Kouchner, «humilié», réaffirme sa «loyauté» à Sarkozy
06.10.2010
Le «Nouvel Observateur» dévoile, dans son édition de jeudi, le contenu d'une lettre de démission - refusée - que Bernard Kouchner avait remise le 25 aout dernier à Nicolas Sarkozy. Dans cette lettre manuscrite qu'a pu consulter l'hebdomadaire, le ministre des Affaires étrangères parle «d'inflexion sécuritaire», prend acte de «la fin de l'ouverture» à gauche opérée par le président de la République depuis son arrivée au pouvoir en 2007, mais dénonce surtout des «humiliations» venues «des conseillers».
Dans la soirée de mercredi, Bernard Kouchner a souhaité réaffirmer, dans un communiqué, que ses rapports avec le chef de l'Etat «ont toujours été empreints de loyauté et de sincérité».
Alors que se prépare un remaniement ministériel pour l'automne, son non-renouvellement au Quai d'Orsay est néanmoins jugé vraisemblable tant dans la classe politique qu'au sein de son ministère. Il y a dix jours, le chef de la diplomatie avait démenti dans un communiqué des propos rapportés par RTL selon lesquels il était écarté de certains dossiers et avait remis sa démission en août à Nicolas Sarkozy.
Dans sa missive, selon Le Nouvel Observateur, Bernard Kouchner remercie également le chef de l'Etat de lui avoir proposé le 3 août le poste bientôt à pourvoir de «Défenseur des droits», créé en juin par une loi organique. Il précise dans sa lettre y réfléchir. Le ministre des Affaires Etrangères, qui aura 71 ans le 1er novembre, a reconnu dans le passé avoir des difficultés avec le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, et le conseiller diplomatique de Nicolas Sarkozy, Jean-David Levitte.
L'incompréhension de Valls, l'analyse de Bayrou
Interrogé sur BFM-TV, Manuel Valls a déclaré mal comprendre la position actuelle du chef de la diplomatie. «Si vraiment il avait ce désaccord sur la façon dont les choses se passent au sein du gouvernement, il avait l'occasion de partir et de retrouver au fond ce qu'étaient les fondements de son engagement», a déclaré l'élu socialiste de l'Essonne. «On ne peut pas rester tout en disant qu'on va partir. Il y a quelque chose chez Bernard Kouchner que j'ai du mal à comprendre», a-t-il poursuivi. «J'étais habitué parfois à de vrais coups de gueule. En restant au gouvernement tout en laissant entendre qu'il pourrait partir, au fond ça ne lui ressemble pas beaucoup», a ajouté le député-maire d'Evry.
François Bayrou, de son côté, met les difficultés de Bernard Kouchner sur le compte d'une présidence trop présente. «Chaque fois que vous avez l'Elysée qui prend tous les pouvoirs et les ministres qui sont déshabillés chaque jour de leurs responsabilités, chaque fois, vous allez vers l'impuissance et l'humiliation de ceux qui ne peuvent plus exercer leurs responsabilités», a déclaré le président du MoDem.
Le Parisien