Nord-Kivu : Divisions meurtrières au sein des rebelles congolais du M23
Au lendemain de l’adoption d’un plan de paix global pour l’Est du Congo, proposé par les Nations unies à Addis Abeba et ratifié par les chefs d’Etat de la région dont les présidents Joseph Kabila et Paul Kagame, des affrontements qui ont éclaté au sein du mouvement rebelle M23 se sont soldés par une vingtaine de morts. Les heurts ont opposé deux factions : l’une dirigée par le chef militaire, le colonel Sultani Makenga (un proche de Laurent Nkunda) et l’autre par le porte parole politique Jean-Marie Runiga. Ce dernier serait soutenu par le général Bosco Ntaganda, qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt international.
L’accord-cadre onusien divise profondément les rebelles. Depuis longtemps, le colonel Sultani Makenga, qui dirige les opérations militaires, avait fait savoir qu’il était prêt, en cas d’accord au plus haut niveau, à rentrer dans le rang et à cesser les hostilités. Par contre, le pasteur Jean-marie Runiga s’était investi dans les négociations politiques de Kampala qui, durant deux mois, avaient, sans résultat, mis face à face à face une délégation du mouvement rebelle et des représentants de Kinshasa. En Ouganda, les porte parole politiques des rebelles avaient dépassé de loin les revendications initiales du mouvement, d’ordre purement militaire, et ils avaient récupéré plusieurs thèmes de l’opposition politique congolaise (contestation des élections, assassinat de Floribert Chebeya…) allant même jusqu’à réclamer un changement de régime. L’accord d’Addis Abeba a rendues caduques ces revendications maximalistes (même si certains points de gouvernance mériteraient d’être examinés dans un autre contexte…)et court circuité certaines ambitions politiques…
Même si le M23 campe toujours aux portes de Goma, ces divisions affaiblissent considérablement le mouvement et une médiation rwandaise n’aurait donné aucun résultat.
Runiga s’étant réfugié sur la ville fontière de Bunagana, de nombreux déplacés ont fui en direction de l’Ouganda. Quant à l’armée gouvernementale, elle a renforcé ses effectifs et affecté dans d’autres régions du pays certains de ses officiers originaires du Nord Kivu.