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Publié par La Tribune Franco-Rwandaise

IPAD-Umuhuza… un regard vers l’avenir.

Par Chantal Uwera*, membre de la Commission Information/ IPAD-Umuhuza.

Après le génocide des Tutsi au Rwanda, le nouveau gouvernement a lancé un plan baptisé  « Vision 2020 ». Ce plan directeur visait entre autres  à faire du Rwanda un Etat de droit doté d’une bonne gouvernance, à promouvoir une économie prospère et à développer le secteur privé, ainsi qu’à moderniser l’agriculture et l’élevage. Ce plan ambitieux du gouvernement rwandais sonnait bon sur papier. Cependant, plusieurs organisations internationales et des hommes politiques affirmaient sans ambages, longtemps avant même que l’on n’arrive à son échéance, que cette vision n’était qu’un slogan politique du FPR pour draguer les bailleurs de fonds, afin de les intéresser à financer plusieurs de ses programmes. Est-ce que le Gouvernement rwandais a réussi  à atteindre ces objectifs qu’il s’était fixé ? Est-ce que le Rwanda peut être aujourd’hui considéré comme un Etat de droit ? Est-ce que le Rwanda compte parmi les pays où les droits humains, la liberté d’opinion et d’expression ont véritablement leur place ? Pourquoi la fameuse « Vision 2020 »  n’a pas bien fonctionné ni réalisé ses promesses ?

Le parti IPAD-Umuhuza a passé à la loupe la Vision 2020 et diagnostiqué les dérives qui ont conduit à son échec. Gilbert MWENEDATA et Charles MUSABYIMANA, respectivement Président et Secrétaire Général du parti IPAD-Umuhuza, dans deux déclarations à l’occasion des vœux du nouvel an, affirment que la Vision 2020 a failli à ses engagements vis-à-vis du peuple rwandais, et plus particulièrement en ce qui concerne l’avenir démocratique du pays. Le président Paul Kagame a changé la constitution pour rester indéfiniment au pouvoir, observent-ils à regret. De ce fait, poursuivent les deux responsables d’IPAD-Umuhuza, il a effrité toute aspiration à une alternance politique pacifique, contrairement aux espoirs que la Vision 2020 avait suscités depuis son lancement. Au contraire, une dictature redoutable s’est installée et s’illustre plus que quiconque par des assassinats d’opposants, des emprisonnements arbitraires ainsi que la confiscation de toute forme de liberté. « C’est un pouvoir despotique qui a fermé tout espace politique. La constitution est simplement un texte taillé sur mesure afin de l’accommoder au seul gabarit du Président Kagame ; son parti, le FPR, n’a pas su se surpasser afin de ne pas sombrer dans les mêmes dérives totalitaires qui étaient le principal reproche à ses prédécesseurs » affirment les deux responsables de IPAD-Umuhuza.

Ils trouvent que les promesses de faire du Rwanda un Etat moderne et une nation démocratique ne furent que du vent ! Comment est-ce que de ce plan hautement ambitieux dite « Vision 2020 », en est-on arrivé à un Etat sans institutions indépendantes, où  les autres institutions incarnant la souveraineté et assurant l’équilibre et la séparation des pouvoirs ont toutes été embrigadées par le pouvoir exécutif, se demandent-ils ? Le FPR au pouvoir, contrairement aux promesses faites tambour battant lors de son avènement, est une machine répressive, caractérisée par la dégradation des droits de l’homme et le non-respect de l’indépendance de la justice. Comme le notait savamment en son temps M.  François-Xavier Nsanzuwera dans son ouvrage « La Magistrature rwandaise dans l’étau du pouvoir exécutif : la peur et le silence complices de l’arbitraire », la violation de tous les principes fondamentaux du droit s’est faite sentir avec acuité sous le régime FPR plus que naguère ! D’ailleurs à ce propos, plusieurs organisations de défense des droits de l’homme comme Amnesty International et Human Rigths Watch, de même que le Département d’Etat américain, n’ont eu de cesse, dans leurs rapports, de tirer la sonnette d’alarme sur la dégradation flagrante des droits de l’homme au Rwanda. 

Chômage accru, avenir hypothéqué… Contraste entre le slogan et la réalité !

Quel a été l’impact de la Vision 2020 sur l’économie rwandaise ? Pour le parti IPAD-Umuhuza, les indices de pauvreté sont presque demeurés en l’état, s’ils n’ont pas empiré en certains endroits. Quoique ces deux responsables politiques ne manquent pas de saluer les quelques progrès notamment en matière d’infrastructures, l’amélioration des services de santé à travers la « Mutuelle de santé », une politique anti-corruption dans les échelons inférieurs de l’administration, une certaine rigueur dans la gestion des services publics, ils regrettent que l’économique rwandaise se trouve entre les mains d’une petite oligarchie autour du président Kagame qui s’enrichit outrancièrement en soumettant le reste de la population à une austérité proche de l’indigence. Et d’ajouter que le parti au pouvoir garde une mainmise sur tous les secteurs rentables et un monopole dans les affaires. Les deux responsables politiques dénoncent en outre une forte dépendance du pays à la dette extérieure. Le régime, disent-ils, ne recule point devant des investissements massifs mais contreproductifs, qui ne font qu’hypothéquer dangereusement l’avenir des générations futures. 

Ce qui est plus regrettable encore, estime toujours la direction de IPAD-Umuhuza, c’est l’insouciance du pouvoir FPR à s’attaquer véritablement aux vrais problèmes du pays, à savoir : la transformation du Rwanda en un Etat moderne doté d’une gouvernance démocratique, seul gage de permettre l’aboutissement des autres programmes indispensables pour l’avenir réconcilié d’un pays qui a connu le génocide. 

S’appuyant sur les analyses de deux grands journaux spécialisés The Finacial Times et The Economics, Gilbert MWENEDATA a, dans sa déclaration radiodiffusée, souligné la falsification des données économiques par le pouvoir, en vue de chercher à redorer son blason et maquiller ses échecs par une multiplication des opérations de charme. C’est pourquoi il procède au truquage des chiffres afin de vanter des performances économiques qui ne reflètent pourtant pas la vraie réalité sur le terrain. C’est ainsi que le pouvoir n’ose guère publier les chiffres exacts du chômage. Des millions de jeunes sont désœuvrés, y compris même ceux qui sortent des universités. L’injustice sociale bat son plein, la non-répartition de la richesse nationale crée une disparité criante entre riches et pauvres. Ce sont donc là les principaux facteurs à l’origine des mécontentements en sourdine et de la dégradation des conditions de vie dans les milieux ruraux alors que les milieux urbains sont régulièrement embellis. Tout cela couplé à une dictature sans pitié qui, par des voies de fait, terrorise ses citoyens et n’a jamais cure de l’indigence d’une majeure partie de sa population autant que par sa terreur il provoque des départs massifs en exil. En témoigne la récente séquestration de pauvres vivant dans plusieurs agglomérations du pays dont les maisons ont été rasées sous prétexte qu’ils résident en des endroits à haut risque (« Abatuye mu manegeka »). En plus, le régime FPR a tellement chamboulé le système éducatif du pays. A toutes les tribunes, il se déclame d’avoir ouvert à tous l’accès à l’enseignement sans jamais se poser la question sur la qualité de celui-ci. Les résultats décevants ne sont plus à démontrer. Doit-on encore oser parler des Objectifs du Millénium, alors que les fruits à l’arrivée ne correspondent point aux promesses des fleurs, et ce, malgré les aides multilatérales massives perçues au cours de toute cette période des vingt-cinq années ininterrompues de pouvoir sans partage ?

A la lumière et en conséquence des échecs de la Vision 2020 et du FPR à présider à la destinée du Rwanda, le parti IPAD-Umuhuza en appelle à tous les Rwandais à sortir des slogans trompe-l’œil du FPR, plutôt à s’unir autour de ce que ses dirigeants appellent « une Nouvelle Alliance ». Afin de sortir le pays du bourbier dictatorial et de l’incertitude du lendemain, résultant de cette « alliance » dite Vision 2020 que le gouvernement du FPR n’a pas pu parfaire et qui est devenue désormais caduque. IPAD-Umuhuza s’engage à insuffler une nouvelle dynamique politique fondée sur la vérité et la transparence dans la gestion de la chose publique, afin de conduire la destinée du Rwanda vers un avenir meilleur et de promettre des perspectives heureuses d’un Rwanda uni et réconcilié !

Chantal Uwera*, membre de la Commission Information/ IPAD-Umuhuza.

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