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Publié par La Tribune Franco-Rwandaise

   

N.D.L.R. : Le contenu de cet article n'engage que son auteur et non les responsables de ce site.

 

Article de Jean-Paul Habimana*


La politique ne concerne pas un seul homme ou un groupe d'indivudus mais par contre elle (politique) est une activité ou une oeuvre de l'homme par excellence vivant dans la société.  Pour exercer cette activité politique, le peuple a besoin de la liberté totale. Quid le vocable « liberté » qui a été l’objet de la réflexion depuis l’existence de l’humanité ?


La notion de la liberté date depuis la Grèce antique

 

En général, les origines de la liberté datent depuis l’existence de l’humanité. Cependant, cette notion a connu un progrès depuis l’existence de l’homme. De ce fait, elle est officiellement datée depuis la Grèce antique. Chez les grecs, la liberté (eleutheria) désigne actuellement la liberté politique, Rousseau note« La liberté individuelle, je le répète, voilà la véritable liberté moderne. La liberté politique en est la garantie ; la liberté politique est par conséquent indispensable. Mais demander aux peuples de nos jours de sacrifier comme ceux d’autrefois leur liberté individuelle à la liberté politique, c’est le plus sûr moyen de les détacher de l’une, et quand on y serait parvenu, on ne tarderait pas à leur ravir l’autre. » (J Jacques Rousseau, Du contrat social). Le même auteur défend l’idée que l’homme est de manière fondamentale un être libre ; la liberté politique doit viser à garantir la liberté individuelle. En ce sens, aucune forme d’esclavage ou d’oppression ne peut être légitimée, cela veut dire que l’homme libre doit refuser un pouvoir tyrannique et despotique pour tous les moyens possible. Le philosophe Rousseau note  à ce propos « il faudrait donc pour qu’un gouvernement arbitraire fut légitime qu’à chaque génération le peuple fût le maître de l’admettre ou de le rejeter » (Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social, Chapitre IV, p.122).

Le citoyen grec distinguait l'homme libre de l'esclave. Cette dernière catégorie est en dehors de la cité. Pour les grecs, être citoyen veut signifier celui qui participe au gouvernement de la cité. La liberté se définit donc à la fois par un pouvoir, celui de participer aux délibérations et décisions concernant la vie en commun et la justice, et un ensemble de droits sans lesquels cette liberté ne saurait subsister. Mais certains philosophes estiment que l’homme doit jouir de sa liberté quelles que soient ses origines et sa couleur. Il est en fait condamné à être libre. Cependant, les droits de l’homme étaient véritablement bafoués car il n’existait aucun texte légal qui défendait la liberté de l’homme; c’est ainsi qu’au 16ème siècle les revendications de la liberté de l’homme gagnent du terrain suite à la problématique des droits de l’homme au 16ème siècle à savoir la monarchie absolue en France, le centralisme politique de l’Espagne et l’Autriche, la guerre de trente ans et ses conséquences ont été à la hauteur de la revendication de la liberté. Qu’en est-il de la liberté de la presse au Rwanda. Est-ce que les journalistes sont-ils libres ? Est-ce que la loi sur la presse permet aux journalistes de traiter l'information en toute indépendance conformément à la déclaration universelle des droits de l’homme ? La réponse est NON. Les journalistes du Rwanda sont obligés de "renoncer". « Renoncer à sa liberté, c’est renoncer à sa qualité d’homme, aux droits de l’humanité, même à ses devoirs. Il n’ y a nul dédommagement possible à quiconque renonce à tout. » (Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social, Chapitre IV, p. 122.

 

Être libre c’est quoi ?

 

« Être libre c’est faire ce que je veux » : telle est la notion courante de la liberté. Je ne serais donc pas libre lorsqu’on contraint ma volonté par des règles, des ordres et des lois. La liberté et l’égalité sont les piliers de la démocratie. A ce propos, le philosophe français et professeur de Paris 8 au département de science politique, Gérard Mairet note « Égalité et liberté sont les deux piliers de la démocratie.» (Gérard Mairet, Les grandes œuvres politiques, Générale Française, 2009, p.

227). Être libre serait alors la condition naturelle de l’homme, et la société la marque de son esclavage. Pourtant, cette opinion ne semble pas tenable. La liberté désigne l’état de ce qui n’est pas soumis à une contrainte. Ainsi, agir librement veut signifier agir sans contrainte. Cette définition prouve que la liberté est propre de l’homme mais pas pour l’animal. Ce ne sont que les êtres vivants qui peuvent être libre car ils agissent spontanément. Dans le cas contraire, les animaux sont les êtres dépourvus de la liberté parce qu’ils ne font que suivre leurs tendances naturelles et leurs désirs. Les animaux n’ont pas le droit de choisir, de suivre ou de ne pas suivre ses instincts. Pour être libre, il faut avoir une conscience morale de choisir le bien et éviter le mal. Être libre signifie une volonté qui permet à l’homme de choisir et surtout de prendre les décisions personnelles. En règle générale, la liberté désigne la réflexion et la délibération de votre propre volonté ainsi que votre choix. C’est grâce à cette liberté revendiquée depuis l’antiquité qui ouvre le droit d’un citoyen d’être un animal politique sans inquiétude. En quoi consiste cette œuvre politique qui a suscité des réflexions plus poussées au sein des sophistes, des philosophes de lumières et des philosophes contemporains ?

          

Quid de l'œuvre politique ?


Dans son ouvrage intitulé « Les grandes œuvres politiques », le philosophe Gérard Mairet ; enseignant en science politique Paris 8 définit la politique comme une œuvre productrice, ou une activité en tant que telle. Œuvre  signifie une activité productrice ; résultat de l’activité. Ce mot tire son étymologie en latin « ergone » pour dire travail ou activité. Œuvre peut signifier en latin « energeia » pour dire « énergie ou force ». Ce mot veut dire en latin « laboratores » ce qui souffre, classe de travailleurs. Dans la civilisation romaine «  Laboratores » s’oppose à « oratores » ou « ballatores », ces deux mots latins signifient les prêtres et viennent de verbe latin « orare » qui signifie les hommes éloquents donc qui savent bien parler. Œuvre se confond par le travail. Il existe également le travail intellectuel et le travail manuel. Cependant, dans la langue française, le vocable travail tire son étymologie du latin « tripalium » pour signifier instrument de torture à trois pieds qui permet de mobiliser les animaux tandis que la philosophie politique définit le travail comme la négation de la nature c’est ainsi que le philosophe Descartes du 16éme siècle nous apprend que l’homme est capable de faire la nature par son œuvre. Le même philosophe aborde également l’idéologie de pouvoir dominer la nature par l’homme. Dans le sens négatif, le travail est perçu par le labeur. Dans la pensée actuelle, le travail se définit par le libérateur. Cette définition évoque le regard positif de la définition de travail ce qui est contraire dans la pensée antique où le travail était mal perçu et considéré comme l’esclavagisme.

Qu’est-ce que c’est alors une œuvre politique ? Dans le sens philosophique du terme, l’œuvre est conçue comme tout ce qui concerne la cité donc activité politique par excellence. La politique vient du mot latin « politeia » pour dire homme constitutif interne de la cité, la structure de tout ce qui concerne la cité. Qui dit la politique dit la république. Étymologiquement, ce mot vient de deux mots latins « res » pour signifier la chose tandis que « publica » veut dire « public » donc la république se définit la chose publique selon son étymologie latine. Elle est donc une organisation qui n’est pas liée à l’avantage d’un groupe mais de Tous. La politique est l’affaire de Tous. Tout homme est concerné par la vie politique de la société à laquelle il appartient sans distinction aucune. Aristote confirme cette participation de tout homme dans l’activité politique «  L’homme est un animal politique par nature. » Aristote confirme que tout homme est obligé de participer à l’organisation de sa société à laquelle il appartient. Cependant, la majorité des dirigeants africains ne comprennent pas cette philosophie d’Aristote. Les dictateurs africains préfèrent chasser toutes personnes indésirables dans la prise de décision de la vie politique de la cité. Ainsi, vous verrez que dans les pays dirigés par les pouvoirs tyrannique, les premières victimes sont les journalistes, suivis des opposants politiques. Ces deux catégories de personnes quittent leurs pays pour s’installer dans les pays démocratiques. Il est évident que cet homme qui vit en dehors de la cité sera considéré comme une bête ou comme un esclave, Aristote confirme sa pensée en ces termes «  l’homme qui vit en dehors de la cité est soit une bête soit un dieu » La question politique est une question aporie de ne pas être jamais de susceptible à la solution. L’œuvre politique est vouée à une solution. Le philosophe Aristote, théoricien de la constitution fut le premier qui a ressemblé la documentation pour rédiger la constitution « lorsque Aristote à l’entour des années 330 semble la documentation amassée par ses disciples et rédige la constitution des Athéniens. Il s’attache d’abord à rappeler l’importance des réformes de Salon et l’influence de Clisthène après les destructions des tyrannies des Pisitratides » (Simone Goyard-Fabre, Qu’est-ce que la démocratie ? éd. Armand Colin, Paris, 1998, p.35). L’œuvre politique est infinie, elle commence mais ne se termine pas. L’œuvre politique est un combat. On sait quand la guerre commence mais on ne sait pas quand la guerre termine. L’œuvre politique signifie la pensée de Tous. Œuvre politique est ce qui œuvre pour les troupeaux, l’être de tout le peuple ou res publica. La bonne gouvernance est l’élaboration de la liberté de Tous, elle est pratique et généreuse.

 

Qu’en est –t-il la politique au pays des Milles Collines ?

 

Que ceux qui ont des oreilles pour entendre entendent. Il est temps que le peuple africain refuse tous les pouvoirs tyranniques, à l'instar des peuples arabes lors du printemps arabe. Le monde dans lequel nous vivons est un monde plein de liberté et de démocratie, il n’y pas de raison que le peuple africain continue à souffrir pour les intérêts d’un seul homme ou d’un petit groupe ! Il est temps que les dirigeants rwandais donnent la place au peuple de participer à la vie politique, en rendant ainsi à César ce qui lui appartient. Le pouvoir appartient aux peuples car c’est eux qui choisissent et nomment les dirigeants à la tête du pays par le biais des élections. Le gouvernement rwandais devrait donner la chance à des fils et filles de la société rwandaise à participer activement dans la résolution des problèmes qui handicapent le peuple rwandais : accepter le partage des pouvoirs comme une condition sine qua non,

via le dialogue avec les partis opposants et laisser librement les journalistes indépendants faire leur travail honnêtement et objectivement.


*Jean Paul HABIMANA

 

Politologue et journaliste

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