France : écoutes téléphoniques: la colère du prête-nom de Nicolas Sarkozy
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Pour ouvrir une ligne téléphonique prépayée à son client Nicolas Sarkozy, Me Thierry Herzog a utilisé comme nom d'emprunt l'identité d'un camarade de lycée.
Paul Bismuth est un homme en colère. Il vient d'apprendre que son nom est désormais associé à l'affaire des écoutes de Nicolas Sarkozy. Selon Le Canard enchaîné, c'est en effet son identité que Me Thierry Herzog, l'avocat de l'ancien président de la République, aurait utilisé pour ouvrir une ligne téléphonique prépayée pour son client afin de discuter en toute tranquillité.
Me Thierry Herzog et Paul Bismuth étaient tous deux élèves au collège-lycée Jacques Decour, dans le IXe arrondissement de Paris. De 1966 à 1973, les deux "camarades" ont arpenté les bancs de cet établissement, le seul de la capitale à proposer l'enseignement du hongrois et à offrir une vue imprénable sur le Sacré-Coeur.
"Nous étions copains, on buvait des cafés ensemble, on rigolait", se souvient Paul Bismuth, contacté par L'Express. Aujourd'hui promoteur immobilier en Israël, l'homme d'affaires assure ne pas avoir eu de contacts directs avec le conseil depuis le lycée. "Il a fait ses études de droit et j'ai pris une autre voie. J'ai suivi la suite de sa carrière dans les médias." De leurs années de jeunesse ne restent que quelques "amis en communs".
Quand Paul Bismuth prend connaissance de cette "usurpation d'identité", il fait jouer ses contacts et laisse un message au cabinet de l'avocat. Il exige des explications. "Si je n'avais pas eu de réponse, je me serais déplacé, tonne-t-il. 4000 kilomètres, ce n'est pas grand chose. Je n'ai rien à me reprocher." La réponse serait tombée à 12h36 (heure locale): un appel sur son téléphone portable de Me Herzog en personne, confie-t-il. La conversation, improbable et ponctuée de "quelques blancs", aurait duré 8 minutes.
"Je lui ai dit que j'étais choqué et étonné par cette pratique. Je n'ai pas pris de gants. Il n'a pas vraiment confirmé mais a joué sur les mots et tourné autour du pot", raconte Paul Bismuth. L'avocat lui aurait dit avoir utilisé le "premier nom qui lui serait passé par la tête". Il aurait assuré ne pas avoir "voulu lui nuire". Sans s'excuser pour autant, l'avocat aurait conclu la conversation d'un "appelle-moi quand tu veux".
Paul Bismuth, s'estimant lésé dans cette affaire, se réserve la possibilité d'intenter une action en justice. "J'ai pris conseil auprès d'un avocat international, j'ai maintenant une décision à prendre en mon âme et conscience." Si elle est avérée, l'usurpation d'identité est punie d'un an d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende.
D'après le JDD, Me Herzog a ouvert deux lignes téléphoniques prépayées SFR dans la boutique d'un opérateur à Nice. Or pour ouvrir une ligne, même prépayée, en boutique, Me Herzog a dû fournir, selon SFR, "une pièce d'identité originale et valide de l'acheteur", autrement dit celle de Paul Bismuth. L'avocat a-t-il pu échapper à ce contrôle? A-t-il soumis un faux? Le vrai Paul Bismuth n'a pas la réponse. Quant à Me Thierry Herzog, il demeure à cette heure injoignable.
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