RDC-France : Kabila et Hollande en tête-à-tête ce mercredi à l’Elysée
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C’est confirmé. Le chef de l’Etat, Joseph Kabila Kabange, s’entretient le mercredi 21 mai 2014 à Paris avec son homologue français, François Hollande. Le site officiel de l’Elysée est même précis sur l’heure : 15 h (heure de Paris). Le tête-à-tête Kabila-Hollande marque un nouveau départ dans le fort engagement de la France aux côtés de la RDC occupée à stabiliser sa partie Est, mais aussi il augure aussi de bonnes perspectives pour l’Afrique centrale préoccupée par la situation sécuritaire en République centrafricaine.
Le chef de l’Etat, Joseph Kabila Kabange, se rendra bel et bien à Paris cette semaine. Sauf changement de dernière minute, c’est aujourd’hui dans la soirée que le président de la République quitte Kinshasa pour Paris (France) qu’il atteindra dans la journée du mardi. Sur le site officiel de l’Elysée, la visite du président congolais est déjà calée pour le mercredi 21 mai dans l’agenda du président Hollande qu’il rencontrera en tête-à-tête à 15h (heure de Paris).
Dans les milieux des observateurs intéressés, l’on ne cesse de s’interroger sur ce que les deux personnalités vont se dire. Aucun document officiel n’ayant jusqu’alors fixé l’opinion sur les points essentiels de cet entretien, les spéculations vont évidemment dans tous les sens.
Dans les couloirs de la diplomatie congolaise, on laisse entendre que les questions bilatérales pourraient dominer le tête-à-tête entre les deux chefs d’Etat. Malgré son engagement déclaré et visible, la France a une faible présence dans en RDC. Une petite contradiction qui devrait être vite évacuée quand on sait que c’est grâce au soutien indéfectible de la France que la RDC a pu arracher au sein du Conseil de sécurité des Nations unies des résolutions qui ont sensiblement changé la donne dans la crise qui ronge sa partie Est. Naturellement, à Paris, Joseph Kabila ne manquera pas d’exprimer au président français toute la reconnaissance du peuple congolais pour le combat de la France en sa faveur.
Puisque dans les relations internationales, tout est dicté par les intérêts, la France pourrait saisir l’occasion de la visite de Kabila pour accroître son influence en RDC. Le premier secteur visé est l’économie où la France est presqu’absente, hormis quelques cas isolés tels que Orange qui opère dans les télécommunications, Total dans le secteur pétrolier, CFAO dans le commerce des véhicules, Bracongo dans le secteur brassicole. La France est également associée dans Sep Congo, entreprise spécialisée dans le stockage et la distribution des produits pétroliers. Dans le transport en commun, c’est la RATP, une entreprise française, qui assure la gestion de l’entreprise Transco.
Si la France garde une présence minimale en RDC, ses échanges commerciaux avec la RDC sont tout autant insignifiants. A Paris, Kabila et Hollande vont tenter d’inverser cette tendance. La France qui a beaucoup fait pour la RDC voudrait aussi se positionner en partenaire privilégié de cette dernière.
Sans doute qu’à Paris, des dossiers gelés tels celui de l’Uranium avec Areva ou de Lafarge avec la Cinat et de Bolloré dans le cadre de la restructuration de la Société commerciale des transports et de ports (SCTP, ex-Onatra) pourraient être réactivés.
Autre atout majeur à capitaliser par Paris, c’est le partage en commun de la langue française avec Kinshasa.
Est-ce que les personnalités pourraient avoir également le temps d’aborder des dossiers sensibles, comme celles liées à la démocratisation, au respect de la Constitution et des mandats présidentiels, au processus électoral et aux droits de l’Homme ? Ce ne serait pas exclu, susurre-t-on dans certains milieux spécialisés. Aussi, après la prise de position de Washington sur le sujet lors du récent passage du secrétaire d’Etat américain, John Kerry, à Kinshasa, Paris pourrait donner de la voix dans ce débat. D’autant que Bruxelles s’est également prononcé dans le même sens que le Pays de l’oncle Sam.
Même si François Hollande ne devait pas s’exprimer publiquement sur la question, dans son aparté avec Kabila, il ne pourrait pas manquer d’aborder la question, ne serait-ce que pour des raisons d’actualité brûlante.
Dossier Grands Lacs
La situation de guerre qui sévit en République Centrafricaine devait vraisemblablement retenir l’attention de deux chefs d’Etat. La France, qui participe activement à la force internationale déployée en RCA, ne cache plus son intérêt de voir ce pays recouvrer une stabilité. Sa proximité avec la RDC oblige les deux personnalités à aborder ce problème. Avec une RDC déjà fragilisée dans sa partie Est, l’embrasement de la RCA pourrait donc déstabiliser toute la région des Grands Lacs.
Il ne faut pas perdre de vue que le déplacement de Joseph Kabila pour Paris vient juste après celui du président angolais, José Eduardo dos Santos. Avec l’Angola aux commandes de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), Luanda passe désormais pour un acteur incontournable pour la paix et la sécurité dans la région des Grands Lacs. De passage dans la région, John Kerry l’avait reconnu ouvertement. Paris ne pouvait donc pas s’en démarquer. La présence de Dos Santos à Paris s’inscrivait d’une certaine manière aussi dans ce cadre.
Néanmoins, nombre d’observateurs voient dans cette succession d’événements, c’est-à-dire Kabila à Paris juste après Dos Santos, l’ombre du pétrole. En effet, dans certains milieux, l’on prédit une médiation française dans le différend qui oppose la RDC à l’Angola sur le plateau continental.
S’appuyant sur la Convention de Montego Bay, Kinshasa réclame la propriété des blocs 14 et 15 dans lesquels Luanda pompe près d’un million de barils de pétrole par jour. Le différend a été porté devant les instances d’arbitrage de l’ONU. Mais en dernière minute, Kinshasa a récusé cette procédure préférant se tourner vers le Tribunal du droit de la mer qui siège à Hambourg en Allemagne. D’où, l’impasse.
Compte tenu de gros intérêts de Total en Angola, la France a décidé, commente-t-on, d’offrir ses bons offices pour amener Kinshasa à aplanir ses divergences avec Luanda. Le passage de Kabila à Paris devait donc être mis à profit par les autorités françaises pour accélérer un accord sur les deux blocs querellés du plateau continental.
Dans tous les cas, une chose est sûre : ce mercredi à Paris, sous le coup de 15 heures, Joseph Kabila s’entretiendra au Palais de l’Elysée avec François Hollande.
Le Potentiel