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Publié par JMV Ndagijimana


Alors que des négociations ont commencé entre le gouvernement congolais et les rebelles du Nord-Kivu, un rapport d’experts de l’ONU souligne les liens entre ces derniers et le Rwanda voisin.


Qui aide les rebelles congolais ?


Dans un rapport publié vendredi, le groupe d’experts de l’ONU sur la République Démocratique du Congo apporte des révélations sur le soutien accordé cet automne par le Rwanda aux rebelles congolais du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) : envoi d’uniformes (dont les insignes aux couleurs du Rwanda étaient décousus à l’arrivée), fourniture de munitions, comptes en banque ouverts au Rwanda, recrutement de soldats démobilisés et de réfugies congolais… En outre,
« de petites unités formées de l’armée rwandaise » ont été vues pénétrant en RDC « pour venir en aide au CNDP », écrivent les experts onusiens, qui rappellent aussi les tirs de chars rwandais durant les combats au Congo, ainsi que les tirs de la DCA rwandaise contre un hélicoptère de l’ONU.
Deux riches hommes d’affaires, le Belgo-Congolais Raphael So­riano, alias Katebe Katoto, et le Rwandais Tribert Rujugiro Aya­batwa, conseiller officieux du président rwandais Paul Kagame, sont présentés, preuves à l’appui, comme d’importants financiers du CNDP. Le mouvement rebelle ainsi que les autorités rwandaises
ont démenti le contenu du rap­port, qualifié d’ « affabulations »

par le CNDP et de « pure et simple vendetta » par la ministre des affaires étrangères rwandaise, Rosemary Museminali.

 

Les ressources naturelles jouent-elles un rôle dans le conflit ?

 

Les experts de l’ONU ont aussi en­quêté sur l’autre principal groupe rebelle du Kivu, celui des Hutus des Forces démocratiques pour la libé­ration du Rwanda (FDLR). Là, les sources de financement tiennent essentiellement à l’exploitation illégale du sous-sol congolais. Le groupe d’experts « estime que les FDLR tirent des bénéfices se chif­frant en millions de dollars par an du commerce de minéraux », en particulier la cassitérite (prin­cipal minerai de l’étain), l’or, le coltan (très utilisé dans l’électro­ nique), et la wolframite (principal minerai du tungstène).

Les FDLR contrôlent la majorité des principaux sites miniers arti­sanaux du Sud-Kivu, ainsi que les nombreuses mines d’or situées au Nord-Kivu près de Lubero. Les né­gociants acquièrent ces « minerais du sang » en toute connaissance de cause, selon les experts onu­siens, qui ont enquêté trois mois sur le terrain. Ils confirment par ailleurs la collaboration existant entre les forces armées congolai­ses et les FDLR, allant jusqu’à la fourniture de munitions et l’or­ganisation d’opérations militaires conjointes contre le CNDP. Armée régulière et rebelles rwandais sont aussi associés dans le commerce illégal du charbon de bois tiré du Parc national des Virunga. Un tra­fic dont le chiffre d’affaires annuel est estimé par les experts à 18 mil­lions d’euros rien que pour la four­niture de la ville de Goma.

 

Quelle est la situation dans l’est de la RDC ?


À la suite de l’offensive qu’ils ont menée cet automne, les rebelles du CNDP de Laurent Nkunda ont considérablement agrandi la zone du Nord-Kivu passée sous leur contrôle. En prenant la ville de Rutshuru, au nord de la capi­tale provinciale, Goma, ils ont relié deux secteurs déjà sous leur férule, ouverts sur le Rwanda et l’Ouganda, et pris le contrôle d’un axe routier stratégique.
Par crainte de violences et d’en­rôlements forcés, plus de 250 000 personnes ont été jetées sur les routes et dans les forêts. Des dizai­nes de milliers d’entre elles restent loin de chez elles, réfugiées notam­ment dans des camps à proximité de Goma. Des négociations ont commencé la semaine dernière à Nairobi (Kenya) entre le CNDP et des représentants du gouver­nement congolais, sous l’égide de l’émissaire de l’Union africaine, Olusegun Obasanjo. Selon ce dernier, elles se déroulent
« dans une atmosphère de bonne volonté ». « Nous multiplions les actions poli­tiques et diplomatiques pour mettre fin à la guerre et à la misère » dans l’Est, a assuré le président Joseph Kabila dans un récent discours à la Nation.

 
LAURENT D’ERSU
La Croix

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