Le 6 avril 1994, Rose Kabuye se serait trouvée à Kigali par hasard
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http://www.france24.com/fr/20081211-rwanda-france-genocide-rose-kabuye-justice-meurtre-president
Par Ondine DEBRE
Jeudi 11 décembre 2008
Entre les mains de la justice française, Rose Kabuye se défend d'avoir participé à l'attentat contre l'avion de l'ancien président rwandais Juvénal Habyarimana, en avril 1994, à l'origine du génocide. Rose Kabuye, membre du gouvernement rwandais, est mise en examen en France pour "complicité d’assassinats en relation avec une entreprise terroriste" pour son rôle présumé dans l’attentat contre l’avion du président Juvénal Habyarimana en 1994.
A Paris depuis un mois, pour répondre de ces accusations, cette proche du président Kagame a été l’invité de France 24. "Je sais à quel point les accusations portées contre moi sont graves, mais elles n’ont pas de sens. Tôt ou tard, je prouverai mon innocence."
L’ancien lieutenant colonel de l’armée rwandaise a été arrêtée le 9 novembre à Francfort, en vertu d’un mandat d’arrêt européen émis par la France. Il lui est reproché d’avoir hébergé le commando responsable de l’attentat du 6 avril 1994, élément déclencheur du génocide qui fit un million de morts parmi la population rwandaise.
De l’éventuelle visite éclair à Kigali du conseiller Afrique du Quai d’Orsay fin octobre, Rose Kabuye affirme ne rien savoir. "Peut-être Paul Kagame et lui se sont-ils rencontrés, je n’en sais rien, je devais être en mission. Mon arrestation n’a rien à voir avec la visite de Bruno Joubert au Rwanda fin octobre, dont je n’ai d’ailleurs pris connaissance qu’à travers la presse."
Une réponse à ceux qui voient dans la concomitance de ces deux événements un lien prouvant la concertation des deux pays : Rose Kabuye serait le sacrifice nécessaire à l’amélioration des relations franco-rwandaises. Sacrifice consenti, et programmé par le chef de l’Etat rwandais.
Officiellement, le Rwanda dit vouloir chercher la vérité par tous les moyens, et la remise en liberté sous contrôle judiciaire de la chef du protocole rwandais n’est qu’une étape avant la preuve complète de son innocence.
Officieusement, cette arrestation ouvre d’autres voies au Rwanda : l’accès au dossier d’accusation et la possibilité d’être partie prenante à la procédure.
Quoiqu’il en soit, et à l’heure où la tension est à nouveau grande dans cette région d’Afrique, c’est aujourd’hui à la France qu’il appartient de faire – ou non - un geste en faveur du gouvernement rwandais. "J’espère que les relations entre nos deux pays vont s’améliorer. Mais l’actuel gouvernement français doit aujourd’hui admettre les erreurs de celui en place durant le génocide." En fait d’erreurs, il est reproché à certains militaires et membres de la diplomatie française d’avoir fermé les yeux sur les terribles violences perpétrées contre les tutsis.
En clair, entre pressions diplomatiques, politiques et judiciaires, la décision de la France quant au sort de Rose Kabuye sera déterminante dans la tentative de réconciliation avec le Rwanda.
"Je n’ai jamais rencontré Nkunda."
Bien qu’issus tous deux de l’armée patriotique rwandaise, et en dépit des accusations de soutien logistique de Kigali à la rébellion, Rose Kabuye dément tout lien entre le gouvernement rwandais et le rebelle congolais Laurent Nkunda. "Le gouvernement de Kabila doit accepter la situation. Il y a des rebelles au Congo, et pas seulement des Rwandais. Les Congolais doivent régler leurs oppositions seuls." Elle ajoute n’avoir jamais rencontré le leader aux allures de prédicateur mystique : "Je ne pourrais pas vous dire si il a changé ou pas, je ne l’ai jamais vu face à face."
Cependant, Mme Kabuye souligne malgré tout "l’impression générale de sympathie que suscite Laurent Nkunda au Rwanda."