Mali: le Haut conseil islamique accorde son soutien sans faille à l'opération armée
Mahmoud Dicko, le président du Haut conseil islamique, au stade du 26-Mars, à Bamako, le 12 août 2012.
REUTERS/Adama Diarra
Par RFI
L'opération française Serval contre les islamistes au Mali est entrée dans son treizième jour ce mercredi 23 janvier 2013, tandis que le déploiement des forces africaines se poursuit, avec un premier contingent burkinabé attendu aujourd'hui à Markala et à l'Est, des soldats tchadiens en provenance du Niger. Dans ce contexte, le Haut conseil islamique est sorti de son silence. Institution clé de la société malienne, il ne s'était pas exprimé depuis le début de l'intervention française.
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Depuis le début de l’intervention militaire française, des voix de journalistes ou de prédicateurs se sont élevées dans certains médias de pays arabo-musulmans. C’est par exemple le cas en Tunisie, en Egypte ou encore en Mauritanie. Des voix pour qui l’intervention militaire française serait une agression contre les musulmans.
Mais pour Mahmoud Dicko, imam et président du Haut conseil islamique du Mali, cette perception est erronée : « C’est le contraire. C’est la France qui a volé au secours d’un peuple en détresse, qui a été abandonné par tous ces pays musulmans. Et nous parler aujourd’hui de croisade ou je ne sais quoi, c’est vraiment quelque chose que nous ne pouvons pas accepter, en tant que responsables musulmans du Mali ».
Pour le Haut conseil islamique, l’intervention militaire ne serait pas une croisade anti-islam, mais au contraire, une guerre destinée à libérer un pays à plus de 90 % musulman.
Aussi, dans la campagne de dénigrement dénoncée par le Haut conseil, Mahmoud Dicko croit-il voir des intentions bien particulières : « Nous sommes obligés, vu cette campagne, d’analyser très sérieusement la chose, et pour savoir si certains pays ne sont pas derrière. Mais je pense à des pays comme le Qatar, parce que la personnalité la plus influente du monde musulman qui a eu à dénoncer cette intervention se trouve aujourd’hui au Qatar ».
– « Al-Qaradaoui ?… »
– Voilà.
Le Qatar, déjà cité comme une possible source de financement des groupes islamistes armés qui occupent le nord, serait donc à l’œuvre. Le président du Haut conseil conserve encore un conditionnel de rigueur, mais déjà, il dénonce.
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Conséquence de l'avancée des troupes françaises sur Gao et Tombouctou, les islamistes se seraient repliés vers Kidal, dans l'extrême nord-est du pays, près de la frontière algérienne, à 1 500 kilomètres de la capitale, Bamako. Ce repli a entraîné la fuite d'une partie des habitants de Kidal.
« Dans la panique, Kidal s’est partiellement vidée. La ville est quasiment morte », explique un commerçant qui raconte : « Les familles habituées au nomadisme sont parties en brousse, d’autres vers Bordj, en Algérie ».
« Les jihadistes se sont également dispersés », ajoute un jeune étudiant.
« Les combattants natifs de Kidal sont encore présents, mais quasiment invisibles. Ils n’ont pas fui, ces hommes sont très rusés. Il ne faut pas crier victoire », explique un doyen, qui poursuit : « Tout le monde a peur, à la fois des bombes de la France, des représailles de l’armée malienne, si elle vient ici, mais aussi des jihadistes. Car si la pression et l’application de la charia sont moins fortes, ce sont les combattants qui tiennent toujours Kidal ».
« Aucun homme n’a osé couper sa barbe, aucune femme n’a enlevé son voile, personne n’écoute de musique », affirme un berger de passage.
« On sent quand même que la contre-attaque française a semé la panique dans leurs rangs », témoigne un chauffeur. « Ils font tout pour montrer qu’ils ne sont pas en perte de vitesse. Mais certains nous ont déjà avoué qu’ils avaient quitté Ansar Dine. Vendredi dernier, des habitants de Kidal se seraient même permis de moquer ces jihadistes qui ont refusé d’aller prier dans leurs mosquées, par crainte de frappes aériennes ».
Un doyen en sourit : « Ces fous de Dieu affirment en permanence n’avoir pas peur de la mort, mais là, on a tous vu qu’ils n’avaient, finalement, pas beaucoup de courage ».