures d’accueil adéquates.
Nous demandons aux gouvernements ougandais et rwandais de suspendre ces opérations. Nous espérons que des organisations des droits de l'homme et des autres organisations internationales iront au-delà de la simple condamnation de cette violation flagrante des conventions internationales, mais aussi accompagneront le processus de réinstallation des déportés à l'intérieur du Rwanda.
Mme Victoire INGABIRE UMUHOZA
FDU INKINGI
Présidente.