Tony Blair, le conseiller de Kagame, mis en cause dans le scandale des notes de frais qui secoue la Grande Bretagne
19/06/2009 | Mise à jour : 20:30 |
La publication des factures des élus par Westminster a relancé la polémique sur les fraudes et abus des parlementaires.
Deux jours seulement avant de rendre les clés du 10 Downing Street en juin 2007, Tony Blair a déposé une demande de remboursement de presque 7 000 livres (8 200 euros) pour des réparations sur le toit de l'une de ses maisons de campagne. Cette information, qui donne la désagréable impression que l'ancien premier ministre travailliste s'est dépêché de faire des travaux pour pouvoir les faire passer sur ses notes de frais, est l'une des nombreuses pépites dénichées par les journalistes et les particuliers britanniques depuis la publication mercredi de la totalité des factures des députés par la Chambre des communes. On y apprend que pas moins de 184 élus sur les 646 membres de la Chambre des communes, dont Gordon Brown et certains de ses ministres ainsi que le leader conservateur David Cameron, ont déjà reversé au Parlement un total de 478 000 livres, soit plus d'un demi-million d'euros, pour corriger des notes de frais abusives.
D'autres trouvailles sont plus burlesques que graves, comme le député Richard Spring qui se faisait rembourser l'achat quotidien de son Racing Post, un journal turfiste, ou cet élu libéral démocrate qui s'est acheté une perruque, ou encore Jeremy Hunt qui a soumis une facture téléphonique de 1 penny pour une conversation de 12 secondes !
Malgré ces quelques nouvelles révélations, l'opération de mise en ligne sur Internet des dépenses des députés a surtout attisé la colère des Britanniques contre leurs élus, car les documents en question ont été très largement censurés par les officiels de Westminster. vendredi matin, les unes des quotidiens londoniens montraient toutes des copies de factures au contenu rendu invisible par d'énormes bandeaux noirs, avec des titres dénonçant ces dissimulations grossières.
La censure était attendue, car les députés avaient obtenu l'année dernière que leurs adresses personnelles ne figurent pas sur les relevés, mais son étendue a choqué tout le monde, même certains parlementaires. Au nom de la protection de la vie privée, les noms des fournisseurs de services ainsi que le détail de leurs prestations ont aussi été masqués par des barres noires. Ce qui fait que de nombreuses factures se résument au nom de l'élu et à la somme payée, tout le reste étant caché.
Le Daily Telegraph, qui dispose d'une copie de toutes les factures originales depuis son premier scoop il y a maintenant six semaines, s'est fait un plaisir de dresser la liste de toutes les fraudes qui seraient restées cachées à cause de la censure, sans le travail d'analyse et de vérification de ses journalistes. Ce matin, le quotidien conservateur offre à ses lecteurs un magazine spécial de 68 pages contenant les factures les plus croustillantes, non censurées bien sûr.
Son concurrent, le Guardian, prend l'affaire avec humour et propose à ses lecteurs de chercher sur le site du Parlement «les factures les plus absurdes, choquantes ou honteuses». Le vainqueur du concours gagnera une maison pour canards, du même type que celle qui avait été mise en notes de frais par un riche élu conservateur. «Pour des raisons évidentes, ce concours n'est pas ouvert aux députés», précise le journal.