Condamnation des nouveaux massacres des réfugiés rwandais en RDC
A l'issue de la réunion convoquée par les organisations membres de la société civile rwandaise (FEIDAR et SOCIRWA) à laquelle étaient invités les représentants des organisations politiques (Forces Démocratiques Unifiées (FDU) et Opposition Démocratique Rwandaise (ODR), les résolutions suivantes ont été prises :
1) Nous, les participants à cette réunion, condamnons la chasse à l’homme dirigée contre les réfugiés rwandais rescapés des massacres commis par l’Armée Patriotique Rwandaise (APR) depuis octobre 1996 sur une distance de1500 kilomètres en République Démocratique du Congo (RDC). Nous rappelons à titre indicatif : les massacres de Bukavu et Goma en 1996, les massacres de Tingi-Tingi, Amisi, Bialo, Isilalo, Kasese, Kisangani, Ubundu et Mbandaka en 1997. Nous rappelons également que la plupart des réfugiés rapatriés de force au Rwanda en novembre 1996 ont été sauvagement massacrés après leur retour.
2) Les opérations conjointes des armées rwandaise et congolaise (dénommées « opération UMOJA WETU ») visant à traquer les éléments des FDLR (Forces Démocratiques de Libération du Rwanda) ne tiennent pas la route. Car, la deuxième invasion de la RDC, le 2 août 1998, qui a conduit les soldats de l’Armée Patriotique Rwandaise jusqu’à Matadi et Kitona (près de la frontière angolaise), ne visait pas les FDLR qui n’avaient pas encore été créées à cette époque. Nous rappelons que sur les 2.200.000 réfugiés recensés par le HCR en RDC en 1996, seuls quelque 500.000 ont été rapatriés de force au Rwanda. Le rapport de l’ONU, publié le 30 juin 1998, a reconnu qu’au moins 200.000 réfugiés rwandais ont été victimes des actes de génocide commis par l’Armée Patriotique Rwandaise en RDC entre 1996 et 1997.
3) La chasse aux réfugiés rwandais a aussi emporté plus de 4.000.000 de citoyens congolais et s’est ensuite transformée en pillages des ressources naturelles de ce pays, tel que corroboré par de nombreux rapports des Nations Unies, celui de la commission du Sénat belge sur le pillage de la RDC et ceux de plusieurs experts internationaux.
4) Les accords de KISANGANI du 26 mai 2008 et plus particulièrement ceux de KASIKI du 31 juillet 2008 entre le gouvernement congolais, les représentants des mouvements politiques RUD (Ralliement pour l’Unité et la Démocratie au Rwanda) et RPR (Rassemblement du Peuple Rwandais) en présence des représentants du gouvernement rwandais, l’Organisation des Nations Unies, l’Union Européenne, l’Union Africaine, la Norvège, la Communauté Saint Egidio de Rome avaient abouti notamment à des résolutions suivantes :
- Le désarmement volontaire des quelques combattants de RUD/RPR et le cantonnement des réfugiés rwandais à KASIKI Territoire de Lubero (Nord-Kivu) devenus effectifs au 31 juillet 2008;
- La visite exploratoire au Rwanda. Initialement prévue en octobre 2008, elle a finalement eu lieu à partir du 23 janvier 2009, soit trois jours après le début de la nouvelle chasse aux réfugiés qui est toujours en cours en RDC.
- L’octroi du statut de réfugié à ceux qui auraient exprimé la crainte de rentrer au Rwanda;
5) Nous déplorons qu’après les avancées de KASIKI, les réfugiés ont été attaqués par la coalition rwando-congolaise et sont portés disparus jusqu’à ce jour.
6) Nous, les participants à cette réunion :
- Condamnons avec énergie cette nouvelle chasse aux réfugiés rwandais en RDC.
- Déplorons le silence de la Communauté Internationale face à cette nouvelle tragédie ;
- Demandons l’arrêt immédiat de cette nouvelle chasse aux réfugiés rwandais par les forces armées de la coalition rwando-congolaise ;
- Demandons au Secrétaire Général de l’ONU de mandater un émissaire chargé de la protection des réfugiés rwandais en RDC et dans la région.
- Demandons au Gouvernement congolais d’assurer la sécurité des réfugiés se trouvant sur son territoire et de ne pas tomber dans le piège tendu par le gouvernement rwandais.
Fait à Bruxelles, le 14 février 2009.
Pour la Fédération Internationale des Associations Rwandaises (FEIDAR) et la SOCIRWA
NDAGIJIMANA J.M.Vianney
MATATA Joseph.