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Publié par JMV Ndagijimana

Cet article est extrait d'un long commentaire posté en allemand par un internaute qui venait de finir la lecture du livre "Paul Kagame a sacrifié les Tutsi". La traduction en Français est de V. H., lecteur assidu de notre blog à qui nous disons merci.

"Une voix rwandaise

En Allemagne, il n’y a pas de voix rwandaise. Les livres les plus importants sont seulement écrits en français comme celui de JMV Ndagijimana "Paul Kagame a sacrifié les Tutsi" qui vient de sortir cette année. L’auteur, de père Hutu et de mère Tutsi fait une analyse pertinente sur la politique rwandaise : sous le régime de Habyarimana, il était ambassadeur du Rwanda en Ethiopie à partir de 1984 et en France à partir de 1990. Il fut juste après le génocide de 1994 ministre des Affaires étrangères. Après seulement quelques semaines, il démissionna pour protester contre le régime-FPR et partit en exil en France.

Un pays ne peut pas être fondé sur un mensonge et le mensonge sur le génocide est la raison qui pousse Ndagijimana à écrire. Il raconte selon sa propre expérience sur la précipitation principale des événements dont les causes ont été seulement esquissées par Del Ponte. Il commence par les antécédents de l’attaque du 1er Octobre 1990 qui fut soutenue par le président Museveni. De là s’élabora une guerre d’usure pas du tout discernée par la société internationale et qui a conduit à la prise du pouvoir par le FPR. Ndagijimana termine son livre par un aperçu des enquêtes internationales sur les massacres du FPR et des mandats d’arrêt émis par les Justices française et espagnole

Il raconte de façon détaillée sa vie politique à partir de sa 1ere rencontre avec Habyarimana le 28.01.1986. Le président lui a fait comprendre que les ambassadeurs sont au service de tous les rwandais, même ceux qui vivent en exil, pour qui il fallait finalement trouver une solution à leur situation. Cette rencontre a eu lieu juste quelques jours après la prise du pouvoir par Yoweri Museveni en Ouganda. Pour y arriver, Museveni a été soutenu par des Réfugiés-Tutsis qui vivaient en Ouganda depuis 1962. Ces derniers reçurent des places clés dans l’armée ougandaise. En même temps, Museveni rencontra plusieurs fois en secret le prés. Habyarimana. Habyarimana ne se faisait pas d’illusions que Museveni allait rester un allié. Le fait que la mère et la femme de Museveni soient Tutsi, entraîne automatiquement une alliance naturelle à l’ethnie Tutsi. Et l’ambassadeur du Rwanda en Ouganda ne cessait de faire des rapports sur la revanche prônée par les Réfugiés Tutsi vivant en Ouganda.

En 1990 Museveni devient Président de l’OUA. Sous la pression du Président Français Mitterrand, Habyarimana accepta l’ouverture de la démocratie pluraliste. Fin Septembre, une délégation des Réfugiés Tutsi en Ouganda dirigés par Fred Rwigema était prévue pour venir au Rwanda afin de discuter des modalités de retour au pays d’origine.  Au lieu de cette visite, le Rwanda fut attaqué ……

Ndagijimana se penche sur les erreurs commises par Habyarimana, ses fluctuations entre méfiances et tentatives de leur donner « une avance de confiance » - ce qui n’a jamais été récompensé. A la moindre occasion, le président ougandais faisait remarquer qu’il s’agissait d’un conflit interne du Rwanda. Ndagijimana publie une liste de dirigeants de cette attaque sur le Rwanda, indiquant qu’eux tous portaient des uniformes et des armes de l’armée ougandaise et qu’ils utilisaient aussi les moyens de transport de cette même armée. Il signale en bref que la BBC a émis le 01.10.90 à partir de l’Ouganda sur cette attaque sur le Rwanda

Pour le génocide, Ndagijimana culpabilise des forces politiques issues des 2 ethnies, Hutu et Tutsi. Il se penche à plusieurs reprises sur les déclarations officielles de l’actuel ministre des affaires étrangères, Kouchner, qui a rendu visite à Kagame en mai 1994 dans son quartier général au Nord du Rwanda. Ce soutien engagé de Kagame prétend jusqu’aujourd’hui, que tout le génocide ait été exclusivement commis par les Hutus, les Tutsi n’étant que des victimes. Par contre l’ex-Représentant du FPR en Europe, Jacques Bihozagara, a clairement dit, que les Tutsi au Rwanda ont longtemps soutenu Habyarimana et que par là ils ont choisi leur camp, en clair : ils sont libres de mourir

Sur l’attentat du 06.04.1994 de l’avion du Président Habyarimana, Ndagijimana cite plusieurs enquêtes, dont celle de Michael Hourigan. Au départ, le juriste australien avait la permission du Juge R. Goldstone de faire des enquêtes à grande-échelle, y compris l’attentat de l’avion. Il a fait des rapports sur les harcèlements de soldats du FPR subis par son équipe. En Mars 1997, quand Hourigan rencontra à La Haye, Louise Arbour, la successeur de Goldstone, il fut surpris de constater qu’elle avait changé d’attitude sur l’attentat de l’avion présidentiel. Elle qui avait soutenu cette enquête lui ordonna d’arrêter les recherches. Les faits relatés par Hourigan sont aussi repris par James Lyons, le délégué du FBI à l’ONU. Hourigan et Lyons ont témoigné devant le juge Bruguière, tandis qu’Arbour a refusé de faire de commentaires là-dessus.

Maintes fois, Ndagijimana se réfère aux passages du livre du général canadien Roméo Dallaire, qui regrette d’avoir remarqué trop tard combien les Hutu ont été dupés et que le Rwanda avec le génocide fut reporté à la période d’avant 1959. Le Chef de la mission de l’ONU affirme qu’à partir de 1994 des massacres systématiques d’Intellectuels hutu ont été perpétrés par le FPR selon une liste bien établie : les cibles étaient des Bourgmestres, des médecins, des agronomes etc.…

Vu toutes ces manœuvres politiques dénoncées par Ndagijimana, vu l’inefficacité à rendre justice du Tribunal de l’Onu décrite par Del Ponte, l’espoir pour une justice internationale pour les Hutus est très difficile à concevoir. Le Président Obama a lors de son passage au Ghana dit que les africains doivent prendre leur propre destin en main. Mais nous devons veiller à ce que la loi internationale occupe effectivement la place qu’elle mérite.

 

« Déclaration des droits de l’homme de 1948 »

Art. 28 : Chaque être humain a droit à un ordre social et international, ………………………."

 

Traduit de l’allemand par V. H.

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