RDC: l'archevêque de Kinshasa pour l'arrêt de l'arrivée de ressortissants de pays voisins.
L'archevêque de Kinshasa, Mgr Fridolin Ambongo, a appelé vendredi les autorités congolaises à convaincre les dirigeants de trois pays voisins "d'arrêter de déverser" leurs ressortissants dans l'est troublé de la République démocratique du Congo (RDC), affirmant que le pays 'est en danger".
"Il appartient au gouvernement d'assumer ses responsabilités pour convaincre" par les voies diplomatiques "les pays voisins particulièrement l'Ouganda, le Rwanda et le Burundi d'arrêter de déverser (leurs) populations au Congo", a déclaré le cardinal Ambongo lors d'une conférence de presse à Kinshasa.
Les Congolais d'origine rwandaise ou ougandaise qui sont là depuis des années, "personne ne peut contester leur nationalité congolaise. "Ce qui fait problème, c'est le déversement des autres qui arrivent, et on essaie de les faire passer comme des Congolais", a affirmé le prélat.
"Le cas le plus criant [est celui des] immigrés rwandais qui ont été chassés de la Tanzanie il y a quelques années et on a fini par les déverser au Congo" créant un "sentiment de frustration, de colère" ce qui, selon l'archevêque, "confirme qu'il y a un plan de balkanisation derrière" ces actes.
"On ne peut pas fêter l'an 1 de l'alternance démocratique au pouvoir critiquable, pendant que dans l'est de la RDC les gens meurent", a-t-il dit en référence à la date du 24 janvier, qui marquera le premier anniversaire de l'arrivée au pouvoir du président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, qui a succédé au président Joseph Kabila au terme d'élections contestées.
Mgr Ambongo a effectué une visite la semaine dernière dans la région de Beni-Butembo dans la province du Nord-Kivu, zone en proie aux violences depuis 25 ans.
"La situation de la population est dramatique. A cause de l'insécurité, la population a dû abandonner champs, villages, maisons, plantations", a détaillé le prélat.
Plus de 200 civils ont été tués les deux derniers mois dans cette région au cours de massacres attribués aux ADF, plus d'un millier depuis octobre 2014.
"Il faut une prise de conscience au niveau national sur le fait que notre pays est en guerre, que le pays est en danger", a insisté le prélat, appelant ses compatriotes à soutenir les militaires congolais qui se battent contre des dizaines de groupes armés locaux et étrangers.
Parmi ces derniers, se trouvent les milices ougandaises des Forces démocratiques alliées (ADF), les Forces démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR) et les rebelles burundais des Forces nationales de Libération (FNL).
Fin décembre, l'ancien Premier ministre devenu opposant Adolphe Muzito avait appelé Kinshasa à "faire la guerre au Rwanda" et même à "l'annexer" pour rétablir la paix dans l'est congolais.
La RDC entretient des relations difficiles avec ses voisins du Rwanda et de l'Ouganda notamment. Kinshasa accuse ces deux pays de vouloir la déstabiliser, quand ces derniers considèrent la RDC comme une base arrière de milices hostiles à leurs régimes.