LE DOSSIER DU DR SOSTHENE MUNYEMANA EST VIDE !
Publié le 16/06/2010 08:05 | J.F.
Accusé de génocide, le médecin rwandais fixé en octobre
Il est 10h45 lorsque le docteur Sosthène Munyemana apprend la nouvelle, dans les locaux de « La Dépêche du Midi ». La chambre d'instruction de la cour d'appel de Bordeaux a décidé de renvoyer au 7 octobre prochain sa décision concernant la demande d'extradition de Kigali à l'encontre du médecin rwandais, accusé d'avoir participé au génocide de 1994. Sur le visage du médecin urgentiste, la déception est perceptible : « Ils ne se rendent pas compte de ce qu'est la vie de quelqu'un qui n'est pas libre. Je ne suis pas libre car je suis sous contrôle judiciaire… Les pièces envoyées par les autorités rwandaises ne précisent pas les dates, les lieux, les circonstances, le contexte. Lors de ce génocide, il y a des faits évidents, et on y a collé un nom. Je n'accepte pas qu'on en fasse un fourre-tout. On dilue le génocide ». Sosthène Munyemana de raconter son parcours pour se défendre, commencé il y a 15 ans, en 1995. Au fil des années, il constitue son dossier. Sosthène montre plusieurs documents, qui amènent des interrogations dans cette affaire : la mise en garde d'Amnesty International sur le « parti pris » d'African Wrights, auteur d'un rapport en mars 1996 incriminant le médecin rwandais. « Un des deux auteurs a évolué avec le Front patriotique rwandais tout au long de sa collecte d'informations. Des choses auraient été monnayées, souligne-t-il, sans dévoiler toutes ses cartes, mais en montrant une lettre d'un ancien ministre rwandais. Quant au document attribué au Haut Commissariat-centre pour les Droits de l'Homme, subtilisé dans les locaux de la délégation de l'ONU en 1995, il ne comporte pas les sigles et emblèmes officiels. C'est un faux ». La longue attente continue pour Sosthène Munyemana. « La non-extradition n'empêchera pas le débat sur le fond », conclut-il.
Deuxième et dernier renvoi
Le président de la chambre d'instruction a indiqué : « C'est le deuxième et dernier renvoi. En toutes hypothèses, l'affaire sera examinée sur le fond en octobre ». Le 3 juin, l'avocat général avait requis « de renvoyer l'affaire en octobre » afin de permettre de répondre aux demandes de la justice française. L'avocate de Sosthène Munyemana avait affirmé que son client ne pourrait bénéficier d'un « procès équitable dans son pays », rendant son extradition impossible.
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