AMNESTY INTERNATIONAL : REVUE DE PRESSE, REGION AFRIQUE, PAYS: Rwanda
Amnesty International
76 Boulevard de la Villette Ref : SF 19 REG /
75019- Paris
REVUE DE PRESSE
REGION AFRIQUE
PAYS: Rwanda
Juin 2019
Sources
-africanews–Sahel Intelligence—APS-French Xinhuanet
-La Tribune Afrique- La Tribune-ActuDaily-Africk 21-Le Malin.ma
Gabonactu-NewsBeninwebTV-Infos Plus Gabon-deakody
La Croix-Médiapart- Le Figaro-Le Mondafrique-
DW-rtbf.be-BBC-Metro Montréal-La Libre Belgique- Metro Belgique-Jambonews
La République du centre- 20 minutes –Le Télégramme-Les Echos-Capital.fr-
overblog A l’écoute des livres- 20 minutes-Cnews-Magazine 24
RFI -TV5Monde-Energiesmedia
agence ecofin Public
FIDH-HRW
Plan :
Droits civils et politiques : Justice -P.Kagame le meilleur président africain-Interview de P. Kagame-Le journalisme en perdition.
Droits économiques, sociaux et culturels : Pauvreté-Santé : Ebola et quand la parole répare les vivants- Agroindustrie- Ttransports-Financement climatique vert- Technologie financière-Solutions solaires- Kigali : ville verte, 100 % durable-Construction d’une route-Motos taxis conduites par des femmes- Agriculture : projet d’irrigation et culture du café-5 éléphants reviennent de zoos européens au Rwanda Culture : Joël Karekezi va réaliser un film sur le soldat sénégalais Mbaye Diagne et le paiement de la dot-
5 rhinocéros élevés en Europe rentrent au Rwanda.
Relations internationales : P. Kagame sonne le rassemblement africain pour lutter contre le terrorisme –Réunion des agents de renseignements africains et absence du Burundi-–Relations du Rwanda avec le Gabon, la RDC : rencontre des 2 premières dames de ces 2pays-Relations du Rwanda avec l’Ouganda : la fête des martyrs ougandais et la guerre des 6 jours en 2000.Relations Rwanda/Ouganda/ Rdc -Relations du Rwanda avec la Côte d’Ivoire : les visas. Relations du Rwanda avec le Sénégal, l’Egypte, Madagascar, Les Pays-Bas, la Belgique ; la Chine ; la francophonie et la France : génocide : Complicité de la France ? Hommage à l’Opération Turquoise ; Bisesero, La paix et ma réconciliation avancent-elles ? Saint Malo : soutien à des Rwandais dans la précarité-Livres sur le Rwanda : la Battante ; Ma mère m’a tué ; Rwanda, 1994, la couleur d’un génocide ; L’innommable : j’ai longtemps eu peur de la nuit.
Les appellations ethniques « hutu » « tutsi » et « twa »
En kinyarwanda, l’augment « u » et le préfixe « mu » précèdent le singulier
l’augment « a » et le préfixe « ba » expriment le pluriel
umututsi et abatutsi
En français on n’accorde pas : une femme tutsi- des hommes hutu
Les informations contenues dans ce document proviennent des médias et n’engagent pas la responsabilité d’Amnesty.
Droits civils et politiques
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Justice :
Environ 47 gardes-pénitentiaires ont été limogés pour mauvaise conduite dans l’exercice de leurs fonctions. (Infos Plus Gabon du 9/6)
Forum du Centre africain de transformation économique à Accra (Ghana). Aliko Dangana, milliardaire nigérian, dans son discours a dit qu’en Afrique, P. Kagame est classé parmi les meilleurs présidents africains. Pour lui, les chefs d’Etat qu’il faut prendre pour modèle sont P. Kagame, Nana Akufo-Abdo du Ghana, Abassane Dramane Ouattara de la Côte d’Ivoire.
Nous n’avons pas besoin que les 54 pays d’Afrique aient des dirigeants visionnaires. Nous avons besoin d’un maximum de 20 comme les présidents du Rwanda, du Ghana et de la Côte d’Ivoire.
Pas de place pour la critique au Rwanda :
Cette semaine, le président du Rwanda, P. Kagame, a accepté de participer à une interview sur France24 en compagnie du Commissaire de l’UE chargé du développement pour discuter des efforts mis en œuvre par son pays en vue d’éradiquer la pauvreté.
Mais la conversation- qui se déroulait en marge du Forum « European Development Days », organisé par la Commission européenne- s’est vite animée. Face aux questions incisives d’une journaliste indépendante, l’inconfort de Kagame était visible. Et quand il a été prié de commenter un rapport de l’UE de 2018 faisant état de « graves violations des droits civils et politiques » au Rwanda, son ton est devenu carrément hostile.
Kagame a rejeté le rapport, le qualifiant de « ridicule » et a écarté des questions relatives aux détracteurs de son régime qui ont été tués, agressés physiquement, emprisonnés, réduits au silence ou contraints à l’exil lors de la période ayant précédé l’élection présidentielle de 2017.Nos propres recherches indiquent que les exécutions sommaires, les disparitions forcées, les arrestations et détentions illégales, ainsi que les actes de torture restent fréquents au Rwanda. A un moment il a accusé ceux qui expriment des préoccupations au sujet des violations des droits humains de souffrir d’un « complexe de supériorité ».
Le Rwanda est souvent vanté comme étant un modèle pour le continent, sur la base de ses politiques audacieuses de développement. Le gouvernement, formé par un ancien groupe rebelle, a pratiquement reconstruit le pays depuis qu’il a mis fin au génocide de 1994.
Mais récemment, la décision du gouvernement rwandais de dépenser des dizaines de millions pour construire un nouveau centre de conférence et pour parrainer Arsenal, le Club de football de Premer League britannique favori du président Kagame a fait sourciller les détracteurs. De plus, de récentes recherches académiques et des rapports faisaient état d’une augmentation de la pauvreté et d’un taux de malnutrition infantile élevé. Ces données sont venues remettre en question les impressionnantes statistiques et la croissance du pays, qui reste dépendant de l’aide internationale. La liberté d’expression- ou la liberté de critiquer le gouvernement ou le parti au pouvoir a été sévèrement réprimée au Rwanda. Et pourtant une presse libre et un libre accès à l’information sont essentiels pour atteindre les objectifs en matière de développement et pour demander des comptes aux gouvernements.
Pour cette raison, les sociétés pacifiques et justes- bâties sur le respect des droits humains universels et indivisibles- sont indispensables à la réalisation des objectifs de développement de l’ONU. Si le Rwanda désire sérieusement montrer la voie vers un développement durable, son gouvernement devrait accorder sa place au débat et à la critique, plutôt que choisir quels droits il veut défendre tout en réprimant les autres. (HRW du 27/6)
Le journalisme en perdition :
Le 25 juin 2013, après avoir passé 1075 jours en prison, la journaliste rwandaise Saida Mukakibibi retrouvait la liberté après avoir purgé une peine de 3 ans de prison pour « atteinte à la sécurité de l’Etat, négationnisme, diffamation du président Kagame ».
Le 25 juin 2019, jour anniversaire de sa sortie de prison, elle a accordé une interview à J.C. Mulindahabi dans laquelle elle revient sur l’état du journalisme au Rwanda.
La perte de la déontologie journalistique
Selon elle, le journalisme au Rwanda est devenu un journalisme de propagande, qui n’est pas indépendant, qui informe selon les souhaits des tiers(les hommes forts du pouvoir). C’est un journalisme qui ne fait pas avancer les idées comme les autres métiers.
Les causes de la perte du journalisme indépendant
Il y en a plusieurs.
- D’un côté les journalistes ont leur part de responsabilité. « La liberté et l’indépendance ne se demandent pas, elles s’acquièrent. Le journaliste doit déterminer s’il veut informer en toute liberté, à qui est destinée l’information, quel est le bénéfice pour les Rwandais, s’il éclaire les autorités sur ce qui ne fonctionne pas dans le pays pour que cela puisse être corrigé ».
- La Rwanda Media Commission (RMC ) : cette commission supposée garantir et plaider pour un journalisme indépendant au Rwanda n’est pas officiellement inscrite dans l’administration, elle n’a pas de statut. Le Rwanda Governance Board (RGB) fait trainer les formalités pour définir son statut.
- La Rwanda Journalists Association (ARJ) n’a plus de dirigeants depuis 2 ans. [ ]
Une répression source de la pauvreté des journalistes
Saïda M. donne des exemples :
-Le porte-parole du Rwanda Investigation Bureau lors de la présentation de Callixte *Nsabimana à la presse le 17 mai 2019, a ordonné à un journaliste présent de supprimer une publication qui ne lui a pas plu. Les journalistes qui veulent gagner leur vie par leur travail n’osent plus informer de peur que leur travail ne soit pas publié (un manque de salaire à gagner pour eux) et par des représailles. [ ] (Jambonews du 26/6)
*voir revue de presse de mai 2019.
Droits économiques, sociaux et culturels
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Pauvreté :
Le 4/6, la Banque mondiale publie un rapport sur les perspectives économiques globales. Elle dresse un tableau plutôt encourageant.
Le nombre des pays pauvres a été divisé par 2 en 20 ans.
En 2001, elle recensait 64 nations classées en tant que « pays à faible revenu », là où le revenu national brut/ habitant était inférieur à 725 $ à l’époque.
En 2003 : 66 pays,
En 2019 : 34 pays. [ ]
L’apaisement des conflits au Burundi, au Rwanda a joué un rôle bénéfique. « En Afrique subsaharienne, l’adhésion à des zones de libre-échange a stimulé le commerce intra région (Burundi, Rwanda, Kenya, Tanzanie, Ouganda) et soutenu les entrées d’investissements directs étrangers, l’industrialisation et l’intégration dans les chaînes de valeur mondiales ». []
Néanmoins, l’éradication de la pauvreté demeure extrêmement difficile, et dans certains pays, on note même un recul de leur situation. Comment expliquer cette évolution pacifique ? Par la flambée des matières premières au début de ce millénaire. Des pays en Afrique ont profité de la découverte de nouveaux gisements de pétrole. Le Rwanda a renoué avec la paix après une période de conflits. (Les Echos du 4/6)
Mais le rapport de la BM assure que le contexte est moins prometteur que ces 20 dernières années. Depuis 2016, 4 pays sont retombés dans la catégorie des pays à faible revenu, un appauvrissement dû, soit à des conflits(Syrie), soit à des chocs climatiques (Sénégal) qui ont bouleversé leur agriculture, ou enfin à une croissance rapide de la population (Tadjikistan).
7 pays africains regorgent de Terres rares, parmi eux le Burundi .(Capital.fr du 5/5)
( Le Rwanda n’est pas cité mais il se vante d’en exporter !!??)
Santé :
-Le Rwanda dit qu’ « il intensifie la surveillance aux points d’entrée » après l’annonce de la propagation du virus Ebola de la RDC à l’Ouganda. Le Rwanda partage ses 2 frontières avec ces 2 pays.
Le 11/6 le ministre de la Santé ougandais annonce qu’un enfant ougandais a été contrôlé positif au virus Ebola. Ce garçon de 5 ans a été isolé avec des membres de sa famille (sa grand’mère et son jeune frère sont aussi atteints de cette maladie) dans un hôpital situé dans un district occidental près de la frontière avec la RDC. Puis le garçon séropositif au virus Ebola a été placé dans une unité d’isolement où il est mort. Cette mort est la première en Ouganda, au milieu d’une épidémie mortelle en RDC. Puis la grand’mère meurt.
L’OMS déclare l’épidémie d’Ebola, la 2e plus meurtrière de l’histoire, une urgence mondiale. L’épidémie se déroule au milieu de défis sans précédents d’attaques rebelles et de résistance de la part de la communauté dans une région qui n’avait pas connu le virus Ebola auparavant. En avril, un comité d’experts de l’OMS a décidé que l’épidémie, bien que préoccupante, n’était pas encore une urgence sanitaire mondiale. (News Bénin web TV du 12/6 et France24 du 14/6))
-25 ans après le génocide des Tutsis, Rfi, les Voix du Monde, proposent de découvrir l’itinéraire d’une rescapée, Emilienne Mukansoro, l’une des initiatrices des premiers groupes de paroles dédiées aux femmes victimes de viols et de mutilations pendant les 3 mois des massacres , en avril, mai, juin 1994. Formée auprès du professeur Naason Minyandamutsa, psychothérapeute, pionnier au Rwanda, elle poursuit son œuvre en créant les premiers groupes de paroles dédiés aux bourreaux. (Rfi du 20/6)
Agro-industrie :
Bonne nouvelle pour les opérateurs de l’agro-industrie en Afrique. La Bande africaine du développement, l’UA et leurs partenaires ont annoncé l’installation d’un moteur de recherche dédiée à l’industrie agroalimentaire. Le projet est subventionné par le Fond d’assistance au secteur privé en Afrique (FAPA).
Les objectifs :
- le principal objectif est « d’identifier les possibilités d’investissement et de financement dans l’agriculture et l’industrie agro-alimentaire ».
- autres objectifs : « renforcer la connaissance du marché et mettre en place une veille économique au niveau des pays pour les chaînes de valeur prioritaire. [ ]
Pour l’heure, il axera ses activités sur le Rwanda, la Zambie, l’Ethiopie, le Kenya et sera mis en œuvre par Grow Africa « sous la tutelle de l’Agence de développement de l’UA ». .[ ]
(Synthèse Le Matin.ma du 16/6 et de la Tribune Afrique du 17/6)
Cette semaine les fonds d’investissement ECP ( Energing capital Partners réinvestit dans la Fintech Inter Africa transport Forest (IATF), une startup spécialisée dans la technologie financière basée à Maurice et qui permet aux entreprises de transport de mieux gérer et suivre leurs coûts.
Cet investissement au sein de Transport Forex constitue la 2e du genre de l’ECP au sein de Fintech.
La startup présente dans 11 pays en Afrique. [ ] La technologie, utilisée avec plus de 150 points de service, a été employée sur les routes de plusieurs pays d’Afrique centrale et australe comme l’Afrique du sud, la Zambie, le Rwanda, la RDC, le Mozambique, elle est disponible 24h /24. [ ] (La Tribune Afrique du 16/6)
-Le gouvernement rwandais va dépenser près de 200 millions $ pour améliorer les infrastructures de transport. De nouveaux projets permettront de lancer des travaux de construction, de réhabilitation et d’extension de différentes routes dans plusieurs régions du Rwanda soit 9,6 millions $.. Environ 27 millions $ serviront à rationaliser les transports publics à Kigali et à construire de nouvelles routes pour faciliter l’approvisionnement des marchés en produits agricoles et des projets pour l’amélioration du transport par voie fluviale à travers l’achat de bateaux et la construction de ports sur le lac Kivu soit 9,4 millions $. Ces frais sont dans le budget 2019-2020. (agence ecofin PUBLIC du 17/6)
Solutions solaires :
Le 22/5, la société britannique BBOXX a annoncé l’obtention d’un prêt de 08 millions $ auprès de Facility for Energy Inclusion Off-Grid Energy Access Fund (FE OCEF) « pour étendre la distribution de solutions solaires hors réseau au Rwanda, son plus grand marché ».
Le prêt octroyé en monnaie locale permettra d’atténuer les risques liés aux variations de change à moyen terme pour la société, les clients de BBOXX réglant la facture d’électricité –à partir de leur téléphone portable- en francs rwandais. [ ] (Energies-media du 17/6)
Rwanda : « Wakanda », ce projet de ville 100 % durable ».
Le réchauffement climatique sollicite près de 10 % du budget du Rwanda. A travers « Wakanda », le pays de P. Kagame a choisi d’en réduire l’impact de manière radicale. Le pari d’une ville verte est audacieux, mais à Kigali, on y croit d’autant plus que les autorités ont décidé d’en décliner le concept dans 6 villes secondaires.
Défi environnemental mais aussi défi économique autour de ce qui a été baptisé du non de code Green City. Les ingénieurs estiment entre 4 à 5 milliards $ l’investissement nécessaire à la construction de cette ville 100 %. Il faut miser sur des technologies vertes résilientes, notamment en matière d’urbanisation et de transport. De quoi le roder au Rwanda avant de l’exporter vers d’autres pays du continent africain à plus ou moins longue échéance.
Présentée dans les grandes lignes en mai, cette ville 100 % écolo a été rebaptisée « Wakanda » par la population rwandaise. [ ]
Début des travaux annoncé pour janvier 2020.
Les différentes études s’achèveront en décembre 2019.
Ce projet se déroule avec l’aide d’entreprises européennes, mais aucune française pour l’instant. Le Fonds vert rwandais (Fonerwa) avec le soutien financier de la coopération allemande, par l’intermédiaire de la Banque de développement, a entrepris l’étude de faisabilité. Succo, un cabinet d’ingénierie et d’architecture basé à Stockholm (Suède) a été retenu pour la mise en œuvre.
La ville verte : 620 hectares en périphérie de Kigali sera alimentée par des énergies renouvelables, grâce à des installations de biogaz et solaires ; elle disposera d’un traitement durable des déchets valorisant le recyclage, la récupération, la réutilisation de l’eau grâce à des réservoirs de stockage à l’échelle industrielle réduiront les captages pendant la saison sèche et réduiront les eaux de ruissellement amplifiées par la déforestation. Des forêts urbaines seront également préservées et étendues. Les habitants circuleront en véhicules électriques, vélos et motos électriques. Téléphériques envisagés pour les transports en commun. Matériaux locaux pour construire les habitations. [ ].
En théorie, la ville nouvelle pour 100 % écologique sera donc ouverte à tous les Rwandais, riches ou pauvres. Dans une deuxième phase, des bâtiments commerciaux, des immeubles de bureaux. (Le Point Afrique du 17/6)
Extension d’une route :
Le gouvernement rwandais a signé un accord de prêt de 42,8 millions $ avec la Chine en vue de l’extension de la route « Prince House » de 10,3 km dans la capitale Kigali pour faciliter la circulation et dégager l’accès à l’Hôpital Masaka, à la zone « économique spéciale de Kigali, à l’aéroport international de Kigali et à plusieurs institutions situées le long du parcours. On converti une route à double sens en une route à 4 voies. (Sahel Intelligence du 28/6)
Financements climatiques verts :
La Coalition for Green Capital accompagne le Rwanda dans l’amélioration de sa capacité de mobilisation des financements climatiques. Les 2 partenaires espèrent grâce à cette collaboration, accroître l’injection des financements privés dans les secteurs écologiques du pays.
Le Rwanda consacrera des investissements publics à la réduction des risques et à l’abaissement des autres barrières empêchant l’implication des investisseurs privés. [ ]
(agence ecofin PUBLIC du 27/6)
Agriculture :
-Le gouvernement rwandais et le Fonds International de Développement Agricole viennent de signer un mémorandum d’entente pour l’implantation de la première phase du Projet d’irrigation et de gestion intégrée des bassins versants de la province de l’est, une initiative dont le coût global est estimé à environ 25 millions $.
Le mémorandum d’entente, qui prévoit une contribution de la FIDA sous forme d’un prêt de 17,8 millions $ et d’un don de 8,3 millions $, a été signé à Kigali entre le président de la FIDA et le ministre rwandais de l’agriculture.
Ce projet vise à augmenter la résilience des zones agricoles face à la sécheresse grâce à la réhabilitation et protection des bassins versants, le développement de l’irrigation et l’installation d’institutions efficaces de gestion des infrastructures.
Cette initiative devrait appuyer 11 250 exploitants agricoles et bénéficier à 21 000 personnes à travers la construction de 35 citernes et forages d’irrigation de 2 275 hectares situés dans 8 zones arides localisées dans la province de l’Est. (SahelIntelligence du 27/6)
-Au Rwanda, des femmes misent sur le café pour faire bouger les lignes entre hommes et femmes. Angélique Finest, rwandaise, dirige Rwashosco, une coopérative qui regroupe 6 coopératives de production du café (dont 5 sont labellisées faitrade). Parmi eux, de nombreuses femmes. « C’est une tradition ». Dans mon pays, la plupart des activités agricoles sont portées par les femmes. C’est particulièrement vrai dans le secteur du café. Elles le cultivent, le récoltent, le trient... ». Pourtant, le café reste la propriété des hommes, qui engrangent les bénéfices.
Pour mettre fin à cette anomalie elle a eu l’idée de lancer un café 100 % africain. Quelque 200 femmes ont été engagées pour assurer le lancement de ce produit, notamment le packging et la mise en vente, des secteurs où elles étaient présentes. [ ]
En avril dernier, les prix du marché mondial du café est tombé à 0, 95 $ la livre, son taux le plus bas depuis 2006. (Metro Belgique du 29/6)
Des femmes aux commandes des motos-taxis au Rwanda :
Elles se faufilent au milieu des voitures coincées dans les embouteillages à Kigali. Moins chers et rapides, les engins à 2 roues sont beaucoup sollicités aux heures de pointe à Kigali.
Les femmes motocyclistes s’imposent progressivement dans un secteur traditionnellement dominé par les hommes ». Au début, les gens n’acceptaient pas notre présence et disaient qu’ils n’avaient jamais entendu parler de femmes conduisant des motos, que c’était impossible. Mais ils ont fini par s’habituer et certains clients nous recommandent même à leurs amis. Cette activité rapporte à ces femmes entre 14 et 19 $/ jour. « Ce travail est très important pour moi, car il m’aide à prendre soin de mes enfants, à avoir un toit et me donne assez d’argent pour payer les frais de scolarité de mes enfants ».
Environ 40 femmes formées par l’association Women Riders Rwanda sillonnent les rues de Kigali au quotidien. L’objectif est d’en former 200 à l’horizon 2020..(africanews du 27/6)
Culture :
-Le cinéaste rwandais Joël Karekezi va mettre sur grand écran l’histoire du capitaine Mbaye Diagne, soldat sénégalais des Casques bleus de l’ONU tué durant le génocide rwandais, après avoir sauvé de la mort des centaines de civils du Rwanda.
Mbaye Diagne a été honoré en 2011 à titre posthume par la diplomatie américaine à travers sa secrétaire d’Etat Hillary Clinton. Récemment, à Thiès, un centre d’entrainement tactique a été baptisé à son nom. (senegaj7.com)
-Des « tontines » pour aider à payer la dot au Rwanda :
L’association Twiyubake, établie dans la province orientale du Rwanda, aide à recueillir des fonds pour payer la dot.
La cérémonie de la dot est la plus importante et la plus difficile.
Selon la tradition rwandaise, la dot est considérée comme une bénédiction pour les beaux-parents pour leurs efforts d’avoir élevé une bonne épouse.
Pour cette communauté, le soutien financier est non seulement un moyen de s’assurer que ses membres respectent la culture, mais aussi de préserver cette tradition qui s’est transmise de génération en génération. Twiyubake permet aux membres d’emprunter de l’argent pour payer la dot pour répondre aux demandes culturelles. Quant un membre de l’association a besoin d’argent pour payer la dot, nous lui donnons le montant dont il a besoin et il le rembourse ensuite par versements échelonnés en fonction de ses moyens financiers. (BBC du 17/6)
5 rhinocéros noirs d’Afrique de l’Est en provenance de zoos européens (République tchèque, d’Angleterre et du Danemark) retrouvent la liberté au Rwanda. Ces 5 rhinocéros sont nés dans des zoos européens. Ils seront relâchés dans le Parc National de l’Akagana (Nord-est du Rwanda).
Le projet de réintroduction de ces grands mammifères dans la nature a démarré il y a plusieurs années de cela, mais la mise en œuvre a véritablement été amorcée en 2018. (Afrik 21 du 28/6)
Relations internationales
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P. Kagame, le 10/6, à Libreville : les pays africains « doivent travailler ensemble » contre le terrorisme pour parvenir à mettre fin aux menaces sécuritaires pesant sur le continent. Cette coopération est « nécessaire car certains problèmes traversent les frontières, ils ne sont pas confinés à une zone ou à un pays » a ajouté P. Kagame lors d « une conférence de presse en anglais à l’issue d’une rencontre avec le chef de l’Etat gabonais Ali Bongo Ondimba.
Des aides venues de l’extérieur du continent peuvent parfois compliquer encore plus les problèmes. La meilleure façon de résoudre les problèmes est de travailler avec les pays africains et l’UA et de venir ensuite les aider dans leurs initiatives ». (TV5Monde du 10/6)
Une réunion s’est tenue à Kinshasa du 5 au 6 juin, sous la facilitation du Mécanisme National de suivi de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RDC et les pays de la région. Cette rencontre s’est tenue avec l’appui de l’Envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour la région des grands lacs , du représentant spécial de l’UA pour la région des grands lacs, de la Communauté de Développement de l’Afrique.
Les chefs des services de renseignements du Rwanda, de Tanzanie, d’Ouganda et de RDC « ont convenu de l’urgence d’une action régionale coordonnée et concertée pour faire face à la menace posée par les forces négatives » lit- on dans le communiqué rendu public après 2 jours de travaux à Kinshasa.
Appel à une « action régionale coordonnée » contre des groupes armés. L’action consiste à assurer « un échange continu de renseignements, une analyse approfondie et consensuelle ainsi qu’une planification conjointe entre les services de renseignement et de sécurité des Etats concernés » indique un communiqué qui a sanctionné cette rencontre.
Les 4 pays ont constitué « un groupe de travail technique pour un état des lieux des groupes armés et des stratégies mises en œuvre pour les neutraliser.
HRW et le Groupe d’études sur le Congo (GEC) de l’université de New York, dans un rapport commun fin 2017, avaient répertorié 12 groupes armés et rébellions nationaux et étrangers opérant dans l’est de la RDC. Le groupe ougandais musulman Forces démocratiques alliées (ADF) et la rébellion rwandaise des FDLR sont considérés comme les plus redoutables dans la région. Toutes les initiatives pour éradiquer ces groupes armés par l’armée congolaise, les Casques bleus de l’ONU ou dans le cadre des opérations conjointes avec les armées des pays voisins n’ont jamais abouti. (Le Figaro.fr du 7/6)
Contre le jihad en Afrique, P. Kagame sonne le rassemblement des pays africains. La coopération entre pays africains contre le terrorisme est une nécessité absolue pour le président du Rwanda. Sinon cela sera un échec selon lui. P. Kagame prend les choses en main. Quelques heures après un nouvel épisode du cycle d’atrocités intercommunautaires qui frappe le Mali depuis plusieurs mois, attisé par les jihadistes locaux, le président rwandais fait ce constat : les pays africains « doivent travailler ensemble » pour lutter contre le terrorisme sinon » Nous ne réussirons pas à mettre fin aux problèmes sécuritaires sur le continent. C’est aux Africains de résoudre les problèmes africains. Cette coopération est « nécessaire » car certains problèmes traversent les frontières, ils ne sont pas confinés à une zone ou à un pays. La résolution des problèmes africains doit être africaine. Des aides « venues de l’extérieur du continent peuvent parfois compliquer encore plus les problèmes »a-t-il développé dans une allusion à l’opération française Barkane au Mali. »
Tout n’est pas rose à Kigali. P. Kagame est l’homme fort du Rwanda depuis que le FPR a renversé en juillet 1994 le gouvernement extrémiste Hutu. Ce dernier avait déclenché un génocide qui a fait 800 000 morts entre avril et juillet 1994, essentiellement parmi la minorité Tutsi. Depuis, le président rwandais est crédité du spectaculaire développement, principalement économique, d’un pays exsangue au sortir du génocide. Mais il est accusé de bafouer la liberté d’expression et de réprimer toute opposition. (franceinfo du 12/6)
Réunion des renseignements à Kinshasa :
L’absence des chefs de renseignement burundais à Kinshasa avec les autres chefs des services de la région a été très remarquée. L’ordre du jour était la lutte contre les groupes armés congolais ou étrangers qui sévissent dans l’est du Congo. Cette réunion était prévue de longue date lors d’un sommet à Kampala l’an dernier. Elle n’avait pas pu être organisée depuis, notamment en raison de la montée des tensions entre le Rwanda et ses voisins mais aussi à cause des élections en RDC.
La CIRGL (Conférence internationale de la Région des Grands Lacs) et le SADC (Communauté de développement de l’Afrique Australe) et surtout l’ONU avaient beaucoup visé sur cette réunion, espérant relancer la coopération régionale et apaiser les tensions. Ils avaient demandé l’investissement du président Tshisekedi qui avait lui-même invité les autorités burundaises à participer à cette réunion. Pourquoi le Burundi n’est pas venu ?
Le 28/4, Félix TshIsékédi avait envoyé un de ses envoyés spéciaux rencontrer P. Nkurunziza pour évoquer une future rencontre entre les 2 chefs d’Etat et obtenir son accord pour cette réunion (source onusienne) .Le jour J seul un officier burundais du mécanisme régional de vérification se présente, il refuse de prendre part au débat. Ce qui n’a pas empêché le bureau de l’envoyé spécial de l’ONU pour les Grands Lacs de parler d’une participation du Burundi, au gram dam de Bujumbura.
Côté burundais, plusieurs officiels ont justifié cette absence par le soudain rapprochement entre Kinshasa et Kigali. « P. Kagame est partout, F. Tshisekedi le fait applaudir dans un stade de kinshasa, sa propre femme paradait encore ce week end à Kigali ».Depuis son investiture F. Tshikesedi n’a pas encore rencontré son homologue burundais, alors qu’il a vu la plus part de ses voisins et notamment P. Kagame. La diplomatie burundaise se refuse à parler de brouille. [ ]
Relations Rwanda-Gabon :
Le président P. Kagame attendu le 10/6 à Libreville pour une visite de travail et d’amitié avec Ali Bongo Ondimba. Les 2 présidents partagent une même convergence de vues sur les questions relatives au développement de leurs sous régions et du continent africain. Le 10/6 P. Kagame est le 6e invité de marque à être reçu par le chef d’Etat du Gabon au lendemain de la cérémonie commémorative marquant le 10e anniversaire de la disparition de feu Bongo Ondimba. Ils ont examiné l’état de leurs relations bilatérales entre les 2 pays et ont dressé des perspectives d’avenir. (Gabonactu.com du 9/6)
Relations Rwanda-RDC :
Denise Ngakeru Tshisekedi au Rwanda pour une visite avec Jeannette Kagame. Les 2 femmes devraient discuter de leurs engagements sociaux. Madame D. N. Tshisekedi est au Rwanda depuis le 9/6, où elle a été accueillie à la frontière dans le district de Rukavu par son maire parmi d’autres responsables
J. Kagame engagée dans la lutte contre le VIH, est la fondatrice et la présidente de la fondation Imbuto. En mai 2001, elle avait accueilli, à Kigali, le premier sommet africain des premières Dames sur les enfants et la prévention du VIH/Sida. Ce sommet a conduit à la création du PACFA (Protection and Care of Families against VIH/AIDS ou Protection et prise en charge des familles contre le VIH/sida), une initiative qui se concentre sur la prévention auprès de tous les membres des familles, bien que par la suite d’autres sujets que la maladie aient été inclus comme projets.
Denise Ngakeru Tshisekedi, en mai dernier a lancé le mouvement « PLUS FORTES » à travers la « Fondation Denise Ngakeru Tshisekedi ». Cette fondation s’articule autour de 4 axes mettant en valeur l’éducation, la santé et l’entreprenariat des congolaises. Sa vision est de contribuer à une société congolaise dynamique où la femme sera libre, forte, valorisée et apportera des progrès et un regard innovant autour des valeurs du travail, de l’éthique, de la patience ainsi que de la persévérance.
- Encourager la formation des filles aux sciences et aux technologies de l’information,
- Soutenir les femmes souffrant des maladies silencieuses telles que le cancer, les fistules obstétricales et la drépanocytose,
- S’agissant des violences basées sur le genre le but est d’encourager une évolution des modèles comportementaux des filles et des garçons afin de plaider l’égalité des sexes.
Le 9/6,à Kigali, lors d’un diner officiel offert par Madame Kagame, les premières dames du Rwanda et de RDC ont fait vœu d’œuvrer pour le bien-être de leur population respective.
Etaient également présents de hauts fonctionnaires des 2 pays.
(Synthèse d’Actualité.cd du 9/6 , de mediacongo.net et de News Benin webTVdu 10/6)
-Le 9/6, la première dame de la RDC est arrivée au Rwanda. Elle rencontrera J. Kagame pour une visite officielle de 2 jours. Denise Ngakeru Tshisekedi , après avoir fait applaudir P. Kagame, l’Hitler africain, bourreau du peuple congolais , au stade des Martyrs de la Pentecôte, lors du deuil d’E. Tshisekedi, est envoyée par son journal au Rwanda. Elle a vécu à Londres, avec un passeport diplomatique rwandais. Avant que Scotland Yard exige son départ du territoire britannique, à cause de ses bévues et turpitudes. Elle se retrouve à Bruxelles. [ ]( Médiapart du 10/6)
Relations Rwanda- Ouganda :
-Le 2 juin, un responsable du gouvernement ougandais affirme que des soldats rwandais ont empêché environ 200 de leurs compatriotes de traverser la frontière avec l’Ouganda pour participer à un pèlerinage chrétien, la fête des Martyrs de l’Ouganda célébrée le 3 juin. C’est un nouveau signe de la dégradation des relations entre les 2 pays.
Le Jour des Martyrs commémore l’exécution de 45 personnes qui se sont converties au christianisme dans les années 1880. Leur mort avait été ordonnée par le Roi de Buganda, l’une des régions de l’Ouganda actuel. (La Libre Belgique) Mais la Croix parle de 22 saints de l’Eglise catholique torturés et tués entre 1885 et 1887, sous le règne du roi Mwanga. Ils ont été canonisés le 18/10/1964 par le Pape Paul VI. Ils sont fêtés tous les 3 juin. A cette occasion, des centaines de milliers de personnes se rendent à Namugongo, près de Kampala pour prier. Voire un million de pèlerins du monde entier.
Plusieurs centaines de personnes vont habituellement en Ouganda pour cet évènement. En février le Rwanda a fermé sa frontière avec l’Ouganda. L’accès a été interdit par la force aux commerçants rwandais qui sont nombreux à y travailler. Des pèlerins ont été stoppés.
Fin mai la police ougandaise a accusé des soldats rwandais d’avoir pénétré de force dans le pays et d’avoir tué 2 hommes. Le Ministre d’Etat rwandais pour l’Afrique de l’est a affirmé ne pas être au courant de l’affaire des pèlerins.
Cela montre combien les relations entre l’Ouganda et le Rwanda sont devenues mauvaises. Une responsable du gouvernement ougandais à Kauma, ville frontalière avec le Rwanda : « on contrarie maintenant le droit des gens à prier ».
Des pèlerins de RDC et du Burundi ont pu traverser cette frontière sans problème.
Le 3/6, à Kigali, l’archevêque catholique du Rwanda a célébré une messe pour les pèlerins qui n’ont pas pu se rendre en Ouganda.(Synthèse de La Libre Afrique et de la Croix du 4/6)
-Précarité des relations politiques entre P. Kagame et Y. Museveni : Les relations amicales et même de type « fraternelles » sont toujours conjoncturelles. Lorsque les intérêts ne sont plus convergents mais divergents, la rupture est inévitable, comme en témoignent les relations entre Y. Museveni (75 ans) chef de l’Etat de l’Ouganda et P. Kagame (61 ans), chef de l’Etat du Rwanda.
Probablement, Y. Museveni n’aurait pas réussi aussi facilement son coup d’Etat contre Milton Obole puis Tito Othello et s’emparer définitivement du pouvoir à Entebbe en 1986, sans l’aide précieuse de ses services de renseignements dirigés par le jeune Tutsi rwandais P. Kagame, alors âgé d’une vingtaine d’années et son contingent d’exilés Tutsi pour la plupart nés en Ouganda. De même, les rebelles du FPR de P. Kagame, formés et aguerris en Ouganda, n’auraient pas pris le pouvoir aussi rapidement en juillet 1984, contrer le régime génocidaire, sans l’armement et les cadres issus du National Resistance Army (NRA) de Museveni et leurs sanctuaires situés en Ouganda.
Y. Museveni était redevable envers P. Kagame en 1986 et P. Kagame pouvait être reconnaissant envers Y. Museveni en 1994.
Bien que n’appartenant pas à la même génération, Y. Museveni et P. Kagame ont beaucoup de points communs. Ils appartiennent tous les 2 à l’ethnie Tutsi. Formés au système britannique, ils sont des spécialistes du renseignement militaire et sont d’excellents stratèges. Ils sont également habités par des poussées expansionnistes visant le Zaire qui deviendra la RDC et son eldorado minier. [ ]
Première guerre du Congo (1996-1997) des coalisés ougandais et rwandais. Les militaires de Museveni et Kagame chassèrent rapidement Mobutu et portèrent au pouvoir Laurent-Désiré Kabila.
Deuxième guerre (1998-2003) : éradication des camps d’opposants au président Kagame, pillage des immenses richesses du Kivu et du KassaÏ , massacres de population par les Interahamwe Hutu réfugiés en RDC.
Laurent-Désiré Kabila dut se résoudre à chasser ses anciens protecteurs. Après son assassinat en 2001, son fils Joseph Kabila essaya en vain de mettre fin au pillage des ressources minérales de la RDC orientale. [ ]
Museveni et Kagame vont mettre en doute la confiance qu’ils avaient réciproquement l’un pour l’autre. La paranoïa prit vite le dessus chez ces 2 autocrates qui n’autorisent aucune opposition. [ ]
P. Kagame n’admet pas que son ancien compagnon de route puisse rencontrer des leaders de son opposition comme ceux du Congrès national rwandais ou héberger des rwandais hostiles à son régime comme Tibert Rujugiro, richissime homme d’affaires et magnat du tabac qui ne cache pas son opposition active à Kagame.
Y. Museveni, soupçonne P. Kagame de préparer son renversement et de mener des actions subversives. [ ] (Mondafrique du 9/6)
Relations Rwanda- Ouganda- RDC :
Kisangani : « Guerre de 6 jours ( du 5 au 10 juin 2000) ».
Le mouvement citoyen La Lucha somme l’Ouganda et le Rwanda pour justice et réparation des préjudices.
Depuis le 4 juin La Lucha organise une série d’activités para-démocratiques pour la commémoration de l’anniversaire funeste des affrontements entre l’Ouganda et le Rwanda. qui ont émaillé Kisangani en juin 2000.
- travaux communautaires au cimetière où reposent les morts victimes de cette guerre,
- marche pacifique suivie d’un sit-in au gouvernorat de la province de Tshopo.
Bilan de cette guerre : 1200 morts, 3000 blessés, 7000 obus tirés sur le sol congolais.
« La Lucha demande au président de la république de la RDC de s’impliquer dans ce dossier et qu’il saisisse le Conseil des Nations unies à fin d’imposer l’Ouganda à s’exécuter ».
En 2005, la RDC avait déféré devant la Cour internationale de justice ces 2 Etats (Rwanda et Ouganda). La requête avait été rejetée contre le Rwanda vue qu’il ne reconnaissait pas la compétence de la Cour mais l’Ouganda était incriminée à réparer tous les préjudices liées à cette guerre. Cette réparation n’a jamais été faite nonobstant des négociations entre Kinshasa et Kampala destinées à trouver les modalités des causes.(Politico.cd du 9/6)
Relations Rwanda- Côte d’Ivoire :
Les relations entre ces 2 pays sont au beau fixe. Le visa, un document précieux et officiel délivré par les autorités compétentes d’un pays, qu’un étranger doit présenter lors de son entrée sur le territoire de celui-ci. Selon la législation de chaque pays, les visas sont exigés pour tout ressortissant étranger, soit en fonction du visiteur.
Ce 11 juin , selon des sources bien crédibles, Kigali a décidé de supprimer le visa pour les Ivoiriens désireux de se rendre au Rwanda pour une visite ou un séjour de 90 jours( 3 mois)
Le Rwanda a dispensé de l’obligation de visa les ressortissants de la Côte d’Ivoire souhaitant se rendre dans ce pays de l’Afrique de l’Est .Cet accord a été conclu lors de la visite de P. Kagame à Abidjan en décembre 2018. L’objectif était de faciliter la circulation de leurs ressortissants sur les territoires des 2 pays.
Le 7/6, l’exemption de visa a été approuvée lors d’un Conseil extraordinaire des Ministres présidé par P. Kagame. (Synthèse d’ActuDaily du 10/6 et deakody.com du 12/6)
Relations Rwanda- Sénégal :
-Le 8 juin, à Dakar, le cinéaste rwandais José Karekezi a présenté son film « La miséricorde de la jungle » devant de nombreux diplomates. Cette jungle, omniprésente dans le film sert aussi de refuge pour 2 Rwandais Xavier, un sergent de guerre rwandais et Faustin, un soldat inexpérimenté.(APS du 9/6)
-L’association de la Communauté rwandaise du Sénégal annonce organiser le 29 juin, à Dakar, à l’Université Checkh Anta Diop , une conférence internationale pour marquer la 25e commémoration annuelle du génocide perpétré contre les tutsi au Rwanda , en 1994.
Manifestation organisée en partenariat avec l’ambassade de la République du Rwanda au Sénégal.
Thème : « Les leçons du Rwanda : avant, pendant et après le génocide perpétré contre les Tutsi en 1994 ».
A l’heure où « la méfiance, la domination, la discrimination, l’exclusion, l’extrémisme et le terrorisme s’édifient autour du monde, le Rwanda post génocide se veut une source des solutions conciliatrices, pacifiques et transformantes. (Synthèse d’ APS (journal sénégalais du 28/6 et deLACTUACHO.Com du 29/6)
Relations Rwanda-Egypte :
Le 3 juin, au Caire, le ministre égyptien des affaires étrangères Sameh Choukri s’est entretenu avec son homologue rwandais, Richard Sezibera , des moyens de renforcer les relations bilatérales et des questions régionales d’intérêt commun dont la situation dans la région des grands lacs, les développements au Soudan et la coopération entre les pays riverains du Nil.
Le ministre égyptien des affaires étrangères indique que son pays aspire à tenir la 2e session de la Commission mixte égypto-rwandaise pour examiner les différents volets de la coopération dont notamment la hausse des échanges commerciaux et les investissements communs.
En avril dernier, P. Kagame a rendu visite au Caire pour participer à un sommet sur le Soudan et à un sommet sur la Libye.
Choukri a souligné l’attachement de l’Egypte à poursuivre les concertations avec le Rwanda pour examiner les questions du continent, du fait de leur affiliation à la Troïka de l’UA. [ ] (ActuDaily du 5/6)
Relations Rwanda-Madagascar :
Célébration de la fête nationale de Madagascar le 26 juin : annulation du traditionnel banquet trop budgétivore, défilé militaire, les incontournables spectacles des feux d’artifice très coûteux sont maintenus. P. Kagame sera l’invité d’honneur cette année. Il sera le seul chef d’Etat qui assistera à cette cérémonie. (tribune.com du 7/6)
Relations Rwanda-Pays- Bas :
Le 9 juin, à Kigali, un Conseil Extraordinaire a approuvé Matthijs Wolters comme ambassadeur extraordinaire et Plénipotentiaire des Pays- Bas au Rwanda. Actuellement il est basé à Bagdad.
Le Rwanda et les Pays-Bas entretiennent une collaboration fructueuse, notamment dans les domaines de la gestion de la justice, dans celles des ressources en eau, de l’agriculture, de l’éducation. (ActuDaily du 10/6)
Relations Rwanda-Belgique :
Les activités obscures de l’ambassade du Rwanda à Bruxelles.
« Les services belges ont été informés de l’existence d’escadrons de la mort en Europe ».
Cette phrase prononcée par le chef du comité de contrôle des services de renseignements belges en juin 2018 a été le déclencheur d’une vaste enquête de la rédaction de Jambonews. Pendant près d’un an, de Bruxelles à Kigali en passant par Paris, nous nous sommes intéressés aux réseaux de renseignements et de sécurité rwandais en Europe que les autorités belges désignent comme des « escadrons de la mort ». Nous avons eu l’occasion de rencontrer une dizaine d’individus impliqués directement ou indirectement dans ces réseaux de renseignements rwandais opaques. Ils ont accepté de nous parler et de nous rencontrer et de nous raconter les tenants et les aboutissements des activités obscures menées sous la coordination de l’ambassade du Rwanda à Bruxelles.
Leur anonymat a été préservé pour des raisons de sécurité. [ ]
En 2014 mise en place de l’ « Intervention group » sous la forme d’un service de sécurité et de renseignement officieux pour le compte des autorités rwandaises en Europe
- pour déstabiliser les activités et projets de l’opposition politique,
- mener des activités de renseignement au sein de la communauté rwandaise en Europe,
- protéger les membres de la diaspora qui soutiennent le pouvoir du FPR,
- assurer la protection de P. Kagame lors de ses déplacements en Europe etc...
Le groupe est organisé en 3 cellules :
- une cellule de mobilisation,
- une cellule pour la finance,
- une cellule d’Appui.
Gustave Ntwaramuhato, depuis 2015, pilote depuis l’ambassade du Rwanda à Bruxelles l’Intervention group. Très discret, on le voit très peu dans les sorties dans Bruxelles. Il semble constamment à la tâche. Il travaille beaucoup. Il est proche de Louise Mushikiwabo.
Incidents en marge des visites de P. Kagame
Systématiquement à chacune des visites de P. Kagame en Europe occidentale, la Republican Guard qui accompagne le président rwandais dans chacun de ses déplacements, fait appel à l’ « Intervention group ». Par exemple, en mai 2018, P. Kagame est invité en France pour une visite qui devait marquer le réchauffement des relations entre le Rwanda et la France. Pour l’occasion ce n’est pas moins d’une vingtaine de membres de l’Intervention group qui ont fait le déplacement de Bruxelles vers Paris pour porter main forte à la Republican Guard.
A l’occasion de la visite conjointe que devait mener les présidents Macron et Kagame au salon des nouvelles technologies de Paris, Vivatech, près d’une centaine de personnes avaient été recrutées par les services rwandais pour surveiller les alentours, cadenasser les manifestants et veiller à ce que la visite se déroule sans accrocs. [ ]
Mais plusieurs fois, des membres de l’Intervention group sont intervenus :
- En juin 2017, à l’occasion d’un Rwanda Day organisé à Gand, plusieurs opposants rwandais ont été attaqués lors de cette semaine où Kagame était en Belgique.
- Le père Athanase Mutarambiwa, très engagé sur les droits de l’homme au Rwanda rentrait chez lui après une manifestation hostile à la présence de P. Kagame en Belgique. Il a été agressé, roué de coups et on lui a volé son appareil photo dans une embuscade qui visait Thomas Nahimana, ex-candidat déclaré à l’élection présidentielle de 2017.
Le père Asthanase M. et son compère ont été victimes d’une section d’une dizaine de membres de l’ Intervention gtoup. [ ]
« Intervention group », une milice rwandaise en pleine capitale de l’Europe. [ ] (JamboNews . net du 26/6)
Relations Rwanda-Chine :
A Changsha, première exposition économique et commerciale Chine-Afrique. Le géant chinois de l’Internet Alibaba occupe un espace discret au premier étage de plus de 18 000 m2 au Centre International des Congrès du Hunan (lieu principal de l’exposition, à moins de 100m du Pavillon du Rwanda. Le Rwanda abrite depuis octobre 2018 le premier centre africain de l’eWTP (Electronic World Trade Plateform) initiative proposée en 2016, par Jack Ma , fondateur d’Alibaba. A la fondation d’Alibaba il ya une dizaine d’années, Jack Ma avait pour rêve de voir un jour les agriculteurs et entrepreneurs africains vendre leurs produits via internet sur le marché international, estimant que cela serait le succès d’Alibaba.
En octobre 2018, Tmall.com a organisé une promotion de vente de produits africains, principalement pour le café rwandais. En une seule journée, la plateforme a écoulé plus de 500 Kg de café du Rwanda, soit l’équivalent du volume vendu sur l’ensemble de 2017. [ ]
(French Xinhuanet, com du 58/6)
Francophonie :
-Le 10 juin, à Montréal, Louise Mushikiwabo, secrétaire générale de l’OIF lance la Conférence de l’OIF. Lors de son allocution pour donner le coup d’envoi de cette conférence, elle a parlé du thème de cette année : « Mener le changement » comme étant cher à ses yeux, car « si nous ne menons pas le changement, le changement va nous mener ». Elle a évoqué l’excellent taux de croissance que vit présentement le Rwanda, son pays d’origine, qui, « après s’être relevé d’une immense tragédie qu’il a connu il y a 25 ans, a atteint une parité homme/ femme presque parfaite à plusieurs niveaux ». Le rôle des femmes au Rwanda comme ailleurs, à tous les niveaux de la société, n’est plus à démontrer.
L’égalité est un principal « capital », sans l’apport et la participation active des femmes, il sera difficile d’avancer. « Les femmes sont au cœur de toutes les activités liées au progrès : l’éducation, l’environnement, la santé, les affaires, donc pour moi, ce n’est pas un choix, ça s’impose » [ ]
La jeunesse ne demande qu’à travailler, créer, innover, prendre part aux décisions, mais elle a besoin pour cela d’encouragements et de formation. [ ]
Elle a demandé aux nations de voir l’Afrique comme un partenaire, et non pas « le sujet de charité. [ ]
Le 12 juin, Louise M. sera dans la capitale nationale pour y rencontrer le premier ministre du Québec. (Metro Montréal du 10/6)
- 27e session régionale africaine de l’Assemblée Parlementaire de la Francophonie. L’APF regroupe 26 pays dont le Rwanda et le Burundi.
Des membres des parlements de 20 pays africains ont insisté sur l’impératif de stimuler davantage les échanges commerciaux entre les pays africains, grâce notamment à la zone de libre échange continentale, tout en appelant à la création d’une commission parlementaire dédiée à ce projet panafricain.
L’accent a été également mis sur les menaces sécuritaires qui pèsent sur nombre de pays de l’Afrique francophone. [ ] (Atlas Info.fr du 16/6)
Relations Rwanda-France :
Enquête sur le génocide pendant 10 ans et la responsabilité de la France :
-Interview de Raphaël Glucksmann : En 1990 des réfugiés rwandais essayent de rentrer chez eux au Rwanda. Il y a une guerre civile au Rwanda. La France, F. Mitterrand, choisit de soutenir le gouvernement de J. Habyarimana. Erreur tragique du gouvernement français de soutenir J. Habyarimana.
L’amiral Jacques Lanxade : la France a fait ce qu’elle devait faire. Elle a des valeurs.
En 1990. La Belgique se retire du Rwanda. (C News du 5/6)
film avec des images floues, des paroles difficiles à comprendre.
Le génocide du Rwanda n’est pas un enjeu de politique électorale européenne. (20 minutes du 16/6)
-R. Glucksmann : » La France a armé, soutenu financièrement, soutenu politiquement des génocidaires » et Mitterrand en est notamment responsable.
R. Clucksmann crache sur la tombe de François Mitterrand. Le gotha de la Mitterrandie (Védrine, Cresson, Lang, Quillés sont sortis de leur réserve pour condamner les propos inacceptables tenus ces dernières semaines, et en particulier le 5/6 par R. Glucksmann. Ce dernier reprenant une antienne connue a accusé F. Mitterrand –et par là, l’armée française- d’avoir participé au génocide au Rwanda. [ ] Au contraire, l’action de la France au Rwanda est tout à l’honneur de la France, de son armée et de F. Mitterrand.
23 anciens ministres de F. Mitterrand ont écrit une lettre au patron du PS pour se plaindre des propos de R. Glucksmann.
Discret hommage du ministère des armées aux soldats de Turquoise célébrera le 14/6, au Musée de l’armée aux Invalides, un colloque sur les 25 ans de l’opération Turquoise. Des photographes, un documentaire, des témoignages d’anciens soldats.
La ministre de l’armée F. Parly : L’idée de cet hommage est « partagée par tout le monde, le cabinet, les 3 armées, l’état major. Il s’agit d’aborder le sujet de façon opérationnelle, on ne fait pas de politique ». Elle a décidé de commémorer les 25 ans de « l’opération Turquoise » en donnant la parole à des soldats dans un colloque totalement inédit.
C’est l’amiral Jacques Lanxade , ancien chef d’état major de F. Mitterrand qui officiera.
François Lecointre clôturera le colloque.
Colloque annoncé au dernier moment par la presse.
Le 14 juin, aux Invalides, dans le sous sol du Musée de l’armée, un colloque inédit a rendu hommage aux soldats de l’opération « Turquoise » qui, du 22/6 au 21/8/1994, se sont interposés dans le génocide en cours des Tutsi par le régime Hutu qu’avait soutenu longtemps la France.
L’opération Turquoise a été autorisée le 22/6/1994 par le Conseil de sécurité des Nations unies. Celle-ci fut déclenchée pour faire cesser les massacres contre les Tutsis au Rwanda.
La ministre des armées a regardé la projection d’images d’archives. Puis elle a ouvert le colloque avec des larmes dans les yeux.
Pourquoi la France n’a-t-elle pas arrêté les génocidaires pendant l’opération « Turquoise », alors qu’elle a été accusée de complicité de génocide ?
L’amiral J. Lanxade , ancien chef d’état –major des armées (1991-1995) et ancien chef d’état- major particulier de F. Mitterrand (1989- 1991) a rappelé l’objectif « humanitaire » de la mission : « Dès que nous sommes intervenus, très rapidement les massacres se sont arrêtés. La France n’a pas à rougir de ce qu’elle a fait au Rwanda. Cette prise de conscience de ce qu’était réellement Turquoise pourra peut-être faire en sorte que l’honneur des soldats français sera restauré »
La ministre des armées a organisé ce colloque pour donner la parole aux soldats français : un chef de peloton, un adjudant chef, un médecin, un caméraman de la défense, un aumônier, et, pour la première fois, le chef d’état major des armées en activité : des militaires ont raconté publiquement « leur » opération au Rwanda et dit qu’ils en étaient fiers ».
Ce génocide qui a fait 800 000 morts, ceux qui témoignent ont parfois évoqué l’indicible : la « catastrophe, les « foules incroyables », les « cadavres incroyables », les « cadavres partout », les « gens au bout de leurs forces ».
Le colonel Loïc Mizon, chef de peloton au régiment d’infanterie-chars de marine : « Notre mission était de sauver tous ceux qui pouvait l’être, c’était une mission humanitaire » avec à certains moments des « actions de guerre ».
Il a raconté le contraste entre 2 images : « l’enthousiasme délirant de la population rwandaise à notre arrivée, on nous jetait des fleurs le long des routes, la population nous acclamait, nous arrivions en libérateurs » et « très rapidement » une forme de malaise s’installe- les gens qui nous acclamaient ne sont pas ceux qui nous venons aider ». [ ]
La version officielle de « Turquoise » remise en cause.
Le général Eric de Stabensath , chef des opérations au régiment infanterie-chars de la marine : « La presse était présente partout. C’est hallucinant qu’on puisse imaginer qu’on ait fait un certain nombre de choses alors qu’on était sans cesse sous le regard de la presse, des ONG, d’unités étrangères, d’observateurs de l’ONU ».
Le général F. Lecointre, fut lui aussi un acteur de l’opération comme capitaine de l’infanterie de marine : Turquoise était « une très belle mission ». Ce colloque était une nécessité pour « lutter contre la simplification abusive, la tentation de la polémique et « le » jugement à postériori de l’action de l’armée française. Il a dénoncé une « déformation des faits », une « perversion de la réalité ». Turquoise était une « opération très française dont la légitimité n’est pas contestable » conduite par des « soldats très français, à la discipline intelligente, nous pouvons en être fiers ». « Qu’est ce qui me garantit que dans 25 ans, on n’ira pas dire que les soldats français sont coupables par défaut de massacres de Dogons par des Peuls. Je n’en sais rien ». (Synthèse du Monde du 10/6 et de La Croix du 15/6)
En peine commémoration de Bisesero, les juges d’instruction cèdent la place aux historiens.
-25 ans, jour pour jour , après les 3 jours de massacres qui se sont poursuivis au vu et au su de l’armée française dans les collines de Bisesero du 27 au 29 juin 1994, les rescapés et les autres parties civiles ont appris hier matins le rejet d’une demande de réouverture de l’instruction d’une plainte visant la chaine de commandement militaire et politique de l’Opération Turquoise.
Comme il était prévisible le juge d’instruction en charge de la procédure ouverte contre X pour complicité du génocide et crimes contre l’humanité concernant les faits survenus à Bisesero a rejeté les demandes de réouverture de l’information et d’actes complémentaires déposés par les parties civiles les 17 et 19 juin 2019. De telles demandes étaient irrecevables depuis plusieurs mois et aucune disposition du code de procédure pénale n’autorisait la réouverture de l’information.
Or depuis l’avis de clôture de l’information le 27 juin 2018, est survenu un élément nouveau et essentiel. E. Macron a ordonné la Création d’une Commission de chercheurs chargée de la remise d’un rapport sur le rôle et l’engagement de la France au Rwanda. Cette commission bénéficiera de ce qui a été refusé à la justice, c’est-à-dire la communication de l’intégrité des archives, y compris celles couvertes par le « secret défense », malgré les demandes anciennes et répétées des parties civiles.
Les parties civiles demandaient aux juges d’instruction de solliciter une nouvelle fois, la levée du secret défense de documents ciblés et utiles à la manifestation de la vérité.(Communiqué de la FIDH du 28/6)
En soutien aux survivant(e)s rwandais, aux parties civiles comme Survie donc, puisque effectivement, cette démission de la justice invite à penser que les Historiens de la Commission gouvernementale vont décliner le reste de FAUX ARGUMENTS en faveur de la promotion de l’impunité, « des politiques et militaires français », qui, tout en préservant la présomption d’innocence, sont accusés de complicité du GENOCIDE » . [ ]
(criaeau-justice-pour-bisesero-dossier-rwanda-France-compice-du-genocide-analyse-et )
Blog de Laurent Beaufils sur le Club de Médiapart du 6/6)
La paix et la réconciliation avancent-elles ?
Laurent Munyandilikirwa , Rwandais, ancien avocat au Barreau du Rwanda, défenseur des DH engagé dans les actions globales de paix et de réconciliation pour la dignité humaine, présente la situation au Rwanda 25 ans après le génocide qui a suivi une guerre de 4 ans.
Après une guerre de 4 ans déclenchée le 1er octobre 1990 et qui a débouché sur un génocide, des crimes contre l’humanité, des crimes de guerre et d’autres violations massives des droits de l’homme, les Rwandais se souviennent des proches, des amis, des voisins et des centaines de milliers d’autres concitoyens victimes de génocide.
Cette guerre et ces violations des droits fondamentaux sont la conséquence directe de la mauvaise gouvernance successive des différents régimes à la tête du pays des mille collines durant plusieurs décennies. Elles sont aussi le résultat de la mauvaise gestion des crises et des migrations forcées qu’elles ont générées et qui ont bousculé toute la région ouvrant droit à une rébellion de réfugiés, soutenue par les pays limitrophes et parrainée par communauté internationale. La gouvernance actuelle a-t-elle fait la différence pour rassurer la population dans sa globalité dans la gestion des crises issues de la guerre pour la paix et la réconciliation ?
Gestion de l’après –guerre
Reconstruction du pays : des réformes ont été initiées dans le cadre administratif, judiciaire, foncier, sécuritaire, économique, des droits de l’homme et d’ouverture régionale et internationale. Actuellement, même s’il y a des contestations des chiffres sur la pauvreté, sur le plan économique, le pays force l’admiration régionale et internationale par ses constructions d’immeubles, de routes et d’autres structures ainsi que par ses plans de développement, la place de la femme dans la gouvernance, l’assurance maladie pour tous etc..
Le pays est présent partout avec sa diplomatie agressive dans les instances internationales notamment dans l’OIF, East African Community, UA. Mais cette diplomatie a créé aussi des frictions sécuritaires avec les pays frontaliers.
Domaine des droits de l’homme et de la justice
Le TPIR créé en 1994 par les Nations unies a fonctionné de 1995 à 2015 à Arusha en Tanzanie. Il a inculpé 93 personnes et seuls 80 accusés ont été jugés. Ce tribunal a refusé de juger les crimes de masse et autres violations des droits de l’homme et humanitaires reprochés aux responsables du Parti FPR, actuel parti au pouvoir dirigé par P. Kagame, sa compétence se limitant aux personnes présumés responsables d’actes de génocide ou d’autres violations graves du Droit international humanitaire commis sur le territoire du Rwanda et sur les territoires voisins entre le 1er janvier et le 31 décembre 1994.
Au niveau national, loi du 30 août 1996 [ ] , des chambres spécialisées auprès des tribunaux classiques pour juger les crimes contre le génocide et autres crimes commis contre les Tutsis couvraient toute la période de la guerre du 1er octobre 2010 au 31 décembre 1994.
Contrairement au TPIR elles ont été fonctionnelles jusqu’en 2002. Plusieurs personnes , assistées pour la plupart par des avocats non formés et intimidés par cette situation post-conflictuelle et organisée par une partie en conflit, qui a gagné la guerre, seront jugés par des juges non formés.22 personnes condamnées seront exécutées à l’issue de ces procès.
Dans le domaine de la justice et des droits de l’homme
Les juridictions Gacaca* ont été créées par la loi du 16 janvier 2001. Elles comprenaient des personnes appelées juges intègres mais sans formation juridique, ayant juste reçu une formation ad hoc sur les procédures de ces juridictions. Ces juges pouvaient condamner à des peines allant des travaux d’intérêt général, à des réparations pour les crimes contre les personnes et à la prison à vie. Plus d’un million de personnes d’ethnie Hutu ont été jugées par ces tribunaux populaires sans assistance d’un avocat ou d’un conseil. Gacaca, dans la tradition rwandaise, était un mécanisme de résolution des conflits compétent pour juger des conflits entre membres de la communauté et maintenir l’ordre et l’harmonie sociale. C’était un mécanisme destiné à réconcilier. Dans la tradition il n’y avait pas de condamnation à la prison.
Mais de nombreuses pressions ont été exercées sur les juges et sur les parties en fonction de la personne à juger et non en fonction des crimes qu’elle aurait commis. Sans avocat et sans respect des principes de base d’un procès équitable, l’harmonie et la réconciliation ne peuvent être imaginées ! Les chambres spécialisées et les juridictions Gacaca n’ont jugé que des crimes commis par le côté hutu mais les crimes commis à grande échelle par le FPR et ses membres ont été occultés.
*Le travail de gacaca a été arrêté en 2002.
Une justice impartiale doit être rendue pour tous.
-Toute critique contre le système de justice est qualifiée de divisionnisme ou de négationnisme.
Le Rwanda reconnaît la DUDH, il a souscrit en 1975 au PIDCP et au PIDSC, en 1981 la CIDE et la Convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, en 2008 le Protocole facultatif au pacte international relatifs aux droits civils et politiques et visant à abolir la peine de mort, la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. Mais il n’a pas ratifié la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées.
Critiques vis-à-vis du gouvernement rwandais
Le Gouvernement rwandais a été très critiqué par des ONG internationales non gouvernementales et par certaines missions diplomatiques dans les rapports sur les gestions des violations des droits de l’homme commises durant ces 25 dernières années. Il lui est reproché de restreindre l’espace politique et l’espace de la société civile. L’opposition n’existe pratiquement pas malgré un multipartiste apparent. Toute personne qui a tenté de créer un parti d’opposition a été accusée de divisionnisme et de sectarisme. Le blocage de la création des partis indépendants pouvant s’exprimer dans un pays où les gens ont peur de s’exprimer constitue une violation des libertés d’expression et d’associations garanties par les instruments internationaux des droits de l’homme que l’Etat Rwandais a ratifié. [ ]
Durant ces 25 dernières années, plusieurs politiques, journalistes, défenseurs des droits de l’homme ont été arrêtés, assassinés ou portés disparus dans des conditions mystérieuses : en octobre 2010, assassinat du Vice-président du parti Vert André Kagwa Rwisereka et du journaliste Jean Léonard Rugambage, en octobre 2018, disparition du vice-président du Parti FDU Inkingi Boniface Twagirimana et le 9 mars 2019, assassinat de l’Assistant de Victoire Ingabire. [ ]
Question mémorielle inclusive et lutte contre l’impunité
[ ] Le régime actuel, au départ et durant la rébellion, prônait le combat contre l’impunité et la corruption pour une bonne gouvernance et pour la dignité gouvernance et pour la dignité de la personne humaine. Après 25 ans de pouvoir les changements attendus sont loin d’être effectifs pour la paix dans le pays. Les causes tant décriées qui étaient à l’origine de la guerre n’ont pas disparus. Des questions mémorielles inclusives se sont ajoutées, qui, en fait ne le sont pas. Toutes les composantes de la population rwandaise (hutu, tutsi, twa) doivent se sentir protégées et comprises. [ ] (Planète Paix de mai 2019)
Femmes solidaires de Saint Malo :
L’association Côte d’Emeraude propose le 15/6 son traditionnel repas africain cuisiné par ses animatrices. Depuis des années cette association marque son soutien au programme gouvernemental rwandais de lutte contre la précarité et pour la réconciliation nationale. L’argent récolté avec les repas sert –comme cela a été le cas à 2 reprises- à l’achat de génisses gestantes qui sont remises à des familles dans le besoin.(Le Télégramme du 12/6)
Parution de plusieurs livres sur le génocide rwandais des Tutsis en 1994.
-La Battante-Renaître après le génocide des Tutsis-François-Xavier Nsanzuwera- Editions Fauves- livre sorti en juillet 2018. 163 pages-15 €-
L’auteur a survécu au génocide .Procureur au Rwanda il a quitté le Rwanda le 23 mars 1995. Avocat général au Bureau du procureur du Tribunal pénal international pour le Rwanda. Depuis 2012 il est le Conseiller spécial de l’ONU pour la prévention du génocide. Il habite la Belgique. Depuis 2003 il se rend régulièrement au Rwanda
Son livre comprend 2 parties.
Dans la première partie F.X. Nsanzuwera nous présente sa vie. Je cite certaines de ses phrases : Je mets en italique des notes pour présenter certains noms cités par l’auteur :
-page 19 : Quand chaque matin mon fils m’embrasse, il me dit qu’il a fait de jolis rêves, il me demande alors de lui raconter les miens. En souriant, je lui réponds chaque fois que les miens aussi ont été beaux, mais que malheureusement, leur souvenir est parti avec les premiers rayons du soleil..
-page 20 : Dans la vie, il y a des femmes et des hommes que l’on croise et qui changent d’une manière ou d’une autre le cours de votre destin.
2 personnes m’ont aidé à recommencer une autre vie après le génocide. Je leur dois une reconnaissance éternelle : feu Alison Des Forges et Adama Dieng.
Alison Des Forges, historienne américaine, membre de HRW est une spécialiste de la région des Grands lacs. Elle a témoigné au Tribunal International pour le Rwanda et a publié « Aucun témoin ne doit survivre ».
Adama Dieng a été greffier au TPIR et depuis 2012 il est Conseiller spécial de l’ONU pour la prévention du génocide.
-page 29 : Depuis la fin du génocide, des livres ont été écrits, des films ont été tournés, des témoignages sont toujours entendus surtout pendant la semaine de commémoration. Chaque année, le monde apprend des aspects jusque-là inconnus de cette horreur. Des amis m’ont demandé d’écrire un livre, d’autres m’ont proposé de raconter mes souvenirs sous forme d’interview. J’ai toujours refusé, hésité, leur promettant de le faire quand j’aurai le temps et pendant 20 ans ce temps m’a manqué. Un jour, mon épouse m’a dit que le temps ne nous appartient pas, qu’il nous est prêté, que je devrais livrer mon témoignage maintenant que je peux le faire. Mais comment écrire quand on a peur de croire en l’avenir ? Comment écrire quand chaque nuit est hantée par le génocide, quand je me réveille au milieu de la nuit... Chaque matin, je me demande alors : « Est-ce cela le prix à payer pour avoir survécu ? »
-page 38 : Je n’oublierai jamais ce matin où j’ai trouvé mon père dans la salle de séjour de ma résidence officielle à Kigali en mars 1994. La veille j’avais participé à un débat sur les antennes de Radio Rwanda avec le préfet de la ville de Kigali, le colonel Renzaho. Le journaliste Bamwanga m’avait accusé de persécuter les Hutus. Ce jour-là, j’avais dénoncé la collusion de certaines autorités administratives et politiques avec les Interahamwe. Mon père avait suivi, ce débat à la radio et s’était inquiété pour ma sécurité. Le lendemain, il avait pris le premier transport en commun pour venir me voir dans la capitale où je travaillais. C’est le dernier jour où je l’ai vu. Il m’a dit : « Mais mon fils, toi aussi tu es une autorité, tu ne peux pas accuser les autorités ». Je lui avais répondu, que j’étais différent de ceux que je dénonçais car ma fonction consistait à défendre les innocents et faire juger les coupables. Je lui ai rappelé une injustice qu’il avait subie quand j’étais jeune. C’est après cette injustice que je lui savais dit : « Un jour je deviendrai juge ».
Deuxième partie :
Le 18 décembre 2018, au TPIR à Arusha, dans le nord de la Tanzanie, FX. Nsanzuwera assiste au verdict du jugement du colonel Théoneste Bugosora, directeur de cabinet du ministre de la Défense en avril 1994. Les journalistes le considéraient comme le « cerveau du génocide », certains médias rwandais d’avant le génocide l’avait surnommé « l’homme de l’Apocalypse ».
Dans la foule qui attend le verdict, l’auteur croise le regard d’Inès. Il se souvient alors qu’ils s’étaient réfugiés ensemble à l’Hôtel des Milles Collines à Kigali...L’auteur et son épouse invitent chez eux Inès et son mari Jean –Claude.
Inès veut raconter son histoire et celle de son mari Jean-Claude. Elle parle toute la nuit. C’est La Battante. Jean-Claude avait religieusement écouté sa femme comme si c’était la première fois qu’il entendait cette histoire. Quant Inès observa une pause il commença à me dire qu’il avait donné des interviews à des médias et à des télévisions étrangères, qu’l avait parlé du génocide, devenu son cauchemar de chaque nuit mais qu’à un certain moment, il avait cessé pour se consacrer à son métier d’avocat. Il s’est alors mis à défendre gratuitement les parties civiles dans les procès du génocide. Il me dit qu’à un certain moment il avait voulu arrêter son activité et écrire des livres sur le génocide et donner des cours sur le sujet dans des universités. Mais il réalisa qu’il était difficile de décrire cette horreur, qui dépasse l’imagination humaine. [ ] Jean-Claude me raconta qu’une amie de leur famille tutsie, que je connaissais bien par ailleurs, avait été tuée avec son mari et leurs 3 enfants. Les Interahamwe l’avaient violée devant sa famille avant de la tuer. Les autres assassins qui étaient arrivés après son horrible exécution avaient violé son corps. Il me dit que ses amis intellectuels hutus et tutsis n’aimaient pas cette histoire. Ils lui disaient qu’un être humain ne peut pas violer le corps d’une personne décédée. Dans son pays d’exil, Jean-Claude s’est fait beaucoup d’ennemis dans la communauté extrémiste hutue qui le qualifie également d’extrémiste. Ils refusent d’accepter que leurs semblables aient pu commettre de telles abominations. Si des êtres humains ont tué des bébés, des femmes enceintes, des vieux, pourquoi refuser d’accepter que certains parmi eux aient commis des crimes que même les animaux sont incapables de commettre ? Il me disait cela comme s’il attendait une réponse de ma part. Je répondis que je le croyais, que je connaissais 2 amies qui avaient subi le même sort, que j’avais appris que les bourreaux avaient mangé des brochettes de la chair de leurs victimes. (pages 103 et 104)
Note de la page 159 : Plusieurs prêtres catholiques furent assassinés pendant le génocide des Tutsis. J’ai une pensée particulière pour notre ami, le Père Patrick Gahizi assassiné au Centre Christus , à Remera ( Kigali) le 7 avril 1994 avec plusieurs autres prêtres jésuites. Si des prêtres participaient au génocide comme l’abbé Seromba, d’autres accueillaient des réfugiés dans leurs paroisses. L’un des cas les plus connus est l’abbé Pierre Ngoga. Ce prêtre a accueilli les réfugiés et leur procura de la nourriture. African Rights écrit que l’abbé P. Ngoga fut assassiné à la prison de Karubanda (Butare) fin mai 1994.
-Ma mère m’a tué-Survivre au génocide des Tutsis au Burundi – Albert Nsengimana en collaboration avec Hélène Cyr. Editeur Hugo+Doc- Traduit du Kinyarwanda- avril 2019. Quelques photos.
« Je m’appelle Albert Nsengimana et j’aimerais vous raconter mon histoire. Je voudrais d’abord parler de ma vie avant l’année 1994. Je pense que cette année est lourde de signification pour nous, les Rwandais, car c’est alors qu’a eu lieu le génocide contre les Tutsis. J’avais à peine 7 ans. »
Vingt-cinq ans après cette tragédie qui aura duré 100 jours et conduit au massacre de près d’un million de personnes, Albert, aujourd’hui âgé de 31 ans, témoigne pour la première fois dans ce document exceptionnel.
Alors que sa mère, une Hutue, a orchestré et accompagné la tuerie de ses propres enfants, qu’elle a pour certains d’entre eux livrés elle-même à des miliciens hutus qui perpétraient les massacres, Albert échappe miraculeusement à la mort.
A travers ce récit qui dépasse l’entendement, Albert a trouvé la force de dire au monde : » Plus jamais ça. » Son histoire démontre la capacité de résilience du peuple rwandais, les difficultés que ce pays doit affronter et la nécessité du pardon à l’heure où les premiers génocidaires sortent de prison...Face à des drames personnels d’une telle ampleur et d’une insoutenable violence, la voie de la résilience est-elle concevable ? ( page de la couverture du livre)
Rappel : au Rwanda comme au Burundi, dans un couple mixte hutu/ tutsi, l’ethnie est celle du père. La mère d’Albert est hutue, son père est tutsi, Albert et ses frères sont tutsis. Les enfants prennent des gènes à leurs 2 parents. Dans ce couple, les enfants considérés comme des tutsis peuvent ne pas avoir le nez fin, la peau plus claire d’un tutsi.
Hélène Cyr est une gestionnaire québécoise qui a décidé de s’installer au Rwanda pour participer à la reconstruction de ce pays. Quand elle rencontre Albert en 2011 elle le prend alors sous son aile et incarne un peu sa mère adoptive.
TV5 Monde a invité Albert et Hélène Cyr-Sur Internet film de 8 minutes 28 secondes. Albert parle en kinyarwanda.
Hélène : au Rwanda il y a quelques couples mixtes. Se marier avec un tutsi c’est un péché, une erreur. Le tutsi est un serpent.
Le journaliste demande à Albert quelles sont les premières atrocités qu’il a vues en 1994. Il répond que son père a été tué, des tutsis on été coupés en morceaux, il y avait beaucoup de cadavres.
You tube de 5 minutes 32 : Alain explique que sa mère est allée en prison. Il lui a rendu visite plusieurs fois. Elle était responsable de la mort de ses frères et de son père. Mais elle reste la personne la plus importante de sa vie. Elle a été libérée en 2004, elle est morte 2 ans plus tard. Il lui a pardonné, il a pardonné à ses cousins maternels. Pardonner mais ne pas oublier. Jamais plus de génocide.
Récit glaçant d’un miraculé.
La dernière fois que sa mère a tenté de remettre Albert aux mains des tueurs, elle lui a ordonné de se laver, accélérant la toilette de son fils, en lui passant du savon sur le corps, avant de le prendre par la main dans la nuit noire et de parcourir quelques centaines de mètres.
Puis, en désespoir de cause, ne trouvant pas les hommes qui pourraient ainsi en finir avec ce « serpent de tutsi », Virginie Nyiramaneng a fini de le lâcher. Non pour lui sauver la vie mais parce qu’elle avait peur de tomber dans une embuscade de miliciens hutus interahamwe et d’être violée.
Il lui faudra des années pour se reconstruire avec l’aide d’une association dans laquelle Hélène Cyr , une québécoise se consacrant à la relève du Rwanda et à la réconciliation de ses habitants. Des passages terribles de ce témoignage feront frémir le lecteur le plus aguerri mais Albert prouve qu’il a pu pardonner sans pourtant oublier cette période terrible.
(overblog A l’écoute des livres du 6/5)
Pages 132 et suivantes du livre :
« Je n’étais qu’un enfant, mais j’étais convaincu que j’avais le droit de me venger de manière exemplaire pour faire payer le fruit du sang à ceux qui avaient massacré ma famille et fait de moi un orphelin. [ ]
Aujourd’hui les Rwandais cohabitent en paix. C’est dans cet esprit qu’on a supprimé les mentions ethniques sur les pièces d’identité. Aujourd’hui, tous les Rwandais le sont sans distinction. Il n’y a plus de Tutsis, il n’y a plus de Hutus. [ ]
Les survivants du génocide contre les Tutsis, dont je faisais partie, entretenaient une haine implacable pour leurs bourreaux hutus et une sourde envie de vengeance. Mais le gouvernement a promulgué une loi stipulant que les individus qui oseraient se rendre justice de façon arbitraire seraient considérés comme des criminels passibles de la peine capitale.
Le fonds FARG a été créé pour aider les survivants du génocide contre les Tutsis et a été utilisé à bon escient. Il a notamment payés mes frais de scolarité, ainsi que ceux des autres enfants survivants du génocide contre les Tutsis. Grâce au FARG, de nombreux enfants dont je fais partie, ont pu fréquenter l’école. Si je n’en avais pas bénéficié, j’aurais probablement fini vagabond ou voleur.
-Rwanda, 1994-La couleur d’un génocide –Diogène Bideri- Ecrire l’Afrique- L’Harmattan -avril 2019- 220 pages avec 2 pages de sigles et une chronologie sommaire de 10 pages-23 €- Préface d’Alain David, bureau exécutif de la Licra-Livre publié avec le soutien de la Licra. Une petite carte du Rwanda et quelques photos.
Diogène Bideri est docteur en droit (université de Strasbourg), rescapé du génocide, actuellement conseiller juridique principal à la Commission nationale de lutte contre le génocide, membre du Comité régional de prévention du génocide de la Conférence internationale sur la région des grands lacs. Il enseigne le droit dans différentes universités du Rwanda. Il a publié en 2008 le Massacre des Bagogwe, un prélude au génocide des Tutsi.
Les maisons et les rues survivent aux guerres et aux génocides. Les endroits et les édifices deviennent avec le temps, des monuments et des témoignages pour l’histoire. Les personnes, elles, sont massacrées. Elles disparaissent. On les oublie.
Mais quelle couleur a le génocide ? Dans la culture rwandaise, « couleur » se traduit par ibara. Ce dernier mot signifie « calamité », « malheur extrême ». Le génocide est sans « couleur », il est ibara : une tragédie diaphane que l’homme inflige à l’homme.
Dans cet ouvrage, Diogène Bideri retrace le récit familial à travers des témoignages des membres de sa famille qui ont survécu au génocide perpétré contre les Tutsi en 1994 au Rwanda. La somme des tragédies individuelles, celle de l’auteur, celles des autres victimes, est la couleur du génocide : une visité à l’intérieur du crime des crimes.( 4e page de couverture)
L’illustration de la couverture est de Bruce Clarke, né de parents anglo -sud africains, artiste plasticien qui a placé à Paris, il y a quelques années des dessins d’hommes debout.
L’auteur, un Tutsi, n’était pas au Rwanda pendant le génocide. Il explique les évènements qui ont précédé le génocide, en 1959, en 1962-1963, en 1990 et 1992.
-Ce livre « La couleur d’un génocide » rassemble des témoignages sur les massacres clandestins de Tutsis jusqu’au génocide de 1994. Il retrace les témoignages des membres d’une famille ayant survécu au génocide. Il revient sur les témoignages de l’auteur lui-même, ceux d’autres victimes pour définir ce qu’il qualifie « de crime des crimes ».
Pour son auteur, écrire sur l’histoire du génocide contre les Tutsi est un outil puissant qui mérite d’être présenté pour montrer la méchanceté des massacres commis contre ces derniers, afin que cette histoire puisse servir de leçon aux jeunes afin que de telles atrocités ne se reproduisent plus. L’auteur a quitté le Rwanda en 1993, peu avant le génocide perpétré contre les Tutsi et qui a coûté la vie à 6 membres de sa famille dont 4 frères et sœurs et leurs 2 parents.
Absent lors des faits, il raconte comment ces derniers ont été brutalement massacrés et revient sur le récit des membres de sa famille qui ont survécu.
Le titre du livre : « La couleur d’un génocide », qui se traduit en anglais par « The colour of genocide » ne signifie pas la couleur ordinaire comme le rouge, le noir ou le blanc, mais décrit plutôt la méchanceté du génocide contre les Tutsi.
« Ce que je voulais dire, c’est que le génocide lui-même est quelque chose d’étrange. La couleur en Kinyiarwanda Ibara, ce qui signifie aussi une grande calamité, c’est quelque chose qui a coûté la vie des gens qui n’ont pas été malades, et qui n’est jamais oublié dans l’histoire de l’humanité. Je sais tout sur la mort de mes parents, de mes frères et sœurs car certains de leurs meurtriers me l’ont raconté ».
Diogène Bideri est l’aîné de sa famille. Son père lui avait raconté comment les Tutsi ont été persécutés à partir de 1959. Entre 1960 et 1979 dans certaines zones du Rwanda des Tutsi ont été tués, à Bugesera et dans d’autres zones il y a eu des massacres en série contre les Tutsi. En 1973 , ils se réfugient chez des missionnaires à Ruhengeri. (Magazine 24 du 16/6)
J’ai longtemps eu peur de la nuit-Yasmine Ghata-Editeur
Robert Laffont-aout 2016- 156 pages- 16 €
Suzanne, écrivaine, anime une fois par semaine un atelier d’écriture dans l’école où elle fut autrefois élève. Pour elle les objets sont des êtres vivants dotés de la vue, de l’ouïe et de la parole. Tout commence lorsque Suzanne, demande à chacun de ses élèves d’apporter un objet de famille susceptible d’illustrer sa vie personnelle. L’un d’entre eux, Arsène, jeune tutsi , orphelin rwandais recueilli par un couple d’enseignants français après avoir réussi à échapper aux massacres qui ont ensanglanté son pays, doit avouer qu’il ne possède rien d’autre qu’une valise qui lui a servi durant sa fuite.
Le sujet réveille une blessure douloureuse. A 7 ans lorsqu’il a fui son village rwandais sur les conseils de sa grand-mère alors que sa famille allait se faire massacrer, il n’emporte qu’une valise ayant appartenu à son grand-père. Sur le chemin de l’exil, cette valise est le seul lien avec son enfance. En dormant replié dedans, elle le protège des animaux, des rôdeurs et des morts. S’enfermer dans cette valise permettait de fuir la cruauté du monde.
C’est à partir de cet objet singulier que Suzanne va le convaincre de lui raconter son itinéraire et de lui livrer le secret de sa jeune existence. L’exercice devient pour Arsène le moyen d’exorciser sa « peur de la nuit » et de renouer les fils d’une humanité dévastée, tandis que Suzanne accomplit son propre rituel du souvenir en revenant, pour un ultime adieu, sur les traces d’un père prématurément disparu. Par la grâce de l’écriture et de l’imaginaire.
Y. Ghata a écrit un texte sensible qui montre que les mots écoutés avec patience et douceur peuvent panser les blessures les plus profondes. (Synthèse de la 4e de couverture et de surlaroutedejosteinlitterrature du 29/9/2016)
L’innommable Agahomanuwa*- Un récit du génocide des Tutsi Adelaïde Mukantabana- L’Harmattan -Ecrire l’Afrique- 29 €- Bruce Clarke : préface et illustration de la couverture (Les hommes debout )
*Agahomanuwa est le mot rwandais signifiant innommable.
Adelaïde Mukantabana habite à Bègles, une banlieue bordelaise, depuis novembre 1994. En 1995, elle a déposé une plainte contre le médecin rwandais soupçonné de participation au génocide sur la colline de Tumba, à Butare, au Rwanda. Membre fondatrice de l’association Ibuka-France « Souviens toi », elle a participé à la création de l’association Cauri depuis 2004, dont elle est actuellement présidente. L’objectif principal de Cauri est de rechercher la vérité, d’informer et de soutenir la mémoire du génocide des Tutsi rwandais.
La mémoire lourde de souvenirs effroyables de la tragédie rwandaise, a conduit Adélaïde Mukantabana à se battre avec les mots de la langue française, à ouvrir les mots du kinyarwanda, la langue rwandaise pour en faire sortir la souffrance et la vie, enfin à se reconstruire douloureusement mot à mot. Seul moyen pour elle de lutter contre l’absence brutale de ses 2 aînés et de tout le reste de la famille massacrée au milieu d’autres tutsi, à Nyange, fin avril 1994.
L’alchimie de l’imagination et de la mémoire se réalisant, elle nous fait traverser toute l’étendue de l’orgie génocidaire dans une narration singulière qu’irriguent 2 veines : l’une historique, l’autre autobiographique. Quand elle démasque les impostures de l’église catholique rwandaise, celles du dictateur Habyarimana, celles de la politique française, et quant elle dénonce la folie exterminatrice d’une bande d’intellectuels du Hutu Power, elle perce à jour de troublantes vérités.
D’une part, dans cette quête du passé le plus secret, le plus poignant, le plus vif de son Moi, elle lance au monde un appel infini à retrouver l’amour de l’humain. La sincérité totale de l’expression et de l’esprit, associée à l’acuité de la perception, donne à ses propos et à son récit une saveur merveilleuse, mais aussi une force capable de réveiller les consciences. (4e page de la couverture)
-Les rescapés ne sont pas nombreux à témoigner, Adelaïde ne se définit pas comme témoin ni même rescapée. Non elle se voit comme un « un échec du plan d’extermination ». Fuyant Butaré (un des sites les plus épargnés du génocide avec ses 2 enfants âgés de 2 ans, en juin 1994, elle arrive à Bordeaux. Durant des années, elle ne dit rien de ce qu’elle a vécu. Elle refuse même de se dire rwandaise tant cette identité est lourde. Elle ne retourne au Rwanda qu’en 2007, sans ses enfants, qui ne savent absolument rien de son histoire. Ce n’est que par le biais de l’écriture qu’elle parviendra à leur parler. En 2016 est publié L’innommable Agahomamuwa-Un récit du génocide des Tutsi. Depuis cette parution Adelaïde M. parle. Et pose chaque fois la même question : mais où était donc le monde au cours de ces 3 mois de Massacre ? Pour elle, le génocide de 1994 n’était inéluctable, ni imprévisible : de nombreuses alertes avaient été lancées. (La République du Centre du 28/3/2019)
-Aujourd’hui elle intervient dans les lycées, dans les collèges, dans les médiathèques. Récemment elle a écrit à E. Macron afin que l’Etat français demande pardon pour son attitude alambiquée lors du génocide. (mediabobask du 5/2/2018)
- Quelques citations que j’ai relevées : pages 29 et 30 : « 8 jours après sa naissance, en concertation avec ma mère sans doute, mon père m’a appelée Mukantabana lors d’une célébration traditionnelle par la famille. Cette cérémonie se fait le 8e jour après la naissance. La famille proche, les voisins, les amis, surtout les enfants, sont conviés. [ ] L’enfant portera le nom que lui donnera son père. [ ] Au Rwanda c’est comme ça, chacun a son nom, on ne porte pas obligatoirement le nom de son père ou de sa mère. Le proverbe : « So intamakwanga akwira nabi » souligne l’importance d’un nom dans la vie. Le nom, ou plus précisément son sexe, influence implicitement la destinée de celui qui le porte, pensent les Rwandais. Ils y croient d’ailleurs, c’est exactement pour cela qu’ils se sentent obligés de donner à chaque enfant son propre nom, pour qu’il ait sa propre destinée et pour quelle soit meilleure que celle de ses parents. Rares sont les familles d’intellectuels ayant eu des contacts avec l’Occident qui donnent leur nom à leur progéniture.
Mutkantabana, approximativement femme dans le combat. Un mois après, baptisée par un prêtre dans l’Eglise catholique je deviens Adélaïde. C’est très rigoureux à l’époque, on fait vraiment baptiser les nourrissons ; sinon, on nous impose quelques années de catéchisme. En 1980 elle devient enseignante .Le 13 juin 1994 elle prend l’avion avec 3 de ses enfants. Elle arrive à Bordeaux. Sa sœur l’héberge, elle ne la croit pas quand elle lui raconte les horreurs du génocide. Finalement elle change de serrure et Adelaïde se retrouve à la rue avec ses enfants. Elle sera aidée par un militant des droits humains.