Alain Gauthier attendait "véritablement des excuses" de la part du chef de l'État français et qu'il reconnaisse la "complicité" de la France dans le génocide des Tutsis en 1994.

Article rédigé pa

Emmanuel Macron délivre un discours au mémorial du génocide des Tutsis de Kigali (Rwanda), où 250 000 victimes Tutsis sont enterrées, jeudi 27 mai 2021. (LUDOVIC MARIN / AFP)

"On attendait des excuses. Je suis profondément, non seulement déçu, mais presqu'en colère", réagit, jeudi 27 mai sur franceinfo, Alain Gauthier, co-fondateur et président du Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR) après le discours d'Emmanuel Macron à Kigali. Devant le mémorial du génocide, le chef de l'Etat a évoqué la "responsabilité" de la France sans parler de complicité dans le massacre des Tutsis de 1994.  "Il y a là quand même un manque de respect pour ces victimes", estime Alain Gauthier.

franceinfo : Sont-ce les mots que vous attendiez ?

Alain Gauthier : Non pas du tout ! Nous attendions véritablement des excuses. Le discours de monsieur Macron ne fait que répéter ce que l'on sait des responsabilités accablantes. On attendait des excuses.

"Bien évidemment, on savait bien que s'il allait jusqu'à présenter des excuses et faire acte de repentance, il allait se mettre à dos toute une partie de la classe politique française qui refuse de parler de repentance."

Alain Gauthier 

à franceinfo

Mais les familles de victimes, les rescapés ne peuvent pas se contenter de propos très alambiqués. Franchement, à chaud, je suis profondément, non seulement déçu, mais presque en colère.

La France n'a pas été complice, a déclaré Emmanuel Macron. Comment réagissez-vous à cette déclaration ?

Nous savions qu'il n'irait pas jusqu'à reconnaître la complicité puisqu’à la fois le rapport Duclert et le rapport Muse du Rwanda ne voulaient pas entendre parler de complicité.

"C'est vrai que les responsables politiques français de 94 n'ont pas voulu un génocide, mais par la politique qu'ils ont menée, ils se sont engagés aux côtés d'un gouvernement, aux côtés de forces qui ont commis un génocide."

Alain Gauthier 

à franceinfo

Dans ce sens-là, pour nous, il y a complicité. Même si on veut bien dire que ce terme est réservé au domaine juridique, nous continuons et nous continuerons à dire qu'il y a complicité.

Ces mots vont-ils apaiser les douleurs des victimes ?

Franchement, je ne sais pas. Je suis actuellement trop sous le coup de la déception. La douleur d'un rescapé, c'est une douleur qui ne passera pas. C'est une douleur qui va l'accompagner tout le reste de sa vie. Cela fait 27 ans que les rescapés et leurs familles vivent avec cette douleur qui fait que leur vie n'est plus du tout la même. Il y a là quand même un manque de respect pour ces victimes.