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Publié par JMVN

Dkabila-kagameimanche 5 septembre 2010

Oui, à peine les flammes se sont-elles éteintes au-dessus de Rome que nos souverains ont exhumé leurs gandouras pour répondre, et ce, depuis ce dimanche, à l’invitation de l’homme mince de Kigali. Paul Kagamé du Front populaire rwandais (FPR) a été réélu le 09 août 2010 avec 93,08% des suffrages, excusez du peu, pour un deuxième et dernier mandat de sept ans.

L’homme fort du « Pays des mille collines » aurait gagné avec 120% des suffrages que nous n’en serions nullement surpris, après qu’avec le plus grand soin il a mis les candidats, d’entre les opposants qui comptent, hors d’état de troubler son sommeil, prenant ainsi le départ de la course à la présidentielle avec ses faire-valoir.

Il conviendrait donc de parler plutôt d’autoproclamation pour ce champion qui sera investi ce lundi même, avec une absence emblématique, celle de son aide de camp, Rose Kabuye, avec qui il aura mangé la vache enragée depuis leur longue marche pour la conquête de Kigali, et qu’il vient de laisser à la merci des juges du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR).

Mais Kagamé n’a pas encore sablé le champagne de la victoire qu’un vent de panique souffle déjà sur son trône, depuis l’annonce par l’ONU de l’imminence de ce rapport accablant le Rwanda pour le rôle qu’il joua entre 1996 et 1998 en République démocratique du Congo (RDC).

Le « Pays des mille collines » y est en effet accusé de « crimes contre l’humanité, crimes de guerre, crimes de génocide », au soir du règne du maréchal Mobutu, alors qu’il y guerroyait aux côtés des troupes de Laurent Désiré Kabila en marche sur Kinshasa.

Evidemment, une accusation au goût d’ingratitude pour le maître de Kigali, qui tente de faire chanter l’ONU, menaçant de retirer ses 3550 soldats de la paix au Soudan, si toutefois la publication du rapport querellé prévue pour le 1er octobre, était faite. Un chantage qui pue vertement l’aveu de culpabilité avant que le tribunal ait prononcé la moindre sentence.

On comprend aisément la colère de Kagamé et des siens qui ont galéré avant la reconquête de la « terre promise », mais qu’il ne se leurre pas, car ce n’est point parce qu’on a soi-même été victime de génocide qu’on devrait se le permettre, plus est au-delà de ses frontières.

Certes, il n’a pas tort de tirer la couverture à lui, mais il gagnerait à montrer patte blanche plutôt que de vouloir enfiler le manteau de l’impunité, à l’exemple de son parfait homologue soudanais, Omar El Béchir, visé, lui, par un mandat d’arrêt international des justiciers de la Haye, sur terre comme dans les airs.

Hélas, l’ancien rebelle bombardé général peut se vanter d’avoir installé son pays sur les rails de l’émergence économique, ce qui est d‘ailleurs unanimement salué, mais violateur des droits humains, il l’est aussi. Sans péril a-t-il vaincu le 09 août ; sans gloire il aura triomphé, et son investiture ce jour résonne comme une fête inachevée, en dépit de la présence du syndicat des chefs d’Etat africains parti soutenir un membre dans le désarroi.

Question : avec cette fatwa onusienne qui le vise, le président Kagamé fera-t-il honneur à la loi fondamentale rwandaise en passant la main à l’expiration de son dernier mandat en 2017, ou se laissera-t-il contaminer par le virus du tripatouillage constitutionnel qui gagne nos gouvernants, cinquante ans après les indépendances ?

 

 

Par Bernard Zangré © L’observateur Paalga 

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