Elections sénatoriales en Géorgie : les démocrates à un siège d’obtenir un avantage politique décisif au Sénat.
Raphael Warnock, pasteur d’une église d’Atlanta, où officiait Martin Luther King, devient ainsi le premier sénateur noir de l’histoire de la Géorgie. ELIJAH NOUVELAGE / AFP
Raphael Warnock a battu la républicaine Kelly Loeffler, selon l’agence de presse AP. Les résultats sont toujours attendus pour le deuxième siège de l’Etat.
Les premiers résultats tombent, mais le suspense continue. Le dépouillement des votes de la double élection sénatoriale dans l’Etat américain de Géorgie, qui a débuté dans la soirée du mardi 5 au mercredi 6 janvier, a permis d’établir une première victoire sur les deux sièges mis en jeu, selon l’agence Associated Press (AP) : celle du candidat démocrate Raphael Warnock contre la sénatrice républicaine Kelly Loeffler.
Les démocrates doivent encore remporter l’autre élection sénatoriale partielle en Géorgie pour prendre le contrôle du Sénat. En cas de double victoire, les démocrates obtiendraient cinquante sièges à la chambre haute. Une égalité parfaite avec leurs adversaires mais, comme le prévoit la Constitution, la vice-présidente élue, Kamala Harris, aurait alors le pouvoir de départager les votes et de faire pencher la balance du côté du camp de Joe Biden.
Le second démocrate en lice, Jon Ossoff, semble également en mesure de créer la surprise en l’emportant de justesse dans ce grand Etat du Sud, traditionnellement conservateur, face au sénateur républicain sortant, David Perdue. Le candidat démocrate a revendiqué la victoire, mercredi, dans un message publié sur Twitter : « C’est avec humilité que je remercie les électeurs de Géorgie de m’avoir élu pour vous servir au Sénat. Merci de la confiance que vous m’avez accordée. » David Perdue, lui, n’a pas concédé sa défaite.
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Mobilisation des électeurs démocrates
A quelques heures d’une réunion du Congrès mercredi visant à formaliser la victoire de Joe Biden lors du scrutin du 3 novembre, ces résultats sont encourageants pour le président élu, qui espère commencer son mandat, le 20 janvier, avec tous les leviers du pouvoir.
Une double victoire démocrate serait un camouflet pour le Grand Old Party, qui, après avoir perdu la Maison Blanche, verrait la prestigieuse Chambre haute lui échapper. Ils seraient aussi un revers pour Donald Trump, qui refuse toujours de reconnaître sa défaite et dont l’attitude consistant à se réfugier derrière des théories du complot sur la fraude a été largement contre-productive, selon certains dans son camp.
Galvanisés par la victoire de Joe Biden dans l’Etat, le 3 novembre, une première depuis 1992, les démocrates ont réussi à mobiliser leurs électeurs, en particulier afro-américains, clés pour toute victoire démocrate.
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« Tout se joue aujourd’hui »
Le scrutin de mardi est aussi historique à de nombreux égards. Raphael Warnock, pasteur d’une église d’Atlanta, où officiait Martin Luther King, devient ainsi le premier sénateur noir de l’histoire de la Géorgie. Jon Ossoff deviendrait, lui, à 33 ans, le plus jeune sénateur démocrate depuis… Joe Biden (en 1973). « Tout se joue aujourd’hui », avait prévenu l’ancien vice-président de Barack Obama qui deviendra dans moins de trois semaines le 46e président des Etats-Unis et compte bien marquer la rupture avec Donald Trump.
Plus de trois millions d’électeurs, un nombre record pour une sénatoriale partielle en Géorgie, avaient pu voter par anticipation, soit quelque 40 % des inscrits dans l’Etat. Au total, 832 millions de dollars ont été dépensés dans la campagne, selon le Center for Responsive Politics, un organisme indépendant.
Signe des grands enjeux, les présidents élu et sortant avaient fait lundi le déplacement sur le terrain pour donner de la voix. Ces élections partielles pourraient être « votre dernière chance de sauver l’Amérique telle que nous l’aimons », a ainsi tonné à Dalton Donald Trump. « Je n’aurais jamais cru que nous gagnerions ces élections en Géorgie », a tweeté Rufus Gifford, ancien haut responsable de la campagne de Joe Biden. « Merci beaucoup Donald Trump », a-t-il ajouté sur un ton ironique.
Pressions de Donald Trump
Dans une semaine particulièrement chargée et lourde d’enjeux, le Congrès se réunira mercredi en début d’après-midi pour enregistrer formellement le vote des grands électeurs en faveur de Joe Biden (306 contre 232). L’issue de cette obligation constitutionnelle ne fait aucun doute : Joe Biden deviendra président.
Mais la croisade de Donald Trump donne à cette journée une tonalité particulière. Si certains poids lourds républicains ont fini par admettre la victoire du démocrate, le président sortant compte sur le soutien indéfectible de dizaines de parlementaires. Ces élus ont promis d’exprimer leurs objections mercredi, et de faire résonner les allégations de fraude au sein même du Capitole.
M. Trump a de nouveau fait pression mardi sur son vice-président, Mike Pence, auquel reviendra le rôle protocolaire de déclarer Joe Biden vainqueur. « Le vice-président a le pouvoir de rejeter les grands électeurs choisis de façon frauduleuse », a tweeté le président, à tort.
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Dans la rue, une grande manifestation de soutien à Donald Trump est prévue à Washington. Tenant des drapeaux au nom du milliardaire, des centaines de sympathisants se sont déjà rassemblés dans la capitale lundi. Le président sortant a confirmé qu’il s’exprimerait devant eux mercredi à 11 heures locales (17 heures à Paris) depuis l’Ellipse, esplanade située au sud de la Maison Blanche.
Joe Biden, lui, s’est largement gardé de commenter cette pression sans précédent autour d’une journée qui relève d’ordinaire d’une formalité. Mercredi, il a prévu de faire un discours… sur l’économie.