APPEL POUR UNE ENQUÊTE INTERNATIONALE SUR L'ASSASSINAT DE M. ANDRÉ KAGWA RWISEREKA, LE PREMIER VICE-PRÉSIDENT DU PARTI DÉMOCRATIQUE DES VERTS DU RWANDA.
Le Conseil consultatif permanent des partis d'opposition au Rwanda (PCC) est profondément préoccupé et choqué par la mort du premier vice-président du Parti démocratique des Verts du Rwanda, M. André KAGWA RWISEREKA. Nous condamnons avec la dernière énergie cet acte extrêmement inhumain. Nous demandons au gouvernement Rwandais d'accélérer ses enquêtes et de traduire ces criminels en justice. Nous appelons également à une enquête internationale indépendante sur l'assassinat de cette figure de proue de l'opposition.
Le premier vice-président du Parti démocratique des Verts du Rwanda, M. André KAGWA RWISEREKA qui avait disparu hier le 13 juillet 2010, a été retrouvé mort ce 14 juin 2010, la tête presqu’entièrement tranchée. Son cadavre a été découvert au même endroit où sa voiture avait été retrouvé, à savoir dans la vallée de la rivière Mukura, à peu près à 3 km de la Ville de Butare. Il est né le 31 décembre 1949, dans Rusenge, Nyaruguru, dans la Province du Sud, République du Rwanda. Il s’est ensuite exilé au début des années 1960 en République démocratique du Congo où il a obtenu son diplôme universitaire en sciences de l’éducation. Il a été l'un des principaux membres du parti au pouvoir, le Front patriotique rwandais, où il a été particulièrement actif dans la lutte de libération pour le Rwanda. Il a été un prospère homme d’affaires dans la ville de Butare. Il a été parmi les membres fondateurs du Parti démocratique des Verts du Rwanda, fondé le 14 août 2009, à l'Hôtel ex-Novotel de Kigali. Il laisse quatre enfants orphelins.
En moins d'un mois, l’effervescence de la répression politique monte rapidement aux créneaux: le 24 Juin 2010, M. Jean-Léonard RUGAMBAGE, rédacteur en chef du Rwanda, une voix critique, a été abattu devant son domicile. Le même jour dans la matinée, plusieurs membres de l’opposition, dont M. André KAGWA RWISEREKA, ont été raflés par la police. Plusieurs d’entre eux sont restés dans des lieux de détention pendant plus d’une semaine. Ils ont montré à la Cour des signes évidents et séquelles des tortures infligées par la police pendant leur détention. Ils ont fait état devant le juge et le procureur des abus, injures et de la haine dont ils ont été victimes. Le 19 juin 2010, à Johannesburg, l’ancien Chef d’Etat Major de l’armée rwandaise, le lieutenant-général, KAYUMBA NYAMWASA, a survécu à un attentat qui a failli lui coûter la vie. Un autre cas d’assassinat est survenu le 21 juin 2010 à Gisenyi dans le nord-ouest du pays et a couté la vie à M. Denis NTARE SEMADWINGA, ancien chef de cabinet du général Laurent NKUNDA. M. Aimable SIBOMANA RUSANGWA, secrétaire particulier du président fondateur du Parti Social IMBERAKURI, a été enlevé depuis le 13 juin 2010 et sa famille reste toujours sans nouvelles. Deux journaux locaux UMUSESO et UMUVUGIZI sont actuellement interdits tandis que toute l'équipe de rédaction du journal UMURABYO est en état d'arrestation.
Quelques jours seulement avant l'élection présidentielle, l’opposition se trouve dans un état d’anéantissement quasi-total :
- Le Parti social IMBERAKURI, a été scindé en deux factions, une aile pro-gouvernementale et l'autre représentée par Maître Bernard NTAGANDA, le président fondateur du parti. Ce dernier est actuellement dans la prison centrale de Kigali pour des accusations à caractère politique. La plupart de ses collègues arrêtés ont bénéficié d’une libération provisoire. Ils ont confirmé devant la Cour et le procureur qu’ils ont subi des tortures;
- Le Parti démocratique des Verts du Rwanda, malgré plusieurs tentatives, n’est pas à ce jour enregistré. La dernière tentative d’enregistrement date du 4 juin 2010 quand il a demandé au gouvernement de lui accorder l’autorisation de pouvoir réunir son congrès constitutif afin de pouvoir participer aux élections et il n’a pas reçu de réponse du district de Gasabo. Il avait ensuite officiellement interjeté appel auprès du Ministère du gouvernement local en charge des partis politiques qui, malgré une rencontre pour discuter de la question, n’a daigné répondre jusqu'à ce jour. Le parti démocratique des Verts du Rwanda espère toujours que le gouvernement répondra positivement à ses demandes antérieures.
- Le FDU Inkingi, non plus enregistré, fait face à une situation particulièrement critique. Sa présidente, Mme Victoire INGABIRE UMUHOZA est toujours en résidence surveillée. M. Sylvain SIBOMANA, secrétaire général du parti, et Mme Alice MUHIRWA, trésorière du parti, ont été libérés sous caution. Ils ont été torturés pendant leur détention. Le parti a été plusieurs fois bloqué dans ses tentatives de se faire enregistrer. Les recours auprès du ministère ayant les partis politiques dans ses attributions sont, malgré une rencontre fantaisiste avec certains officiels, restés lettre-mortes.
Le Conseil consultatif permanent des partis d'opposition au Rwanda (PCC) demande qu’une enquête internationale soit diligentée sur les assassinats de feu André KAGWA RWISEREKA, une figure de proue de l’opposition, de feu Jean-Léonard RUGAMBAGE, journaliste, ainsi que sur les allégations de tortures ou de menaces de mort à l’encontre des membres de l'opposition.
Nous exigeons que le gouvernement Rwandais garantisse la sécurité et la tranquillité, spécialement pendant et après les élections présidentielles du mois d’août. Le Gouvernement doit laisser l'opposition travailler librement. Nous insistons sur la libération de Maître Bernard NTAGANDA et demandons au gouvernement d’abandonner toutes les accusations criminelles portées contre des membres de l'opposition.
Fait à Kigali, le 14 Juillet 2010
Mme Victoire INGABIRE UMUHOZA
Présidente, Forces démocratiques unifiées, FDU Inkingi
M. Frank HABINEZA
Président, Parti démocratique des Verts du Rwanda
M. Theobald MUTARAMBIRWA
Secrétaire général, Parti social Imberakuri