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Publié par JMV Ndagijimana

Kinshasa, 19/02/2009 / Politique

Hormis le débat idéologique, si le Rwanda et l’Ouganda quittent la RDC, que la paix s’installe, que les échanges commerciaux démarrent, l’initiative de paix prise par le président Joseph Kabila sera bien une success story à reconnaître indiscutablement

D’emblée, n’ayons pas peur de mots : Il y a aujourd’hui dans notre pays au moins quatre éléments de crise. 1. Le premier élément a trait à l’entrée officielle – autorisée – des armées rwandaise et ougandaise. Au départ, s’agissant des APR-RDF rwandaises, le plus officiellement, le Gou­vernement avait annoncé l’entrée d’offi­ciers du renseignement. Par la suite, il n’a plus été question d’officiers du renseigne­ment. Il sera question de la présence sur notre sol de 4 à 6.000 hommes des trou­pes. Certains parlent d’un nombre plus ahurissant de soldats rwandais présents en RDC : 10.000.


L’opposition – c’est dans son rôle – et des membres de la majorité donnent de la voix et réclament explications et inter­pellation du Gouvernement. Sur pied de l’art. 116 de la Constitution, une pétition lancée par une Coordination revendique 262 adhésions au sein de la Chambre basse. Soit plus qu’il n’en faut. Il est ques­tion de convoquer une session extraordi­naire de la Chambre en vue de débattre de cette présence des forces étrangères. Si cette convocation n’est pas automatique, la crise est réelle.

Cette affaire a lieu au lendemain des déclarations du président français Nicolas Sarkozy qui font monter le soupçon. 2. C’est le deuxième élément de crise. Qu’a dit Nicolas Sarkozy ? Lors de la traditionnelle cérémonie de présentation des vœux au corps diplo­matique, au Palais de l’Elysée – la rési­dence du Chef de l’Etat français –, Nicolas Sarkozy a, vendredi 16 janvier 2009, ces mots dans son discours et à sa bouche : il veut, lui mettre fin au conflit qui ravage l’est de la RdC, et qui oppose le Rwanda et la RDC. Il veut « un dialogue non seulement conjoncturel, mais aussi structurel », qui inclue « le partage de l’espace et des richesses ».

Dans ce registre où il excelle, Nicolas Sarkozy décrit le Rwanda comme un « pays à la démographie dynamique et à la superficie petite », la RDC « un pays à la superficie immense » avec une organisa­tion étrange des richesses frontalières. Les propositions de Nicolas Sarkozy tournent autour de trois axes, d’après ce qu’en rapporte le très sérieux quotidien français de Monde » (éd. datée 20 jan­vier).

Premièrement, mise en place d’une coo­pération pacifique fondée sur des projets telle l’exploitation, par la RDC et le Rwanda, des ressources minières du Nord Kivu, objet de toutes les convoitises. Deuxièmement, mise en place d’une ini­tiative sur la question foncière, au coeur, pose l’Elysée, des tensions intercommunautaires dans le Nord Kivu en raison d’une longue histoire de déplacements de populations. Troisièmement, le président veut de­mander aux belligérants du conflit de travailler sur les problèmes de statut pour les minorités en RDC. Il encourage la représentation politi­que de la minorité tutsie au niveau local. Et – pourquoi pas ? – autre. Sarkozy explique qu’il va soumettre ces propositions aux Chefs d’Etat africains lors d’un voyage qu’il en­visage en mars en RDC, au Congo-­Brazzaville et au Niger.

Ce plan Sarkozy pour la paix en RDC tombe dans un contexte de rapprochement inattendu entre Paris et Kigali dont les relations depuis une décennie sont restées brouillées par des accusations réci­proques de crime de génocide et des émissions réciproques des mandats d’arrêt internationaux.

L’un de ces mandats était émis par le juge anti-terroriste français Jean-Louis Bruguière contre une personnalité clé de l’entourage du président Paul Kagame. Rose Kabuye, directrice du pro­tocole d’Etat du régime rwandais, directrice d’un passeport diplo­matique, est arrêtée fin 2008 à sa descente d’avion à Francfort, en Allemagne la justice allemande. Extradée en France, elle est remise en liberté avec promesse de se pré­senter devant un juge chaque fois que nécessaire. Rose Kabuye passe les fêtes de Noël et de Nouvel An à Kigali avec son mari et ses enfants. Elle est revenue à Paris où, avec sa famille, elle réside dans un hôtel de luxe !

En RDC, on est surpris d’une justice aussi généreuse face à une personne, officier à la retraite de l’armée rwandaise APR-RDF, visé par un mandat d’arrêt délivré par la justice française, soupçonnée d’avoir encadré le commando qui a abattu à Kigali en avril 1994 1’avion de Juvénal Habyarimana, provo­quant la mort de 12 personnes, déclenchant le génocide anti-Tutsi dans lequel la RDC est empêtrée, mise en examen pour complicité d’assassinats et association de mal­faiteurs...

3. Troisième élément de crise : il vient de l’éclatement de la bulle immobilière aux USA avec ses répercussions dans le monde. En premier, le crash bour­sier suivi chez nous par la fermeture de la quasi-totalité des entreprises minières au Katanga, le chômage, la récession, la misère plus grande et plus menaçante.

Si on rappelle que la législature en cours s’est bâtie sur la promesse des 5 chantiers et si cette promesse ne peut être tenue, il faut pour la majorité présidentielle construire un discours pour 2011. Nous appelons à « une nouvelle ana­lyse stratégique, une redéfinition de la pensée politique nationale » face à un « déplacement de couche stratos­phérique » (Le Soft International n° 979, du 10 février 2009, voir pages 4 et 5).

Dans son rôle d’arbitre impartial et de garant de l’intérêt général, le Chef de l’Etat nous paraît en passe de « retisser le tissu national ». Face au péril majeur qui nous en­glue, le devoir de tout dirigeant est d’opérer un plus « vaste rassemble­ment des hommes et des femmes » « le Soft International, op. cit ».

4. Enfin, quatrième élément de crise. C’est l’accumula­tion de ces crises sur l’opi­nion publique. La présence des troupes étrangères a mis le feu à la Chambre qui vient sanctionner le Gouvernement. La Coordination des Députés péti­tionnaires a reçu appui. La Société civile et la puissance Eglise catholi­que rallient la thèse.

Dans un « Message des Evêques aux fidèles catholiques, aux hommes et aux femmes de bonne volonté » daté du 12 février 2009, la CENCO, la Conférence Episcopale Nationale du Congo, s’adresse au Parlement. Elle le presse d’ « exercer sans com­plaisance son pouvoir de contrôle du Gouvernement et d’arrêter des mesures susceptibles de garantir une gestion honnête et transparente de la République ».

Elle estime, sur « la présence des ar­mées étrangères dans l’Est et dans le Nord-Est », que « le Parlement doit se donner les moyens de suivre les opérations militaires en cours, de s’assurer qu’elles contribuent à la paix véritable en sauvegardant la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale du pays ».

Au Gouvernement, les Evêques le prient de défendre au mieux les intérêts du peuple congolais et de promouvoir son bien-être et son développement, d’assumer ses fonc­tions régaliennes (Paix, Sécurité des personnes et des biens, Justice). « Nous ne rappellerons jamais assez que l’absence d’une armée républicaine est préjudiciable à la paix dans le pays. La réforme de notre armée s’avère prioritaire et urgente. Nous attendons de notre Gouvernement qu’il fasse preuve d’un leadership visionnaire et res­ponsable qui ne subit pas les événements, mais les anticipe en prenant des initiatives qui s’imposent ; qu’il réorganise et redynamise la repré­sentation diplomatique sur l’échi­quier international. Il est impérieux que la RD Congo retrouve sa place dans le concert des nations avec des hommes formés et acquis an service de la nation ».

« A la Communauté internationale : sachant que les Forces Démocrati­ques pour la libération du Rwanda (FDLR) sont entrées en RD Congo sur sa demande, qu’elle s’implique effectivement afin que leur retour ainsi que celui des combattants de l’Armée de Résistance du Seigneur (LRA) dans leurs pays respectifs s’effectue dans le respect des lois internationales ».

« Au peuple congolais et aux or­ganisations de la société civile en particulier : d’être vigilants pour démasquer tout plan ourdi contre notre pays et de s’opposer par tous les moyens légaux et pacifiques à toute tentative de balkanisation et à toute exploitation illicite de nos ressources. Autant rappeler que l’intégrité territoriale et la souve­raineté nationale sont intouchables et non négociables sous quelque prétexte que ce soit. Le Congo nous appartient, il n’est pas un pays sous tutelle à vendre ».

En somme, les Evêques écrivent : « Nous voulons la paix. Nous la voulons dans l’amour. Cette paix que nous recherchons doit être fondée sur la vérité, la justice et la liberté. Car autant la paix est nécessaire  autant la cause des victimes doit être défendue. Nous comptons sur la force du droit pour résoudre les conflits sans devoir sacrifier le Congo, les Congolais et leurs res­sources ».

Les déclarations du président fran­çais ont fait déverser les 13 et 14 février devant le Palais Bourbon – siège de l’Assemblée nationale française – des membres de la diaspora de RDC à l’appel – c’est nouveau – de l’ancien Mobutiste Honoré Ngbanda Nzambo-ko-Atumba autrefois appelé « Terminator » pour le rôle qu’il a joué dans le massacre des Chrétiens un 16 février 1992. Très critiqué pour sa politique vis-à-vis des Noirs de discours de Dakar, la gestion du dossier Rama Yade, la crise des Antilles, etc., alors que son ministre des Affaires étrangère Bernard Kouchner est au centre d’une polémique pour son rôle joué à Brazzaville et à Libreville et est accusé de « cosmopolitisme anglo­saxon », Nicolas Sarkozy sent l’onde choc.

Le 16 février, en réponse à des questions que lui ont fait parvenir quatre quotidiens de RDC, Sarkozy se rebiffe. « Les polémiques n’ont pas lieu d’être et les procès qui nous sont faits sont sans fondement Je voudrais souligner quelques idées simples. Il y a des principes sa­crés : la souveraineté de la RDC, le respect de son intégrité territoriale, l’intangibilité de ses frontières. La France s’est toujours battue pour ces principes. Ce n’est pas avec moi que cela changera ».

Puis : « Il y a aussi une évidence : la RDC, c’est le cœur même de l’Afri­que, autour duquel le continent s’articule. Ses richesses potentiel­les sont immenses et pourtant, les Congolais n’en profitent pas, ou pas assez. Je suis désolé de vous le dire, mais quelque chose ne tourne pas rond ! Ma conviction, c’est que le re­tour de la paix doit s’accompagner d’un dialogue de fond. Regardez ce que nous avons fait en Europe : nous avons surmonté nos déchirures et nos divisions, cicatrisé les blessures si profondes de trois guerres entre la France et l’Allemagne en parti­culier, pour construire, à partir des projets concrets et dans le strict res­pect des Nations qui la composent, une Europe de paix et de prospérité. Bien sûr, cela nous a pris du temps. Mais cela nous a permis la recons­truction; cela nous a apporté une prospérité sans égal et l’essor de nos économies ; cela nous a apporté aussi la stabilité et la paix. Alors, au nom de quoi les pays autour des Grands Lacs seraient-ils condam­nés à la répétition des guerres et au malheur ? Ne peuvent-ils pas sur­monter cette fatalité que, pour ma part, je refuse ? Je veux croire en l’avenir ».

Puis : « L’intérêt des Congolais et des pays de la région, c’est de susciter des projets qui fédèrent plutôt que subir des appétits qui divisent, de couper à leurs racines les causes de la rivalité, de la désunion et du malheur. Des institutions exis­tent déjà, comme la Communauté Economique des Pays des Grands Lacs. Alors, il faudrait la revivifier, et peut-être même aller plus loin. C’est dans cet esprit que je voudrais lancer quelques idées : les pays de la région, de l’Angola au Burundi, et pourquoi pas à la Tanzanie aussi, pourraient travailler ensemble, comme nous l’avons fait en Europe, pour structurer leurs marchés, or­ganiser des filières agricoles, commerciales et industrielles, introduire davantage de transparence et de régies, développer les ressources énergétiques y compris par des micro-projets, assurer la sécurité alimentaire et sanitaire, faciliter l’accès à l’eau potable, protéger le patrimoine naturel, bâtir des infras­tructures régionales pour créer de nouvelles opportunités et multiplier les débouchés ».

Puis : « Il y a tant de richesses à créer ou à mettre en valeur. Cela sup­pose de la confiance en ce dialogue structurel auquel j’ai fait référence. Cela suppose aussi la coopération qui interdit la prédation ou l’exploi­tation. Et je souhaite insister sur ce point. Le Président Kabila a dit que les décisions doivent être prises à Kinshasa, et nulle part ailleurs. Il a raison. C’est aux Congolais eux-mêmes de trouver des solutions. C’est vrai aussi à l’échelle de toute la région : c’est aux Etats et aux populations de discuter, et disons-le, de coopérer pour régler les problè­mes et retrouver de la confiance. La confiance, c’est fondamental. La paix ne peut jamais être imposée de l’extérieur ».

Le crash boursier suivi de la crise financière internationale va encore faire reculer la RDC et retarder -bloquer - le projet phare de la législature. Nul ne peut dire que le pays soit aujourd’hui dans une situation idéale pour aborder ses problèmes de développement.

Il y a très peu de gens qui aime­raient être dans la situation de Joseph Kabila Kabange. Face aux urgences, comment abor­der le conflit dans les Kivu dans un contexte incongru de position de négociation internationale ? La question n’est pas de savoir com­ment nous en sommes arrivés là. La question est que nous en sommes précisément là.

Un Nkunda ou un autre « Seigneur de guerre » soutenu par un Rwanda soutenu par une nébuleuse anglo-saxonne rejointe désormais par Paris met l’homme d’Etat dans une situation peu enviable. On reparle du complot international ourdi contre notre pays, mieux, le piège dans lequel notre pays est tombé. Nul ne peut écarter l’hypothèse d’un consensus selon lequel la RDC est incapable de se gouverner et, de ce fait, de laisser l’Humanité jouir des bienfaits de l’Humanité, à savoir, les richesses dont regorge ce pays et dont le monde doit tirer meilleur profit pour son plein épa­nouissement.

Toutes les crises sont nées de la volonté de l’homme de se mouvoir librement partout dans le monde pour son complet développement, à commencer par celui des échanges commerciaux. Eclatée en 1956, la guerre de Suez a mis l’Egypte face à une alliance secrète, le protocole de Sèvres, formée par Israël, la France et le Royaume-Uni, à la suite de la nationalisation unilatérale du canal de Suez par l’Egypte.

L’alliance répondait à des inté­rêts communs : l’Europe avait des intérêts, politiques, économiques et commerciaux dans le canal de Suez et Israël réclamait l’ouverture du canal à son transport maritime. Israël a justifié son intervention militaire contre l’Egypte comme réponse aux attaques des Fédayins lancées sur son territoire.

Etat néant, la Somalie vit présen­tement sous un régime de terreur assuré par des pirates qui prennent en otage des navires marchands sur la mer Rouge qu’ils connaissent : ils savent où attaquer et où se cacher après leur fuite. Avec la mondia­lisation, 97% de marchandises et 60% de produits pétroliers circulent par la mer. Une résolution n°1846 du Conseil de sécurité des Nations unies, co-parrainée par dix-neuf Etats, réprime les actes de piraterie dans les eaux territoriales soma­lienne. A Pékin, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères Liu Jiánchao, déclare lors d’une conférence de presse que la Chine, à qui l’Occident a confié la « garde » et la « gestion » de l’Afrique « envisage activement d’envoyer des navires militaires dans le Golfe d’Aden pour participer aux opérations de protection des voies maritimes ». Au large de la Somalie, sur la route du pétrole, une guerre mondiale contre ces nouveaux pirates se pré­pare. La Somalie, pays sans Etat, à l’Humanité de s’assumer et d’assu­rer la sauvegarde de l’Humanité... C’est le sens du discours de Nicolas Sarkozy sur la région des Grands lacs qui prolonge celui de l’Améri­cain Cohen

Si Si ? De la forme et du fond

Si les initiatives du Gouver­nement n’ont pas toujours brillé par leur visibilité fai­sant monter inutilement la tension dans le pays d’Eglise catholique très écoutée par de peuple dont elle est solidaire « veut savoir », « veut s’as­surer » presse le Parlement « d’exer­cer sans complaisance son pouvoir de contrôle (...) » !

Si le système de communication pose problème (d’experts du ren­seignement militaire, on en est à 4 ou 10.000 soldats rwandais
- qui ont envahi par deux fois la RDC, sans parler des Ougandais 
- qui ont envahi par deux fois la RDC ; quant au sort de Laurent Nkunda (Batware) Mihigo, les couacs ne se comptent plus) ! Si, malgré les maladresses, le Rwan­da et l’Ouganda quittent la RDC au terme généralement annoncé, que la paix vient à s’installer dans la sous­-région, que les échanges commer­ciaux démarrent entre nos pays ! Si Nkunda et Ntaganda sont livrés, le premier au Gouvernement de RDC, le deuxième au procureur de la CPI, qui les réclament active­ment !

Si, si, si!... Est-on fondé de condam­ner une initiative certes osée et qui a surpris les spécialistes, irrité face à des déclarations contradictoires dans les trois Capitales et le courage -l’audace - dont des dirigeants de la sous-région ont fait montre ? Mis à part le débat de procédure qui ne manque pas du piquant, ne serait-on pas face à une success story susceptible de mettre ses arti­sans en mesure de réclamer recon­naissance pour la paix retrouvée ? Les grands que les manuels d’his­toire nous apprennent à longueur de journée ont été souvent mal compris et non reconnus par leurs contem­porains en phase avec des événe­ments souvent inintelligibles en premier lieu la contre propagande. L’Histoire - elle - les a élevés.

(DN/Milor/GW/Yes)

Tryphon Kin-Kiey M./Le Soft/International

 Last edited: 19/02/2009 17:31:56

 

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