Rwanda : Paul Kagame menace les déstabilisateurs d'être "tués en plein jour"
La réponse de Paul Kagamé au département d'État américain, qui s'est dit mercredi inquiet des arrestations arbitraires au Rwanda, n'a pas tardé. Le chef de l'État a rejeté les critiques tout en menaçant les déstabilisateurs d'être "tués en plein jour".
Fidèle à son habitude, Paul Kagamé a livré une réponse cinglante à ses détracteurs. Jeudi 5 juin, il a répliqué aux accusations du département d'État américain faisant état d'arrestations arbitraires, menaçant même ceux qui cherchent à déstabiliser le Rwanda d'être "tués en plein jour", rapporte la presse locale.
"Nous allons continuer à arrêter plus de suspects et si possible tuer en plein jour ceux qui tentent de déstabiliser le pays", a déclaré le président rwandais, selon des propos rapportés par le journal The East African.
Réponses aux attaques des FDLR ?
Mercredi 4 juin, le département d'État américain s'était dit "vivement inquiet des arrestations et de la disparition de dizaines de citoyens rwandais" et avait appelé Kigali à "s'expliquer sur le sort des personnes arrêtées au cours des deux derniers mois et actuellement en détention". En mai dernier l'ONG de défense des droits de l'Homme, Human Rights Watch, avait déjà dénoncé une vague de "disparitions forcées" au Rwanda.
Le gouvernement rwandais avait déjà vivement répondu aux critiques américaines, affirmant "agir légalement pour répondre à de graves menaces pour sa sécurité" causées par les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). "Un processus judiciaire est en cours, déclenché par de récentes attaques des FDLR" ayant fait plusieurs tués dans le nord du Rwanda, avait-t-il expliqué.
La semaine dernière, près d'une centaine de rebelles hutu rwandais a fait reddition dans l'Est congolais. Ils réclament un dialogue avec Kigali, qui le leur a toujours refusé.
Le président Kagame est sorti de son silence après les accusations des Etats-Unis et de l'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch. Washington avait dénoncé avec des mots très durs les arrestations arbitraires, les disparitions et les atteintes aux libertés au Rwanda. Devant les habitants du district de Nyabihu dans le nord ouest du pays, Paul Kagame a balayé ces accusations, et encore une fois, il n’a pas mâché ses mots.
« Nous ne pouvons laisser personne compromettre notre sécurité et notre développement », a expliqué le président Kagame, ajoutant à l'adresse des résidents de ce district, que chacun d'entre eux avait un rôle à jouer.
A la suite du communiqué du département d'Etat américain, le gouvernement rwandais avait expliqué, par un communiqué également , que la police et les agences de sécurité respectaient la loi, mais surtout devaient faire face à une menace sécuritaire dans le nord du pays, des infiltrations de FDLR et de leurs alliés. « Ceux qui n'ont pas été capables de diriger le pays et qui ont choisi de s'enfuir sont les mêmes que ceux qui cherchent à compromettre notre développement », a martelé Paul Kagame.
Mais ce n'est pas tout. Selon plusieurs journaux locaux et régionaux, le chef de l'Etat rwandais aurait appelé ses ennemis à ne pas jeter des grenades qui « tuent des enfants, mais à s'en prendre directement à lui ».
Mise en garde
Toujours selon les médias présents, Paul Kagame aurait également mis en garde les FDLR. « Malgré ceux qui se plaignent, ceux qui chercheront à déstabiliser le pays continueront à être arrêtés », rapportent les journalistes présents. « On pourrait même être amené à les tuer en plein jour », a ajouté le président rwandais, toujours selon la presse locale et régionale.
Les FDLR, de leur côté, annoncent une nouvelle reddition groupée. Après le désarmement d'une centaine de rebelles, seulement, vendredi dernier, une deuxième vague est prévue, en principe,le 9 juin dans la province du Sud-Kivu.
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