Par RFI
La police sud-africaine a arrêté l'un de ses membres accusés d'avoir, en échange de pots de vin, falsifié ou tenté de falsifier des preuves dans des dossiers criminels majeurs. Et parmi ces dossiers, il y a l'affaire Karegeya, du nom de cet ancien chef des renseignements extérieurs du Rwanda assassiné dans un grand hôtel de Johannesburg le 31 décembre 2013. Pour la famille de l'opposant rwandais, qui attend toujours que justice soit faite, la nouvelle de l'arrestation de cet agent de la police scientifique et de son rôle néfaste dans l'affaire est la goutte de trop.
La police sud-africaine est bien embêtée après cette nouvelle révélation, et elle tente par tous les moyens de se justifier : « C'était l'expert sur les empreintes digitales, donc il doit se rendre sur les lieux, relever toutes les empreintes qu'il peut trouver et les transmettre avec son rapport à l'équipe chargée de mener l'enquête. Mais ce n'est pas ce qu'il a fait. Ce rapport se trouvait encore dans son bureau, ce que nous ne comprenons pas, c'est pourquoi il ne l'a pas transmis. C'est ce que nous allons essayer de déterminer dans notre enquête interne. Mais je pense fondamentalement que cette affaire n'est pas mauvaise pour l'affaire Karegeya. Les enquêteurs vont enfin pouvoir recevoir ce rapport et avancer », explique Solomon Makgale, le porte-parole de la police sud-africaine.
Ce policier a été dénoncé récemment dans le cadre d'une autre affaire, mais pendant 14 mois, l'équipe qui mène l'enquête sur le meurtre de Karegeya n’a donc pas eu de rapport concernant les empreintes. Un élément qui constitue pourtant un apport important dans une telle enquête. Pour le porte-parole de la police, les officiers chargés du dossier Karageya avaient plus d’une fois alerté sur l’absence de ce rapport : « Ils ont trouvé cela bizarre et ils ont soulevé cette question plusieurs fois. Mais il n'a jamais répondu à ces requêtes. Souvenez-vous, les gens peuvent trouver des tas de raisons pour ne pas avoir transmis un rapport de police. Mais le plus important, c'est que cet homme ait été arrêté, il va être poursuivi et que les preuves vont être transmises aux enquêteurs. »
Pour la famille, c’est l’histoire de trop. David Batenga, le neveu de Patrick Karegeya, est désabusé après ce nouveau rebondissement : « Cela fait 14 mois maintenant et nous disons au gouvernement sud-africain, à la justice et à l'équipe d'enquête que nous ne pouvons plus attendre. Nous sommes effondrés de la manière dont les choses se sont passées ces derniers mois. Nous sommes mécontents de la manière dont l'enquête a été menée. Nous pensions l'an dernier qu'un an plus tard, on aurait la possibilité de faire le deuil, mais les choses vont de pire en pire. Je ne pense pas qu'il y ait vraiment de la mauvaise volonté de la part des autorités sud-africaines. Ce qui me met hors de moi, c'est qu'il existe une main invisible ou disons des forces extérieures, que je ne veux pas nommer, qui essaient de saboter ce dossier. »