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Publié par Le blog de Jean-Marie Ndagijimana

digitalcongo.net, le 25 février 2013

http://www.digitalcongo.net/article/90040


Deux factions au sein du M23 se disputeraient le leadership du mouvement au regard de l'évolution politique enregistrée avec la signature dimanche à Addis-Abeba de l'Accord-cadre sur la paix, la sécurité et le développement de la Rdc et de la région des Grands Lacs.

Dimanche 24 février 2013 à 19h 05 (heure locale), un groupe de militaires commandés par le colonel Sultani Makenga, recherché par la justice internationale, a tenté de désarmer le président du Mouvement du 23 Mars 2009, dit M23, le pasteur Jean-Marie Runiga à sa résidence de Bunagana, sans y parvenir, indiquent des sources locales.

runiga1Photo Runiga

C'est un autre groupe dirigé discrètement par le général déchu Bosco Ntaganda, un autre officier rebelle recherché par la Cour Pénale Internationale et qui téléguiderait une faction de cette même rébellion, sous le commandement du colonel Baudouin Ngaruye (lui aussi cité dans les rapports internationaux pour crime de guerre à l'est de la RD Congo), qui aurait réussi à extirper Runiga de la menace de Makenga.

Selon des sources sur place à Bunagana, localité située à la frontière avec la ville ougandaise de Kisoro, les habitants ont tous pris fuite vers l'Ouganda voisin craignant pour leur sécurité. Les mêmes sources indiquent que Jean-Marie Runiga aurait été retiré de Bunagana pour s'installer à Rutshuru-centre, chef-lieu du territoire de même nom, située à environ 80 kilomètres de Goma, dans la province du Nord-Kivu.

« Des coups de feu ont été entendus dans la nuit de dimanche à lundi », confirment des sources anonymes proches de la société civile de Rutshuru.

Ces affrontements entre les deux tendances de la rébellion ont causé la mort de 10 personnes parmi lesquelles 8 civils et 2 militaires. Au nombre des civils tués figurent une femme journaliste Tatiana Kahashi, travaillant pour la radio locale La Colombe, elle collaborait également avec une chaine de télévision locale.

Les deux factions du M23 se disputeraient le leadership du mouvement au regard de l'évolution politique enregistrée avec la signature dimanche à Addis-Abeba de l'Accord-cadre sur la paix, la sécurité et le développement de la République Démocratique du Congo et de la région des Grands Lacs.

D'après certaines indiscrétions, le camp de Runiga s'opposerait farouchement à toute intégration au sein des institutions nationales alors que le groupe de Makenga aurait reçu ordre d'obéir au schéma d'Addis-Abeba.

Lundi matin, la situation est restée tendue dans la zone faisant craindre des nouveaux risques d'affrontement entre les mêmes rebelles. Le Rwanda et l'Ouganda (parrains visibles de la rébellion) se seraient impliqués afin de départager les deux tendances jusqu'ici, sans résultat palpable.

Cette situation vient nettement fragiliser une rébellion plusieurs fois accusée de nombreuses exactions sur les populations civiles dans cette région.

D'après le rapport du groupe d'experts de l'ONU, la guerre causée par le M23 avec le soutien du Rwanda, de l'Ouganda et des lobbies internationaux a déjà fait environ 6 millions de victimes.

Dans une interview avec la journaliste belge Collette Brackman à Kigali, le 29 août 2012, le ministre rwandais de la défense, Jems Kabarebe déclarait : « je suis sûr que les militaires rwandais sont plus contrôlés, mieux organisés que les Belges. Si des éléments incontrôlés existent quelque part, ce serait plutôt dans l'armée belge qu'au sein de l'armée rwandaise. L'armée rwandaise est solide, bien organisés, bien commandée, bien disciplinée, des éléments incontrôlés en son sein ne peuvent pas exister… », fin de citation.

Cette nouvelle page de déstabilisation au sein de la rébellion rappelle l'arrestation de l'ex-général Laurent Nkunda le jeudi 22 janvier 2009 à 22h30 alors qu'il fuyait en territoire rwandais après avoir résisté à Bunagana.

« La poursuite des violences dans l'Est de la RDC est le reflet du lourd tribut payé par les victimes en raison de l'impunité qui frappe la région », avait affirmé le mercredi 21 novembre 2012, dans un communiqué, la procureure de la Cour pénale internationale, Fatou Bensouda. Elle avait demandé que Bosco Ntaganda et Sylvestre Mudacumura, deux chefs de guerre visés par des mandats d'arrêt de la CPI, soient « impérativement arrêtés ».

Dans son communiqué, la procureure disait constater que le groupe de rebelles du M23, dirigé, selon elle, par des déserteurs de l'armée congolaise, dont Bosco Ntaganda, avait étendu ses activités armées au Nord-Kivu avant d'occuper Goma. Fatou Bensouda affirmait également que son bureau examinerait des renseignements au sujet des menaces dont les populations civiles font l'objet et des allégations de crimes relevant de la compétence de la CPI.

« Une fois de plus, les civils pâtissent des stratégies politiques et militaires. Ils ne sont que de simples pions aux yeux des stratèges qui soutiennent et financent les groupes armés pour leurs propres intérêts, que ce soit depuis la RDC ou depuis l'extérieur », avait-elle affirmé.

 

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