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Publié par JMV Ndagijimana

NE VOUS FIEZ PAS AUX APPARENCES. CETTE FEMME EST RESPONSABLE DE LA DISPARITION DE MLLIERS D'ÊTRES HUMAINS. DES ORGANISATIONS RWANDAISES DES DROITS DE L'HOMME ONT DENONCE SES CRIMES LONGTEMPS AVANT LA CRISE FRANCO RWANDASE ACTUELLE. C'EST LE CAS NOTAMMENT DU CENTRE DE LUTTE CONTRE L’IMPUNITE ET L’INJUSTICE AU RWANDA


Voici son communiqué daté du 19 février  1999 dénonçant plusieurs cas d'enlèvements et de disparitions commis par les services dirigés alors par Madame Kabuye
                                                  

Bruxelles, le 19 février 1999

COMMUNIQUE  n° 47/99

Rwanda: Les enlèvements de civils s’intensifient à KIGALI.

              

Le Centre de Lutte contre l’Impunité et l’Injustice au Rwanda continue d’enregistrer de nombreux cas d’enlèvements, suivis de disparitions, opérés par les militaires de l’Armée Patriotique Rwandaise (APR). Ces crimes s’ajoutent à l’interminable liste d’actes de génocide et crimes contre l’humanité dont le régime du Général KAGAME se rend coupable depuis 1994 à nos jours.

Les mois de juin, août et décembre 1998 ont été caractérisés par des rafles aveugles qui ont emporté des centaines de personnes dont on ignore le sort jusqu’à ce jour. Ces rafles étaient généralisées dans la Capitale Kigali et des disparitions ont été signalées dans presque tous les secteurs de la ville.

 

Une nouvelle stratégie de faire disparaître les gens est actuellement utilisée par l’APR:

 

La nouvelle méthode d’enlever les gens est décrite ci-après par des témoins oculaires: Depuis le mois de décembre 1998 jusqu’aujourd’hui, de nombreuses disparitions remarquables sont observées dans le secteur GATSATA, commune Nyarugenge, préfecture de la ville de Kigali (PVK). Les civils sont enlevés à leurs domiciles ou pris sur la route. Ils sont généralement embarqués à bord de véhicules. Un de ces véhicules a été identifié comme étant une TOYOTA double-cabine, immatriculée sous le numéro RR 1191 A.

 

Parmi les personnes enlevées dans le Secteur GATSATA, citons les cas suivants :

 

1) NIYONSABA Servilien a été enlevé le 24 décembre 1998 aux environs de 15h. Il est âgé de 30 ans et il est né à Kivumu, secteur Shaki, commune Nyakabanda, préfecture de Gitarama. Avant la guerre d’Avril 1994, il était vendeur de gros bétail (vaches) dans la ville de Kigali. Après la guerre, il est retourné directement à son domicile à Gatsata, cellule Robonobono, il changea d’activités et devint épicier. Il est marié et père de deux enfants. Quatre personnes en tenue militaire et deux autres en tenue civile se sont présentés à sa boutique et ont demandé des pièces d’identification aux clients et au propriétaire de la boutique. Ils ont fouillé la boutique ainsi que sa maison d’habitation située à cinq cent mètres de la boutique.

Rien n’a été pris dans ces deux maisons. Monsieur NIYONSABA a été transporté à bord d’une  TOYOTA double-cabine dont la plaque d’immatriculation porte le n° RR 1191 A. en compagnie de son responsable de dix ménages (Nyumbakumi) qui venait demander où on conduisait Niyonsaba. Ce Nyumbakumi fut roué de coups avant d’être embarqué à bord de ce véhicule. Il a été relâché près de la Brigade de gendarmerie de MUHIMA. Le véhicule a pris une direction qu’il n’a pas pu localiser, emportant NIYONSABA toujours à son bord.

 

2) TUYISENGE, fils de Ndwanyi, âgé de plus ou moins 25 ans, est porté disparu le 20/12/1998. Il résidait chez ses parents dans le secteur de Gatsata, cellule Nyamabuye, commune Nyarugenge. Il travaillait à la Société Rwandaise des Pétroles (PETRORWANDA).

 

3) MANIRARORA François est né en 1960 en commune Nyabisindu, préfecture de BUTARE. Il résidait chez ses parents dans la cellule Nyamabuye, secteur Gatsata, commune Nyarugenge, PVK depuis 1994. Il est vendeur de boissons dans un kiosque à Gatsata. Il a été enlevé le 19/01/1999 vers 20h lorsqu’il quittait son lieu de travail (Kiosque) pour rentrer chez lui. Il a été arrêté sur la grand route par une personne en tenue militaire et transporté à bord d’une camionnette Toyota Hilux.

 

4) Le titulaire du dispensaire privé « NYURWA » dont on ne connaît pas encore l’identification, a lui aussi été enlevé dans la soirée du 29/01/1999 à son domicile à Gatsata. Il serait originaire de Butare. On ignore à ce jour le sort qui lui a été réservé.

Rappelons que dans la même localité, en date du 28 juin 1998, trois autres personnes avaient été enlevées dans les rafles massives que nous avions dénoncées à cette époque. Ces disparus de juin 1998 ont été amenés par les militaires vers une destination inconnue. Il s’agit de Messieurs:

- MUSABYIMANA Anatole qui était chauffeur;

- KAMUGISHA Emmanuel qui était menuisier;

- KABALIRA Cyprien qui exerçait des activités d’épicier.

Selon certaines sources, quelques unes des personnes enlevées seraient séquestrées dans la maison de l’ancien Ministre des Travaux Publiques à l’époque du Président Habyalimana (Joseph Nzirorera), sise à Remera, commune Kacyiru dans la Capitale Kigali. Cette maison servirait de lieu de détention secret au DMI (Directorate of Military Intelligence). Des centaines d’autres cachots secrets ont été aménagés par le Service des renseignements militaires (DMI).

 

5) MUGABO Robert est le fils de Nzabonimana et de Mukarukwaya. Il est né en 1976 dans la cellule KIVUGIZA, secteur Nyamirambo, commune Nyarugenge Préfecture de la Ville de Kigali (PVK). Il s’était réfugié en République Démocratique du Congo (ex-Zaïre) en 1994 et fut rapatrié en Novembre 1996. Il est chef d’une chorale protestante à Kigali.

 

En date du 30/12/1998, dans la matinée, une personne non identifiée en tenue civile s’est présentée chez lui; mais MUGABO Robert n’était pas à la maison. Le lendemain, la même personne s’est encore présentée chez Robert et cette fois-ci il l’a trouvé à son domicile. L’inconnu lui précisa qu’il est militaire, qu’il se préparait au mariage et lui demanda la participation de sa chorale dans la cérémonie de son mariage. MUGABO Robert répondit qu’il allait demander à ses collègues. Le militaire est parti et Robert est allé chez un voisin.

Tout de suite, le militaire revient en compagnie de nombreux gendarmes. Ils entreprirent une fouille da la maison et enlevèrent NIYONSABA Eustache, un élève militaire qui était à la maison en tant qu’ami de la famille. Robert n’était pas encore rentré chez lui.

 

Le 1er janvier 1999, MUGABO Robert a reçu de la gendarmerie, Brigade de Nyamirambo, une convocation pour le même jour signé par le Commandant de la gendarmerie. Robert y a répondu en date du 4 janvier 1999 et fut détenu à la Brigade de Nyamirambo en compagnie de son ami Niyonsaba Eustache.

 

Dans la nuit du 6 au 7/01/1999, entre 20h et 21h, MUGABO Robert aurait été enlevé de cette Brigade de Nyamirambo par un certain Louis (G2) vers une destination inconnue jusqu’à présent. Le Commandant de la Brigade de Nyamirambo a déclaré qu’il a été repris par ceux qui l’avaient placé en détention à la Brigade. D’après ceux qui l’ont arrêté, il serait accusé de collaborer avec les « infiltrés ». D’après une information qui nous est parvenue à la dernière minute, MUGABO Robert serait détenu dans la maison de l’ancien Ministre Nzirorera Joseph et son ami élève militaire, Niyonsaba Eustache, aurait été libéré.

 

6) DUSABEYEZU Antoine est porté disparu à la barrière de GITICYINYONI depuis samedi 9 janvier 1999. Il prenait, avec sa mère, le taxi collectif pour rentrer à Ruhengeri. Il est originaire de JANJA, Préfecture de Ruhengeri. Il travaillait à l’imprimerie PALLOTI PRESSE à Gikondo. Il avait l’habitude de rentrer tous les samedi chez lui à Ruhengeri.

D’après un témoin oculaire, les militaires l’auraient mis à part lors d’un contrôle d’identité. Il n’est pas revenu à son service lundi le 11/01/1999. Depuis ce jour, il est porté disparu. Sa mère NYIRAMPAKANIYE Sophie et son ami NGARAMBE Fidèle ont aussi disparu. Les recherches faites à Ruhengeri, dans les Brigades et les prisons de Kigali n’ont pas permis de retrouver leurs traces. D’après une information de dernière minute, sa mère Sophie aurait été libérée mais on ignore le sort de DUSABEYEZU Antoine.

 

ANTECEDENTS : Ce n’est pas la première fois que des centaines de personnes disparaissent après avoir été enlevées à GATSATA.

Rappelons les rafles suivantes dans le même secteur :

 

a) Le 23 août 1998, l’Armée a enlevé 174 personnes à Gatsata et les a embarquées à bord des véhicules vers une destination inconnue jusqu’à présent. (Voir notre communiqué n° 40/98).

b) Le 25 août 1998, une autre grande rafle a été opérée à nouveau dans les secteurs GATSATA et GISOZI. Le Centre continue de s’enquérir du sort des victimes des rafles antérieures mais aucune suite n’a été donnée par les autorités à notre communiqué n° 16/97. Rappelons que les personnes disparues lors des rafles de Mars-Avril 1997 n’ont pas été retrouvées. Il s’agit de

c) Les rafles du 15 et 16 mars 1997, opérées dans dix secteurs de la commune NYARUGENGE, se sont soldées par l’arrestation aveugle de plus de 1.000 (mille) personnes dont 200 auraient été relâchées par après. Les autorités concernées ont déclaré à cette époque que dans la semaine du 17 mars 1997, les personnes arrêtées, originaires des autres préfectures du pays, auraient été transférées dans leurs communes d’origine. D’après nos témoins, ces personnes restent introuvables à ce jour.

d) Les rafles du 25 avril 1997, opérées par les forces de sécurité composées par la Police Urbaine, l’Armée Patriotique Rwandaise (APR), la Gendarmerie et la Police Militaire dans tous les secteurs de la commune KICUKIRO de la PVK, visaient la vérification des pièces d’identité et le recel des équipements militaires. Environ 530 personnes, sans pièces d’identité ou non identifiées par les responsables locaux, ont été arrêtées et détenues dans le camp de la Police Urbaine sis à Kimironko à Remera, commune Kacyiru - PVK.

e) Du 24 décembre 1997 au 1er Janvier 1998, plus de cent personnes, dont des femmes et des enfants, ont été enlevées et déportées vers une destination inconnue par les militaires de l’APR avec la complicité des autorités civiles de la commune GABIRO, préfecture UMUTARA.

 

Les commanditaires de ces rafles aveugles et qui ont le pouvoir de les arrêter sont les autorités militaires et de la Gendarmerie du Secteur militaire de Kigali-Ville et Kigali-Rurale.

 

RECOMMANDATIONS:Le Centre demande instamment au Gouvernement rwandais de

- contraindre les autorités militaires et civiles de la Capitale KIGALI à donner des directives claires visant à assurer la protection des personnes et des biens.

- ordonner au Commandant du secteur militaire de Kigali de rechercher les personnes disparues et à sanctionner d’une façon exemplaire les militaires et civils impliqués dans les enlèvements;

- demander aux militaires de respecter les procédures d’arrestation et de détention préventive.

 

Pour le Centre, MATATA Joseph, Coordinateur. 

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