Le député Paul Molac parle breton dans l'Hémicycle
Hier dans l’hémicycle, lors du débat sur la motion de renvoi en commission sur le texte ordonnances, le député apparenté EELV du Morbihan, Paul Molac a fait quelque chose de rare :
Il a parlé breton ! Pire, le président de séance, l’UMP Marc le Fur, lui a répondu dans la même langue. On imagine déjà les ruptures d’anévrisme dans le banc des chevènementistes. Heureusement, ils sont peu nombreux. D’autant plus que ce passage figure au compte-rendu :
M. Paul Molac. Nous ne soutiendrons pas cette motion de rejet, car nous estimons qu’il est maintenant temps d’avancer. Je suis quelque peu surpris, car ce sujet est d’habitude votre cheval de bataille, chers collègues de l’opposition. Je pense pour ma part qu’il faut être pragmatique. Comme on dit chez nous, pep tra a zo mat a zo mat da gaout, ce qui signifie que tout ce qui est bon est bon à prendre. (Sourires.) Ce texte contient des avancées concrètes qui nous permettent, par exemple sur l’éolien ou la méthanisation, de mettre en œuvre des mesures attendues, dont les agriculteurs ou les chefs d’entreprise me parlent. Même si c’est un peu rapide, c’est un premier geste. Il faut donc y aller, et y aller rapidement.
M. le président. Marteze tout an dud n’o deus ket komprenet : peut-être que tout le monde n’a pas compris… (Sourires.)
Les langues régionales étant un des plus grands cauchemars de tous les Républicains depuis le décès d’Henri d’Artois, le fait de parler dans l’hémicycle de la Nation dans une autre langue que le Français n’est jamais quelque chose d’anodin. Même si ce n’est qu’une citation. Même si la Constitution prévoit maintenant que « les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France » (75-1 C), certains rappellent toujours que 74 articles avant, l’article 2C indique que « la langue de la République est le français ».
Les passages plus longs de mots étrangers ne figurent d’ailleurs pas dans le compte-rendu. Ainsi en 2007, un rappel au règlement de Jean-Pierre Brard, fait en anglais, contre le penchant anglophone de Christine Lagarde était ainsi retranscrit au compte rendu :
M. Jean-Pierre Brard fait un rappel au règlement en anglais.
M. le Président – Votre intervention ne figurera pas au compte rendu car vous ne vous exprimez pas en français.
Bref, la France adore ce type de polémiques inutiles sur ses langues minoritaires, qui posent moins de problèmes chez la plupart de nos voisins. La charte européenne des langues régionales, toujours pas ratifiée plus de 20 ans après sa signature, risque d’être pour longtemps un serpent de mer. Taiu despatiéu fai marrido courdo.
Existe-t-il un populisme de gauche ?
Comment sont faits les amendements ?