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Publié par JMV Ndagijimana

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22/02/10  - 18H07 - Reuters

Par Yann Le Guernigou

PARIS, 22 février (Reuters)

Nicolas Sarkozy effectuera jeudi au Rwanda la première visite d'un président français dans ce pays pour tourner la page d'années de polémiques sur l'enchaînement des événements qui ont conduit au génocide de 1994.
Le chef de l'Etat sera auparavant mercredi au Gabon avec l'ambition de mettre en place avec ce pays, qui compte au nombre des plus fidèles alliés de Paris en Afrique, une relation "modernisée" et "exemplaire" des nouveaux liens que la France veut entretenir avec le continent.

Sa visite à Kigali durera trois heures et marquera l'aboutissement du processus de normalisation amorcé par un déplacement fin 2008 du secrétaire général de l'Elysée Claude Guéant et poursuivi par celui en janvier du ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner. Venant juste après la reprise des relations diplomatiques rompues en 2006, elle doit permettre "d'acter la volonté des deux parties de se tourner vers l'avenir sans pour autant oublier le passé", dit-on dans l'entourage du chef de l'Etat. Le moment fort de la visite sera un dépôt de gerbe au mémorial des 800.000 victimes du génocide. Nicolas Sarkozy n'y prendra pas la parole et n'a pas prévu de présenter des excuses au nom de la France, indique-t-on à L'Elysée, où l'on souligne que le président rwandais Paul Kagamé n'a d'ailleurs rien demandé de tel. Le Rwanda a toujours accusé la France d'avoir une responsabilité dans les événements tragiques de 1994 par son soutien au régime du président Juvénal Habyarimana dont la mort, dans l'explosion de son avion, avait déchaîné les milices hutues contre la communauté tutsie.

Kigali avait rompu avec Paris fin 2006 après l'émission par la justice française de mandats d'arrêts internationaux contre neuf proches de Paul Kagamé, en lutte armée en 1994 contre le pouvoir, dans l'enquête sur la mort du général Habyarimana. A Paris, on fait valoir que Nicolas Sarkozy s'est déjà exprimé clairement sur le sujet lors d'un sommet Europe-Afrique à Lisbonne en 2007, "à savoir qu'il y a eu une responsabilité collective de la communauté internationale" qui n'a pas su intervenir pour empêcher le génocide, et que "la France a eu sa part" dans cette responsabilité.

Dans l'entourage du chef de l'Etat, on indique encore que les autorités rwandaises admettent aujourd'hui que "la justice française a agi de façon indépendante" dans cette affaire.

COMMISSION D'HISTORIENS

Dans une interview au Journal du dimanche, Bernard Kouchner, dont les liens avec Paul Kagamé sont anciens, a suggéré la création d'"une commission d'historiens, pour établir ce qui s'est passé alors". "Si cette proposition est reprise par la partie rwandaise, on l'examinera. On n'est pas fermé sur le sujet", nuance-t-on à l'Elysée. Le sujet devrait être évoqué lors des entretiens Sarkozy-Kagamé, qui doivent servir à "définir les contours des nouvelles relations que nous nous apprêtons à reprendre".

Mercredi au Gabon, un des premiers pays africains où il s'était rendu après son arrivée à l'Elysée en 2007, Nicolas Sarkozy entend également donner un nouveau départ à des relations bilatérales qu'il veut inscrire dans le "cadre modernisé et plus équilibré" d'un partenariat global. Pour l'Elysée, les circonstances s'y prêtent, avec l'élection l'an passé au Gabon d'un nouveau président, Ali Bongo, "jeune, moderne, dynamique, et animé d'une véritable volonté de réformes". Il a succédé à son père Omar Bongo qui, mort en juin 2008 après 41 ans à la tête de ce pays d'Afrique centrale, était une des dernières figures emblématiques de la "Françafrique".Ce concept censé symboliser à l'origine les relations privilégiées entre Paris et ses anciennes colonies du continent noir a pris au fil des ans une connotation négative, ses détracteurs dénonçant l'existence de réseaux d'influence au service de gouvernements contestés. Une des acteurs de ces réseaux, l'avocat Robert Bourgi, sera dans la délégation de Nicolas Sarkozy après avoir fait campagne pour Ali Bongo lors de la dernière présidentielle gabonaise. Dans l'entourage du chef de l'Etat, on minimise l'importance de cette présence. "Les accords qui seront signés sont des engagements beaucoup plus forts que la présence de Monsieur X ou Y dans la délégation", souligne-t-on.

Deux textes seront paraphés à l'occasion de la visite de Nicolas Sarkozy : un plan d'action pour la mise en oeuvre d'un partenariat stratégique global et un accord de défense qui se substituera à celui en vigueur depuis 1960.

(édité par Yves Clarisse)


REUTERS 

 

 

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