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Publié par La Tribune Franco-Rwandaise

Le président burundais, Pierre Nkurunziza, à Bujumbura le 1er juillet 2015 lors de la célébration des 53 ans d'indépendance.

En négociation jusque tard dans la nuit du 5 juin, ils ont annoncé en fin d’après midi une série de mesures auxquelles devra se soumettre le pouvoir burundais. Aucune réelle sanction n’a été prononcée alors que les élections générales sont censées se tenir le 15 juillet et que les précédentes recommandations, ordonnées lors d’un sommet en juin, n’ont pas été tenues. Malgré le déplacement de plusieurs membres de l’opposition pour tenter de dénouer la situation, les représentants de l’EAC ont décliné l’invitation.

Appel à un report des élections

Marqué par l’absence des présidents kényan Uhuru Kenyatta, rwandais Paul Kagamé et burundais Pierre Nkurunziza, tous néanmoins représentés par leur ministre des affaires étrangères, ce microsommet s’est déroulé en présence de Jakaya Kikwete, le président tanzanien et de son homologue ougandais Yoweri Museveni.

« Nous appelons à un report de l’élection au 30 juillet pour donner le temps au médiateur (Yoweri Museveni) de conduire un dialogue » a annoncé le porte-parole de l’EAC Richard Sezibera.

Lire aussi : Les dirigeants est-africains demandent un report des élections au Burundi

La nomination du président ougandais comme médiateur intervient après une demande du parti burundais au pouvoir, le CNDD-FDD, qui réclamait dimanche une démission de l’arbitre des Nations Unies Abdouley Bathely jugé trop proche de l’opposition. « Je ne suis plus le facilitateur, la discussion est rompue, j’ai transmis les responsabilités aux pays de la région » explique Abdouley Bathely.

Vers un gouvernement d’union nationale

Parmi les mesures entérinées lors de ce sommet, le Burundi devra s’engager à mettre en place un gouvernement d’union nationale après l’élection. Des experts militaires seront aussi déployés pour s’assurer du désarmement des « Imbonerakure », une milice proche du pouvoir.

Lire aussi : Burundi : l’ONU juge les élections communales et législatives « ni libres ni crédibles »

« Satisfait des conclusions du sommet », le ministre des affaires étrangères burundais Alain Nyamitwe s’est dit « rassuré de voir la région prendre ces questions au sérieux, dans la perspective d’aider le Burundi à trouver une solution pacifique et durable ». Concernant le report des élections, le représentant de Pierre Nkurunziza s’est contenté d’annoncer que « le gouvernement ferait de son mieux pour que le pays puisse tenir des élections satisfaisantes pour tous les partis ».

Dans une chambre d’hôtel mal éclairée, située dans un quartier résidentiel de Dar es Salaam en marge du sommet, Jean Minani, représentant de l’opposition, ne cache pas son amertume. « Nous sommes déçus. L’EAC ne semble pas avoir pris en compte la gravité de la situation et les difficultés que traverse le peuple burundais », explique-t-il.

Lire aussi : Le Burundi compte les voix au lendemain de législatives et communales controversées

L’annonce mi-avril d’une candidature du président Nkurunziza pour un troisième mandat jugé anticonstitutionnel par l’opposition a suscité une vague de protestation sévèrement réprimée par les autorités. Malgré une instabilité politique et une tentative de coup d’état avortée, le pouvoir burundais a organisé des élections législatives et communales le 29 juin contre l’avis de la communauté internationale.

« En ne condamnant pas les élections législatives du 29 juin et en ne revenant pas sur le caractère anticonstitutionnel d’un troisième mandat, l’EAC semble aujourd’hui légitimiter la participation de Nkurunziza aux élections présidentielles. Déplacer de 15 jours l’échéance ne changera rien », ajoute Jean Minani.

Alors que l’opposition attendait des sanctions, elle espère aujourd’hui que ces décisions ne seront pas soutenues par l’Union Africaine et l’ONU.

Emile CostardDar es Salaam, Tanzanie
 

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