L'assaut mené mercredi à Saint-Denis par les forces spéciales de la police pour retrouver Abdelhamid Abaaoud, l'un des commanditaires présumés des attentats du 13 janvier, a été marqué par la mort d'Hasna Ait Boulahcen. La jeune femme, âgée de 26 ans, se trouvait dans l'appartement visé par la police et a choisi de se donner la mort en activant son gilet explosif plutôt que de tomber entre les mains de la police.
Peu après la fin de l'assaut du RAID, l'Obs annonce que cette femme kamikaze ne serait autre que la cousine germaine d'Abdelhamid Abaaoud. C'est notamment en exploitant les écoutes téléphoniques de celle-ci que les enquêteurs ont pu remonter jusqu'au commando de St-Denis.
"La femme cow-boy"
Qu'est-ce qui a bien pu pousser Hasna à devenir la première femme kamikaze à se donner la mort sur le sol français ? Originaire de Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine), la jeune femme était à la tête de "Beko Construction", entreprise de BTP basée à Creutzwald (Moselle) où habite son père, désormais en liquidation judiciaire.
Si la jeune femme ne se rendait plus en Lorraine, des habitants ayant eu l'occasion de la connaître expliquent au Républicain Lorrain qu'il s'agissait d'une femme "extravertie" mais "un peu paumée". Si la religion musulmane interdit la consommation d'alcool, Hasna, selon des témoins, dérogeait à cette règle, preuve s'il en est que ses agissements n'avaient que peu de choses à voir avec le respect de l'Islam : "Elle n'avait pas l'air d'une kamikaze, rapporte encore un témoin, et elle buvait de l'alcool. On s'en souvient bien, on l'appelait la femme cow-boy parce qu'elle portait toujours un grand chapeau".
"Je ne l'ai jamais vue ouvrir un Coran"
Néanmoins, Hasna va très vite nourrir une fascination pour le djihad et aurait confié à plusieurs reprises, sur Facebook, sa volonté de rejoindre la Syrie. Selon BFM TV, la jeune femme vouait un véritable culte à Hayat Boumeddiene, compagne du responsable de l'attentat de l'Hyper Casher de Vincennes en janvier dernier, Amedy Coulibaly.
"C'est un lavage de cerveau", a clamé à l'AFP la mère de la présumée kamikaze en évoquant le processus de radicalisation de sa fille, s'exprimant jeudi en fin de matinée, avant la perquisition à son domicile. Le frère d'Hasna, qui a préféré gardé l'anonymat, explique que sa soeur s'est brutalement radicalisée il y a six mois en se mettant à porter le niqab. Il ajoute : "Elle était instable, elle s'était fabriqué sa propre bulle, elle ne cherchait aucunement à étudier sa religion, je ne l'ai jamais vue ouvrir un Coran", a-t-il indiqué à l'AFP.
"Elle contribue à la lutte"
Fatima Lahnait, chercheuse et auteure du rapport "Femmes kamikazes, le jihad au féminin", précise à l’AFP : "L’endoctrinement et l’embrigadement sont tels qu’elle a préféré mourir que d’être arrêtée. Ce faisant, elle contribue à la lutte. Et là, le sexe importe peu. Mais le fait que ce soit une femme va bien entendu multiplier l’impact de son acte sur la société". De son côté, Jean-Michel Decugis, spécialise police/justice d'iTélé explique que Hasna "veut faire le djihad depuis des années. Elle n'est jamais partie en Syrie ou en Irak, mais elle a proposé ses services pour faire des attentats en France".
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