SARKOZY ET LE PARTAGE DES RICHESSES DE LA RDC
Le Partage des richesses comme monnaie d'échange pour la paix en RDC ?
Ecrit par : Eugène Bakama Bope
En 2009, lors de sa mini-tournée en République démocratique du Congo (RDC), Nicolas Sarkozy voulait apporter sa pierre au règlement du conflit qui ravage l'est du pays. En fait, il devrait surtout s'employer à dissiper, auprès de son homologue Joseph Kabila, puis devant le Parlement et le Sénat réunis en congrès, le malentendu suscité par l'initiative de paix dévoilée en janvier 2009.
En suggérant un "partage des richesses" entre la RDC et le Rwanda, il avait suscité un tollé à Kinshasa, qui y a vu une tentative d'amputer son territoire et contraint Paris à réduire ses ambitions. Il n'est plus aujourd'hui question d'une exploitation conjointe des ressources minières du Kivu mais de coopérations "pratiques" bien plus modestes.
"Il n'y a pas de plan français, simplement la volonté d'apporter de nouvelles idées", assure-t-on à l'Elysée en niant tout lien entre la démarche du président et ses tentatives de réconciliation avec le Rwanda. "Cette idée de marchandage honteux n'a aucun sens".
Voila un an après, lors de sa visite au Rwanda, Nicolas Sarkozy récidive encore en défendant l’idée d’un partage de richesses entre la RDC et le Rwanda en ces termes : « Tout ce qui fait qu’ils parlent, qu’ils se concertent (Kagame et Kabila ou la RDC et le Rwanda), qu’ils s’organisent, la France le soutient mais ce n’est pas à la France de leur dire comment ils vont faire la paix, comment le meilleur partage des richesses se fera,… » a dit Sarkozy dans une conférence de presse à Kigali, le 25 février 2010.
Ces propos, qui n’ont pas été condamnés par les autorités congolaises qui ont préféré garder silence au lieu de défendre les intérêts du pays, démontrent que le partage des richesses de la RDC reste dans l’agenda de la France de Sarkozy.
Il sied de rappeler que l’immensité de la superficie de la RDC et les richesses dont cette dernière regorge dans son sous-sol constituent le don de Dieu et les acquis de la conférence de Berlin. Les richesses de la France ne sont pas celles de la Belgique ni de l’Allemagne vice-versa.
La RDC et le Rwanda n’ont pas des richesses communes, mais peuvent coopérer dans le cadre des structures régionales comme c’est le cas de la CPGL.
L’organisation étrange des richesses de la RDC ne peut en aucun cas justifier la mise en place d’un dialogue qui pourrait amener le Rwanda et la RDC à partager les richesses qui se trouve dans le sous-sol de cette dernière. Cette idée de Sarkozy risque par contre d’envenimer la reprise de la coopération bilatérale entre les deux pays.
De même, le soutien de l’armée rwandaise pour la neutralisation des FDLR à travers Umoja Wetu ou l’arrestation de Nkunda ne peut justifier un quelconque partage des richesses.
Le territoire congolais et les richesses qui s’y trouvent sont la propriété de la RDC et non une copropriété avec le Rwanda. Certes, la RDC a signé des accords d’exploitation commune du pétrole dans la zone d’intérêt commun avec l’Angola, de même avec l’Ouganda pour l’exploitation commune du pétrole dans le Lac Albert.
L’on peut alors, se demander quelles sont les richesses qui se trouvent à la frontière de la RDC et du Rwanda qui nécessitent un partage ?
Aujourd’hui, tout porte à croire que, l’intervention du Rwanda dans l’opération Umoja Wetu ou dans l’arrestation de Nkunda ne s’est pas faite pour les beaux yeux de congolais mais pour obtenir un partage des richesses de la RDC.
Si le Rwanda est devenu exportateur de certains matières premières dont il ne dispose pas sur sous-sol, c’est aussi par la faute des congolais qui pour atteindre le pouvoir ( AFDL, RCD, CNDP..) se sont appuyés sur le soutien du Rwanda qui forcement avait des intérêts économiques et géo stratégiques.
En définitive, si pour certains, atteindre le pouvoir avec le sang des congolais en main constitue une prime à la capacité de nuire, pour d’autres, l’acquisition des richesses congolaises est le but principal de leur intervention.
La RDC est comparable à cette belle fille, victime de sa beauté et incapable de se protéger et défendre ses avoirs.
Ecrit par : Eugène Bakama Bope
Lundi, 08 Mars 2010
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