RDC : Premières “victimes” de l’accord de paix : les rebelles congolais
L’accord de paix global signé à Addis Abeba par onze chefs d’Etat africains, qui, à la fois recommande une réforme de l’armée congolaise et dissuade les voisins du Congo d’encore y soutenir des mouvements armés a déjà entraîné une première conséquence : le mouvement rebelle M23, qui s’était emparé de Goma le 20 novembre dernier, et ne peut plus compter sur d’actifs soutiens venus de l’autre côté de la frontière, semble être sur le point d’imploser. Deux tendances se font face : l’une, menée par le colonel Sultani Makenga, un proche du général Laurent Nkunda toujours retenu au Rwanda, qui était entré en rébellion pour des raisons essentiellement militaires, et l’autre incarnée par le « Bishop » Jean-Marie Runiga et le porte parole du mouvement François Rucogoza, deux personnalités civiles qui avaient mené les négociations de Kampala dans l’espoir, aussi, d’y gagner un meilleur positionnement sur la scène politique. Le général Bosco Ntaganda, toujours visé par un mandat d’arrêt international, serait de leur côté. Il est évident que les trois personnalités précitées ainsi que leurs alliés ont beaucoup à perdre d’un accord global et de l’épuisement de leurs soutiens dans la région : l’étau pourrait se resserrer autour de Bosco Ntaganda, -les Américains ayant même promis 5 millions de dollars à qui pourrait le présenter à la justice- tandis que les négociateurs politiques, qui avaient fait monter les enchères à Kampala et réclamaient même le départ de Kabila, devraient revoir à la baisse leurs ambitions sinon rentrer dans le rang.
Lors de la prise de Goma déjà des divergences étaient apparues : Makenga et les siens, sensibles à la pression internationale, avaient accepté d’évacuer la ville, non sans s’emparer d’un butin considérable, une évacuation que refusait Runiga, qui craignait de perdre là sa meilleure carte.
Actuellement, le colonel Sultani Makenga (qui n’est pas visé par la justice internationale) assure qu’il soutient l’accord de paix global d’Addis Abeba et serait prêt à rentrer dans le rang. Une position qui n’est pas partagée par ses alliés d’hier, toujours soucieux de positionnement politique ou financier.
A terme, cette implosion du M23 ne peut qu’être saluée par Kinshasa, même si plus de vingt morts ont déjà été enregistrés du côté de Rutshuru. Mais dans l’immédiat, des affrontements entre factions peuvent s’avérer doublement dangereux : non seulement l’instabilité s’accroît et les civils sont mis en danger mais le vide qui apparaîtrait dans les régions hier contrôlées par les factions rebelles tutsies pourrait être rapidement comblé par des groupes armés hutus, membres des FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda), que Kigali accuse régulièrement de collaborer avec les forces gouvernementales. Du point de vue des populations civiles, la peste serait remplacée par le choléra…